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Primaires au PS: deuxièmes enseignements

Publié le 20 octobre 2011 par Pierre

Primaires au PS: deuxièmes enseignementsMesure face à l’enthousiasme « citoyen » des sympathisants de gauche et à l’emballement des média pour les primaires socialistes.
D’abord, le processus utilisé est original. Pourquoi jeter les bases d’un programme socialiste pour ensuite faire une course de pré-candidats, avec leurs idées, propositions et postures parfois radicalement différentes? La logique ne voulait-elle pas d’abord de laisser le champ libre au débat total entre candidats, pour ensuite construire autour des  idées et de la légitimité accompagnant le vainqueur ?
De fait, désormais, on est perdus : le candidat Hollande va devoir jongler avec ses propres mesures, les 30 propositions initiales du parti socialiste et les exigences des ralliements sur sa personne des autres candidats (Royal, Valls, Montebourg !). Comment tout cela va-t-il s’articuler ?

Deuxième chose gênante, le nombre de candidats. Cinq. C’est trop, surtout quand on constate des clivages très forts sur des sujets de fond (l’économie, la finance, l’Europe, la sécurité…) ? Certains y verront une vitalité intellectuelle et politique, certes, mais c’est faire preuve d’un optimisme exagéré. Ce constat est plutôt symptomatique d’un parti qui n’arrive pas à se construire un corpus idéologique, qui ne sait plus réfléchir et choisir ensemble. Le socialisme serait-il dépassé ? Auquel cas il faudra le dire et agir en conséquence. La droite l’a fait avec la création de l’UMP, sous la houlette de Juppé, c’est possible pour le PS qui est, regardez-bien, le dernier parti de gauche à n’avoir pas évolué sur le fond et la forme.

Et c’est la troisième chose véritablement embêtante dans ces primaires socialistes, pardon « citoyennes » !, c’est cette externalisation de la responsabilité. N’est-ce pas un aveu de faiblesse ou de dysfonctionnement du parti lui-même que, finalement, de s’en remettre à une primaire ouverte à tous plutôt qu’à ses propres militants. Le militant PS moyen aurait du être dérangé par ce processus… Démocratie ! Citoyenneté ! Des mots. Car demander son avis aux gens et les faire voter se fait aussi et de manière tout aussi démocratique et citoyenne dans les partis : UMP en 2007, EELV récemment. Non pas que ces primaires ne s’appuyaient pas sur le PS mais quand même, on y perçoit un véritable problème, une incapacité structurelle à organiser les choix stratégiques pour faire émerger en interne un candidat.
En conclusion, l’exercice technique des Primaires est réussi, c’est indéniable. Un candidat a émergé, tant mieux. Maintenant, quelle cohérence donner à cet attelage hétéroclite tant pour l’équipe de campagne – qu’il va falloir constituer ! – qu’en termes de programme politique – qu’il va falloir expliquer ! C’est tout le boulot de François Hollande qu’on attend avec impatience et à qui on souhaite bien du courage.


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