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Kadhafi potentat courtisé naguère, cadavre piétiné aujourd'hui

Publié le 21 octobre 2011 par Francisrichard @francisrichard

mouammar-kadhafi.jpgMouammar Kadhafi [dont la photo provient d'ici] est mort hier dans de bien étranges circonstances.

Est-il mort les armes à la main ou a-t-il été exécuté après s'être rendu ? Il semble que ce soit la deuxième hypothèse qui soit la bonne, qu'il ait été tué alors qu'il était aux mains des "rebelles". 

Les images de son corps ensanglanté, en boucle sur les télévisions du monde entier, jettent une lumière crue sur le comportement des vainqueurs à l'égard de leur ennemi vaincu. Ce qui n'est pas à leur honneur, quels que soient les crimes de ce dernier. Mais un cadavre exquis a l'avantage de se taire à jamais sur certaines compromissions.

D'autres images, du passé, parlent d'elles-mêmes sur les pactes déshonorants conclus avec ce diable pour obtenir de lui des avantages matériels :

- la tente de Mouammar Kadhafi dressée dans la cour de l'hôtel Marigny à Paris lors de sa visite à Nicolas Sarkozy en décembre 2007, quelques mois après la libération des infirmières bulgares 

- le baise-main que Silvio Berlusconi fait à Mouammar Kadhafi lors du sommet de la Ligue Arabe en février de cette année.

Il y a aussi un souvenir amer. Dans l'affaire des otages suisses en Libye l'Union européenne oblige la Suisse en mars 2010 à renoncer à sa liste noire des personnalités libyennes interdites de séjour sur le sol helvétique. Il ne faut pas mécontenter celui que, bien seul, j'appelle alors le dictateur fou, le tyranneau tripolitain... Les échanges commerciaux sont en effet plus importants que deux malheureux otages suisses...

Aujourd'hui le ton a changé, celui qui était courtisé naguère quand il représentait un intérêt économique pour les vautours européens n'est plus qu'un cadavre que l'on peut piétiner sans vergogne. En revanche le Conseil national de transition, CNT, libyen fait l'objet de toutes les caresses : la production de pétrole et les affaires pourraient bientôt reprendre... 

Nicolas Sarkozy, qui s'est refait une virginité en poussant à l'intervention de l'OTAN en Libye, fait tout de même, prudemment, profil bas : 

"On ne doit jamais se réjouir de la mort d'un homme quoiqu'il ait fait."

De même Silvio Berlusconi lâche cette sobre sentence latine :

"Sic transit gloria mundi." [Ainsi passe la gloire du monde].

Ces propos mesurés ne suffisent pas à masquer le fort contraste entre les léchements de bottes d'hier et les voeux aux gémonies que d'autres poussent aujourd'hui sans danger.

Francis Richard


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