Mouammar Kadhafi est mort ce jeudi, suite à un bombardement de l'Otan. Le CNT affirme qu'il est décédé des suites de ses blessures, mais plusieurs images laissent croire à un lynchage. La ville de Syrte serait entièrement aux mains du CNT.
"Nous annonçons au monde que Kadhafi est mort aux mains des révolutionnaires", a indiqué au cours d'une conférence de presse du porte-parole officiel du Conseil national de transition (CNT, ex-rébellion) à Benghazi (est), Abdel Hafez Ghoga. Touché aux jambes et à la tête lors d'une attaque aérienne de l'Otan, il a ensuite été pris dans une fusillade opposant ses gardes du corps et forces du CNT. Capturé, il aurait par la suite, selon le CNT, succombé à ses blessures. L'ensemble du gouvernement transitoire confirme et se félicite de la mort de Kadhafi.
Kadhafi lynché ?
Plusieurs images peu ragoutantes du cadavre du dictateur circulent, prises principalement par des téléphones portables. Al Jazeera a également pu filmer la dépouille. Ces images d'ailleurs pourraient montrer que Kadhafi ne serait pas mort tout seul « des suites de ses blessures ». Des images (attention, les vidéos sont violentes) d'Al Jazeera et d'Al Arabia, couplées avec des photos amateurs laissent sérieusement penser que l'ex dictateur, après sa capture, se serait fait lyncher par les forces du CNT.
Sa mort brutale en tout cas permet d'éviter un long procès, qui aurait pu se révéler gênant pour certains pays occidentaux. Et qui aurait entretenu la division du pays.
On a appris également ce jeudi que l'ancien ministre de la Défense, Aboubakr Younès Jaber, a été tué dans les affrontements du jour. Le CNT a aussi annoncé que l'un des fils de Kadhafi, Mouatassim, a été abattu à Syrte en essayant de s'opposer à son arrestation. Le CNT prétend en outre poursuivre Saïf al Islam, le fils Kadhafi le plus engagé auprès de son père.
La fin de la guerre ?
Avec la mort de Kadhafi et le dernier bastion de ses troupes aux mains du CNT, cette guerre semble bel-et-bien achevée. Mais du fait des dissensions importantes au sein des nouvelles autorités et des tensions claniques, la paix risque d’être très malaisée à installer. Encore plus à conserver. D'autant que les tensions dans la région de Syrte vont rester vives. Ses habitants ont souffert d'un long et douloureux siège. Voir : Syrte, entre bombes et représailles. L’Otan confirme les attaques aériennes de cet après-midi, mais reste prudente. Le départ des troupes occidentales n’est pas encore évoqué.
A Benghazi, des centaines de personnes ont commencé à se rassembler pour fêter l'évènement. Des voitures klaxonnaient avec des enfants arborant le drapeau de la nouvelle Libye.
Des réactions
Les Etats-Unis ont pris le temps, mais Obama a fini par confirmer la mort de Kadhafi : "Aujourd'hui, nous pouvons dire que le régime Kadhafi est fini. Les dernières places fortes du régime sont tombées. Le nouveau gouvernement renforce son contrôle sur le pays, et l'un des plus anciens dictateurs du monde n'est plus". Pour la région, les événements d'aujourd'hui prouvent une fois de plus que les régimes à poigne finissent toujours par disparaître. Dans tout le monde arabe, des habitants se sont levés pour réclamer leurs droits. Les jeunes rejettent avec force la dictature. Et ces dirigeants qui essaient de leur refuser leur dignité n'y parviendront pas".
Le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ont salué "la fin d'une ère de despotisme et de répression".
Le Premier ministre britannique David Cameron se dit lui "fier du rôle joué" par son pays dans la chute du "brutal dictateur".
Plus prudent, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon explique qu'"à l'évidence, ce jour marque une transition historique pour la Libye", ajoutant cependant: "le chemin à parcourir pour la Libye et son peuple va être difficile et rempli de défis. Le moment est maintenant venu pour tous les Libyens de se rassembler".
Pour le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, "c'est le début d'une nouvelle ère, le début de la démocratie et de la reconstruction en Libye".
Pour Martine Aubry, "Les Libyens doivent maintenant consacrer pleinement leurs efforts à la réconciliation, à l'organisation de la vie politique autour d'élections libres et démocratiques, et au redressement économique. Le CNT doit désormais mener la transition vers une Lybie libre, unie et démocratique".
Le PCF s'est également exprimé dans un communiqué : "Le peuple de ce pays, déchiré par une guerre civile meurtrière et destructrice, a droit à la démocratie, au respect des droits de l'homme, à la justice, au progrès social et à la sécurité. C'est au respect de ces attentes populaires essentielles que seront jugées les nouvelles autorités. Le PCF restera vigilant, en particulier sur l'exigence de souveraineté et la nécessité d'un désengagement immédiat et total de toutes les forces de l'OTAN."
- À lire sur la Libye :
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