Les dirigeants de la FECAFOOT et ceux du MINSEP sont en train de négocier avec Denis Lavagne, le manager de Contonsports, afin qu'il prenne place sur le banc des Lions Indomptables.
Le départ de Clemente est ainsi acté.
Commençons par signaler que, dans l'histoire récente, on ne s'est jamais trompés ici :
* on a salué l'arrivée de Paul Le Guen, et on a alerté en vain sur les dérives du même Le Guen dès la qualification à la CM acquise. Malgré ces avertissements, rien n'a changé, et la Coupe du Monde fut un fiasco.
* néanmoins, on avait demandé, contre le mouvement de rejet général, le maintien de Paul Le Guen. Après avoir vu ce qu'il avait vu pendant la préparation et le déroulement de la Coupe du Monde 2010, il ne pouvait que réussir par la suite. Mais la Fédération avait urgemment besoin d'un bouc émissaire...
* on a rejeté dès la première seconde Clemente, en prédisant déjà que son bilan serait mauvais, ce qui s'est vérifié.
Or donc, voici que s'annonce Denis Lavagne.
A priori, le manque d'expérience du technicien français au niveau international et ses liens avec Iya Mohamed sont autant de points faibles pour lui, qui ne font pourtant pas le poids face aux atouts (relatifs) qu'il possède :
- il vit et travaille au Cameroun depuis 4 ans. On a donc la garantie qu'il ne rechigne pas à habiter notre pays, si naturellement beau et si mal équipé en infrastructures. On peut espérer qu'il continuera à vivre sur place. Ses patrons devraient en tout cas insister sur ce point ;
- il a écumé tous les terrains de football sur lesquels se dispute le championnat camerounais, y compris certaines villes abonnées à la deuxième division (lors des matches de coupes). Ce serait le premier entraîneur, depuis Claude Leroy, qui pourrait se targuer d'avoir été aussi bien à Douala qu'à Nanga-Eboko ;
- dernier argument : Lavagne n'est pas Guardiola, mais cela n'a aucune importance, puisque l'équipe actuelle a moins besoin d'un grand stratège que d'un sélectionneur capable de ramener la sérénité et la régularité qui sont les seules conditions des futures réussites.
Car, au fond, beaucoup de choses ont changé au sein des Lions Indomptables sans que l'on ne s'en rende forcément compte. Depuis les exploits d'Eto'o au FC Barcelone, les fondements de notre jeu ont amorcé une mue qui s'achève en ce moment, et qui nous aura fait passer du "kick and rush" au "toque" ou en tout cas à un style qui tente de s'en rapprocher.
Paul Le Guen s'y était inscrit, avant d'hésiter et de ramener notamment Idrissou. Clemente, avec le départ à la retraite de Geremi, n'avait pas le choix : il a continué à travailler pour donner aux Lions Indomptables les qualités techniques nécessaires pour tenter de ressembler au Barça. C'est à l'aune de cette politique que Joël Matip et son mètre 92 ont dû laisser la place à Landry Nguemo, qui est en train de révéler tout son potentiel en ce moment.
La question actuelle est donc de trouver un entraîneur compatible avec ce mouvement dont on peut penser ce qu'on veut, mais qui est irrésistible, car c'est l'équipe d'Espagne et non celle d'Allemagne qui donnent aujourd'hui le la du football mondial. Or, l'entraîneur qui a donné son âme au jeu très technique de Cotonsports est tout à fait désigné.
Sans vouloir lui faire injure, on peut aussi apprécier que ce ne soit pas un grand nom du football mondial, car l'équipe a surtout besoin, en ce moment, de travailler sur son fond de jeu. Et on sait que l'ego de son capitaine supporte rarement les personnalités concurrentes : il faut soit le dominer, soit s'en arranger. En clair, c'est Mourinho ou Lavagne.
Et Mourinho n'est pas disponible.