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Stavanger, capitale européenne de la culture en 2008

Publié le 25 février 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Christmas 2005 Stavanger, Norway

Et si la culture devenait le chemin le plus court chemin vers l’Union Européenne ?


Deux villes ont obtenu ce titre, Liverpool et STAVANGER.

Aujourd’hui coup de projecteur sur cette jolie ville portuaire de Norvège, qui ouvre sa route vers les fjords.
Une capitale culturelle à port ouvert, une ville « open port » au royaume des fjords, est le concept lancé à cette occasion. Une déclinaison de cette ouverture avec « Open Ears » (« oreilles ouvertes ») illustré par l’organisation de plusieurs festivals de musique, ainsi que l’occasion de lancer la première édition du « Bocuse d’Or Europe », manifestation qui récompense un jeune chef, et qui célèbrera ses 20 ans en 2008.
Située au sud-Ouest de la Norvège. Stavanger, 4e ville de ce pays compte 120 000 habitants. La Norvège a refusé l’adhésion à l’union européenne à deux reprises par référendum (1972, 1994).  Néanmoins, elle appartient à l’espace Schengen depuis 1996 : puisque les Européens n’ont besoin ni besoin de visa ni de passeport pour s’y rendre. Stavanger inaugure en fait le statut de « ville associée » pour un pays tiers.
Les Siddis (habitants nés à Stavanger qui parlent le dialecte et dont les parents y sont nés) se réjouissent de cette ouverture. Ils se saisissent  de cette occasion pour lancer un concept : « Open Port » (Port Ouvert) : qui illustrera les actions de l’année.
Un port, c’est la rencontre des parfums, des goûts, des couleurs, le croisement des navigateurs, des marchands. La vie de la ville a toujours tourné autour de ce port : cité commerçante au XVIIème siècle, elle s’est ensuite spécialisée dans la conserverie, notamment de sardines, avant que la découverte d’un premier gisement pétrolier en 1969 (‘Ekofisk’) ne transforme la ville en « Klondike d’Europe ». Ces deux univers se superposent aujourd’hui : bateaux de pèches, tankers se croisent et se saluent. Ce mélange de traditions et de modernité, d’ouverture et de spécialités locales, on le retrouve tout au long de l’année.
Dans le domaine musical avec le Festival International de Musique de Chambre du 11 au 17 août, le festival de jazz annuel Maijazz du 6 au 11 mai. « Open Ears » (« oreilles ouvertes ») déclame-t-il : cinq projets musicaux seront voués à faire connaître de jeunes musiciens de jazz, en plus de la présence d’artistes tels Paco de Lucia ou John Scofield. Dans un style plus expérimental, le festival Numusic/Nuart aura lieu du 5 au 9 septembre. Début novembre, on termine ce tour d’horizon musical « back home » avec la Semaine de la Musique Nordique (‘Nordic Music Week’) du 5 au 9 novembre dont l’objectif est de lancer de nouveaux talents. Cosmopolitisme, donc.
Et ce même pour les amoureux de la cuisine. Ainsi, le Bocuse d’Or, qui récompense un jeune chef, y célèbrera ses 20 ans les 1er et 2 juillet en profitant de l’occasion pour lancer la première édition du « Bocuse d’Or Europe ». Mois de juillet culinaire puisque le festival Gladmat (« nourriture heureuse ») du 23 au 26 juillet aura pour objectif de faire découvrir les traditions de la région. Les exemples de cette nature sont légions, mais une initiative a surtout retenue mon attention : quatre compagnies d’origines culturelles et géographiques pour le moins hétéroclites vont animer des ateliers tout au long de l’année : la compagnie de dance originaire de Tel-Aviv, « Inbal Pinto », le groupe d’opéra expérimental belge « Transparant », la compagnie théâtrale « Oskuras Korsunovas » de Lituanie et enfin l’atelier « Handspring Puppet » d’Afrique du Sud. Chacun d’eux travaillera avec des artistes locaux afin de créer de nouvelles pièces, de nouvelles œuvres. Quelques 1000 évènements agrémenteront ainsi ces festivités tout au long de l’année dans tous les domaines. 2008 et après ?
Néanmoins, derrière toutes ces initiatives, on se demande toujours, critiques et suspicieux que nous sommes : pourquoi ? Pourquoi une ville comme Stavanger organise un évènement dont le budget n’est pas anodin (38 millions d’€uros pour l’année) au-delà du seul aspect culturel ? À la différence de Liverpool, la ville est riche, le taux de chômage de 1% fait rêver, les capitaux étrangers sont déjà là grâce aux ressources naturelles et l’ensemble de la population en profite. « Ka ta ittepa ? » (Et après ?) se demande ainsi un groupe d’artistes locaux.
Qu’en sera-t-il du soutien à ceux qui font vivre la culture ? En 2005, soit un an après la nomination de Stavanger, a été lancé le projet « Stavanger 2018 » avec pour objectif d’attirer l’attention sur le besoin d’infrastructures pour pérenniser le soutien aux arts visuels dans la région sur le long terme sans pour autant s’opposer aux festivités. Ce mouvement s’est depuis étendu à d’autres disciplines pour éviter que 2008 ne soit une parenthèse d’illusions.
L’architecture, elle, n’en aura pas besoin, grâce au projet « Norvegian Wood ». Derrière ce code se trouve un concours auquel ont participé des architectes de renom afin élaborer 15 constructions fonctionnelles (des logements, des crèches, des ponts…) construites en bois et conformes aux critères très stricts de protection de l’environnement. Elles resteront après 2008 et profiteront à ce qui est déjà la plus grande ville d’Europe en bois. Pour la petite histoire, (très liée à la grande) Stavanger située au sud ouest de la Norvège a échappé à la destruction lors de la retraite allemande en 1944 et a pu conserver ces maisons en bois du XVIIIe et XIXe siècle qui font désormais le charme du centre ville.
Stavanger, port d’attache de l’Union ?
Ce titre, cette ouverture, cette gratification de capitale européenne de la culture pour 2008 est peut-être un pas supplémentaire vers la démystification de l’Europe?
Serait-ce une possibilité d’une étape transitoire avant l’intégration ? Serait une motivation inavouée, inavouable de cette attribution, tant convoitée, par des villes comme Strasbourg, par exemple ?
Toujours est-il que la démarche participe en creux d’un mouvement pro européen. Pendant un an, les habitants vont se familiariser, pas tellement à l’ouverture puisque 8% de la population de Stavanger est d’origine étrangère (ce qui représente un taux élevé en Norvège), mais à la possibilité de créations interculturelles, et plus seulement économiques avec l’Europe. Rappelons que la Norvège n’a accédé à l’indépendance qu’en 1905, en se séparant à l’amiable de son tuteur suédois, et a été occupé par les troupes allemandes pendant la guerre.
Depuis, son niveau de vie est devenu le plus élevé du monde. Dès lors, l’entrée dans l’Union européenne semble superflue et surtout risquerait de mettre en danger le secteur agricole fortement subventionné. Un accord de janvier 2004 a déjà permis de résoudre les réticences des pécheurs.
Et si la culture devenait le chemin le plus court chemin vers l’Union Européenne ?
Voir en ligne : Le site officiel de Stavanger 2008 Crédit photo : Elin B/FlickR 

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