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Une proposition à faire à la Chine

Publié le 17 octobre 2011 par Lecriducontribuable
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Ce n’est pas la mondialisation qui est la première responsable du déclin français. C’est l’impéritie des dirigeants politiques français, depuis trente ans.

Le marqueur de ce déclin est la dégradation continue – et qui s’accentue – de notre balance commerciale, aussi bien avec les autres pays de l’UE qu’avec les pays émergents (ou non), Chine et Inde compris.

Or la concurrence de ces derniers s’exerce à l’égard de l’ensemble des pays occidentaux «matures». Et, contrairement à nous, beaucoup d’autres pays, dont plusieurs sont nos voisins, aussi bien l’Allemagne que les Pays-Bas, la Suisse, la Belgique, l’Autriche, la Finlande, le Danemark, la Norvège où la Suède… profitent de cette mondialisation, et même, pour plusieurs d’entre eux, ont une balance excédentaire avec l’épouvantail chinois !

On dira : «Les Suisses ne sont pas des Français». Mais sait-on que les entreprises suisses fonctionnent avec 70% de cadres expatriés, dont beaucoup de «Français». Ni le déclin, ni la prospérité ne sont génétiques…

Ces pays ont tout simplement été mieux gouvernés, depuis longtemps. L’Etat-providence est mieux géré et contrôlé ; la sphère publique est réduite ; la durée du travail est plus longue ; le budget est moins déséquilibré ; le laxisme à l’égard de l’immigration d’assistanat est moindre.

Si, sur ces différents points, en particulier sur celui de la réduction du volume de la sphère publique et de l’étendue de l’Etat-providence, notre pays avait été plus raisonnable, les plaintes populaires contre la mondialisation seraient en sourdine.

C’est donc de la faute à tous ceux qui ont si mal gouverné depuis 30 ans ! Ils sont à la fois responsables du déclin français et de l’émergence de ce courant irrationnel des partisans de la démondialisation, de droite comme de gauche.

Il faut aussi bien voir que les salaires, mêmes très bas, sont rarement à eux seuls, un facteur déterminant d’avantage compétitif. Sauf peut-être pour les produits basiques, à faible valeur ajouté. Car les autres produits ou services intègrent une part importante de matière grise et de savoir faire. Si les Suisses «gagnent à la mondialisation», c’est parce ce qu’ils vendent leurs produits (mécanique de précision, en particulier) à des prix élevés, avec de bons profits, tandis qu’ils achètent de moins en moins cher, à des entreprises qui se doivent raboter leurs marges.

De tous les arguments des protectionnistes, un seul est recevable.

Les Chinois contrôlent leur monnaie et son taux de change. Le prix du yuan est au quart ou à la moitié de sa valeur. L’essentiel de leur avantage comparatif vient de cette manipulation.

C’est au moment où la Chine frappait aux portes de l’OMC qu’il eut fallu exiger la libre fixation de la valeur d’échange du yuan.

Maintenant, c’est bien tard. L’affaire qui était économique est devenue politique.

En toute logique, les anti-mondialistes devraient se joindre aux Etats-Unis pour faire pression sur Pékin et les pousser à une réévaluation plus rapide du yuan…

Mais un tel comportement supposerait que ces «démondialisateurs» aient une conception libérale (version autrichienne) de la monnaie, à savoir que celle-ci est une marchandise comme une autre, dont le prix, la quantité, et même les caractéristiques, ne peuvent être fixés autoritairement, par quelque gouvernement ou banque centrale que ce soit.

Pour remettre Pékin à sa place, sur le terrain du commerce international, il faudrait commencer par lui dénier le droit de manipuler sa monnaie, s’il veut continuer à figurer à la table des échanges commerciaux internationaux libres.

Mais voit-on M. Mélanchon, M. Montebourg, ou même Marine Le Pen, lui contester ce droit, alors qu’ils prétendent en user eux-mêmes s’ils arrivaient au pouvoir ?

Une autre solution serait possible, qui aurait l’avantage d’être sans doute acceptable par la Chine.

Engager avec elle la nécessaire et urgente réforme monétaire internationale.

Non pas en créant une nouvelle unité monétaire, DTS ou autre. Non pas en décrétant que l’euro ou le yen viendraient s’ajouter au dollar comme monnaies de réserve.

Mais en appliquant la recette déjà avancée par le professeur Hayek dès 1977 («Dénationalisation de la monnaie») : laisser les monnaies se faire librement concurrence entre-elles. En ajoutant à toutes ces monnaies de banques centrales celle qui, silencieusement, attend son heure : l’or, support référent par excellence de la monnaie libre, de la banque libre, plébiscitée par 3 000 ans d’histoire !

Mais voit-on M. Mélanchon, M. Montebourg, ou même Marine Le Pen, rendre hommage à ce que Lord Keynes – l’économiste le plus nuisible du XXème siècle – appelait la «relique barbare» ?

Alain Dumaitwww.dumait.fr

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