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Carré

Par Balder

pave-rue-dessin-abstraitDanse au pieds nus d'une femme automnale, quartier Vincennes, porte et châteaux, sirop de menthe et eau gazeuse, désinfectant de circonstance. Un bar tabac, trois carré plus loin, le peuple en vie soutient la rue, ce n'est pas elle qui s'éloigne d'un pas altéré par la concurrence. Perdue de vue depuis vingt ans, au pied de la citadelle, elle réapparaît aujourd'hui en octobre mouillé d'une année équivoque, sans trop de différences avec, avant. Elle entre crispé, craintive dans la tour, l'ancienne geôle, les épaules s'agenouillent sous un épais manteau abricot vert, s'enclenche l'impossible poursuite dans les douves exagérées des souvenirs. Ne rien faire, attendre qu'elle ressorte, chercher à l'appeler lui pendant ce temps, dire l'objet de la visite, la persécution des regrets dans l'abat jour du bas ventre, s'aligner convaincu sur le banc de cet abri bus et attendre la naissance probable de l'hiver. Ici il reste des pavés carrés dans la salle des fêtes de la rue, aux angles mous des feuilles mortes, près de la remise nébuleuse où s'entassent les ossements des victimes des chats.  N'est ce pas cet œil, quitter plus haut dans cette rue plate, du vieux Nogent qui mélange aux détriments du réel, les attraits obsédants de l'abstaction. Chercher une cabine à pièces, celle d'avant n'existe plus, entrer dans le gris de ce café, poindre son silence près du comptoir efficace, pour s'accouder un peu aux précipices des envies troublantes, laisser passer la barque au fond parcheminée par le regard lourdaud des eaux stagnantes aux panoplies d'oranges amères, dissoudre l'espace dans la dégustation silencieuse, l'olombre dorée d'un vieux whisky.

Balder


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