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Maître Eckhart : Motivation dans la recherche de Dieu

Publié le 20 octobre 2011 par Unpeudetao

   Maître Eckhart demande pourquoi les gens sont trop inertes pour sérieusement chercher Dieu. Il dit à ce propos :
quand un homme cherche quelque chose, et qu'il n'a aucun signe que la chose qu'il cherche est là, alors cet homme cherche avec inertie et peine. Je dis plus : quand il trouve quelque signe de ce qu'il cherche, il cherche avec joie, avec hâte et sérieusement. Ainsi l'homme qui cherche du feu, quand il trouve de la chaleur, il se réjouit et se met sérieusement et joyeusement à la recherche du feu. Il en va de même pour les gens qui devraient tous chercher Dieu : c'est parce qu'ils n'ont jamais éprouvé aucune douceur divine qu'ils sont inertes. Je dis plus : celui qui aspire à éprouver la douceur divine, celui-là chercherait Dieu joyeusement.

Maître Eckhart (1260-1327).

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LES COMMENTAIRES (1)

Par Jean Devriendt
posté le 30 novembre à 09:04
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Notez bien qu'Eckhart ici adapte, comme très souvent, un principe reçu d'Augustin. La source est à chercher dans un de ses ouvrages qui a fondé une grande part de la pensée occidentale : « Les Confessions ». Cet ouvrage reste encore de nos jours cité comme référent parmi le plus nombre d'auteurs de tous les horizons. La phrase d'Augustin qui est ici commentée est : « Tu ne me chercherais pas si tu n'avais pas trouvé ». La psychanalyse avec la notion d'inconscient a donné de nouveaux commentaires, dans les rapports humains, de cette sentence. Si inconsciemment, je n'avais pas « trouvé », symboliquement ou réellement, telle personne, je ne la chercherais pas concrètement et consciemment. De même dans la quête spirituelle, car, et ceci se trouve dans l'oeuvre latine que vous ne citez pas, Dieu est premier en tout, garde l'initiative en nous, car il nous créée à chaque instant. La création n'est pas une chiquenaude initiale hors du néant, mais un maintien permanent hors du néant. Par nos natures, et la réalité de nos actes, nous sommes très loin de Dieu, dans la région de la dissemblance (ceci vient aussi d'Augsutin, mais reconstruit par Bernard de Clairvaux), et Dieu est au plus proche de nom, intimior, au plus intime de mon intime. C'est là, dans ce Grund, ce fond, si intimement le plus intime de chaque âme qu'il est inconnu même de cette âme, que Dieu nous crée, nous sauve, nous glorifie, nous divinise, et donc nous trouve. Il nous « suffit » d'accepter cet agir en n'agissant pas, car notre action imparfaite nous éloigne de la perfection. Ce non-agir, non-vouloir, non-savoir est le détachement eckhartien, prélude à l'agir divin en l'âme. Cet agir divin est unique : engendrer par amour l'amour. Or l'amour est dieu. Dieu en nous engendre le Fils, nous rendant par adoption semblable à ce fils, divinisé par grâce. Parvenu à ce point, Eckhart s'appuie sur Maxime le Confesseur et Denys l'Aréopagite. Dans cette citation, donc, vous avez ciblé sans le savoir une synthèse par Eckhart des sommets de la mystique spécifiquement chrétienne puisque basée sur le Christ homme et Dieu et sur la Trinité. Et en cela, Eckhart a récapitulé tout un pan de la Tradition la plus orthodoxe, la plus reconnue même par l'église d'aujourd'hui… Vous lirez tout cela dans l'Encyclopédie thématique qui sera - enfin - en vente d'ici une quinzaine de jours…

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