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22 eme festival britannique de Dinard

Publié le 22 octobre 2011 par Xylophon

Je suis retournée sur la côte d'émeraude en ce début du mois d'octobre. Dinard fut comme chaque année à la même époque la ville du festival du cinéma britannique.

Non, je n'ai pas profité du climat estival et du soleil du mois de septembre, j'ai vu Dinard sous la pluie, et le crachin, un temps idéal pour fréquenter les salles obscures.

Arrivée vendredi après-midi à Dinard, ce fut l'occasion de voir deux films: Week-end et Happy Chistmas.

Ce week-end là n'est pas celui de Godard mais celui de Andrew Haigh. Russell sort un soir en boîte après avoir passé la soirée chez des amis. Il y fait la connaissance d'un homme, un homme qui le temps d'un week-end va bouleverser sa vie.

L'histoire d'amour de ces deux hommes est faite de la banalité de la vie quotidienne. Le temps d'un Week-end il est question de jalousie, de fuite, et de passion.

Au regard du sujet, le film aurait pu vulgaire, trash, et pourtant il n'en n'est rien. La mise en scène minimaliste et la réalisation simple et sans prétention de Week-end donne une vraie qualité à cette histoire.

Happy Christmas ne m'a pas vraiment emballé. Film choral, il retrace l'histoire d'une famille qui doit fêter Noel ensemble. Le film est d'une lenteur invraisemblable et quand on arrive à suivre, il est entrecoupé de notes stridentes de piano. On croit par moment que le réalisateur fait référence à David Lynch, mais hélas Mark Jenkin n'a pas son talent.

Le lien avec David Lynch était d'ailleurs plutôt présent à Dinard avec John Hurt, le John Merrick d'Elephant Man, John Hurt croisé simplement alors que j'attendais pour voir Happy Christmas.

Samedi. J'aurai aimé rester dormir pour me reposer de ma semaine de travail, mais quand on va à un festival, on n'a pas le droit à la grâce matinée. Malgré ma motivation d'aller voir des films tôt, mon sommeil a bien failli gagner le pas sur le Septième art. Heureusement à 8H00, j'ai eu-je ne sais pas pourquoi-une sorte de lucidité dans ma demie hibernation, et j'ai réussi à me lever pour aller voir You Instead de David Mackenzie.

L'histoire de You Instead qui devrait sortir prochainement en France sous le nom de Rock'n Love relate la rencontre de deux leaders de groupe de Rock lors d'un festival écossais "T in the Park". Rencontre singulière puisque Adam et Morello suite à une dispute entre leur groupes de rock respectifs sont menottés l'un à l'autre. Alors qu'ils ne supportent pas comment vont-ils survivre le temps de ce festival hors-norme?

You Instead sans être le film de l'année se défend plutôt bien. Il a les qualités des bonnes comédies romantiques (genre le come back) et le cynisme des films britanniques. Les acteurs qui jouent dans le film sont plutôt bons et la plongée dans ce festival de rock hallucinant donne un rythme soutenu à ce duo improbable.

Récompense de s'être levée, j'ai pu après la projection voir le réalisateur et les acteurs: Luke Treadaway et Natalia Tena (cf photos).

Après You Instead, j'ai enchainé Behold the Lamb de John Mcllduff. Behold the Lamb c'est un peu un film loufoque, qui oscille entre gravité et humour. Eddie pour aider son fils Joe rencontre une amie à ce dernier. Sur les routes nord-irlandaises, ils doivent transporter un agneau. Bien-sur, il ne s'agit pas de transporter l'agneau pour sa viande, mais pour une autre marchandise qui donne à ce petit animal une valeur inestimable. Eddie type maladroit et perdu pendant ce irish road-movie fait la rencontre d'une fille aussi paumée que lui Liz.

Ensemble, face à leurs difficultés communes, ils réapprennent à apprivoiser la vie et à apaiser un peu leurs blessures...

Ce fut ensuite, Oranges and Sunshine, réalisé par Jim Loach, le fils de Ken Loach. Ce film inspiré de faits réels traite d'une histoire assez méconnue: celle de la déportation d'enfants orphelins de la Grande Bretagne vers l'Australie. Ils auraient été ainsi plus de 130 000 enfants à quitter le Royaume-Uni pour l'hémisphère sud, alors que pour certains d'entre eux leurs parents pensaient pouvoir les récupérer après un placement dans des familles d'accueil.

Le titre du film résume bien l'histoire: des oranges et du soleil. Arrivés en Australie, ces enfants étaient envoyés dans des foyers pour cueillir des oranges ou construire sous une chaleur harassante des monastères pour l'Eglise.

Le film aurait pu reconstituer ce voyage de l'Angleterre vers l'Australie et nous montrer
la vie et les errances de ces enfants, exploités, maltraités et parfois abusés par des adultes, mais ce réalisateur a refusé de nous livrer cette histoire linéaire.

Il s'est appuyé au contraire sur son personnage principal interprété par la convaincante Emily Watson pour faire sortir de l'Histoire ces récits d'enfant perdus. Et c'est en faisant parler les adultes, en recoupant les témoignages que l'on découvre au même moment que Margaret Humphreys (Emily Watson) la dureté de ces vies d'enfants.

Si le film a peut-être quelque faiblesse, il n'en reste pas moins un témoignage fort, d'une réalité historique longtemps niée par les autorités britanniques, et qui aujourd'hui prend toute sa place grâce au cinéma et grâce à Jim Loach, digne héritier de son père...

Enfin dernier film, sorti récemment sur les écran français: We need to talk about Kevin.
Je ne sais pas très bien comment qualifier ce film si ce n'est pour dire que c'est un film dérangeant. Je n'ai pas aimé ce film, mais je ne l'ai pas détesté non plus.

We need to talk about kevin relate un drame familial. Eva pour élever son enfant a mis fin à ses activités professionelles, mais chaque jour que l'enfant grandit, la naissance de relations entre eux semble vouée à l'échec. Jusqu'au jour où Kevin finalement se rend au lycée un arc à la main...

Je crois en fait que j'ai bien aimé la mise en scène, et le côté très léché du film. Je n'ai pas aimé en revanche la fin assez perturbante. On ne sais pas bien si ce film est un film à thèse du type la société américaine produit des individus capables de tuer comme à Colombine ou si finalement les raisons de ce type de massacre sont à chercher ailleurs: contexte familial, ou acte de folie...

Pour résumer de ce 22eme festival, je retiendrai donc Week-end en espérant qu'il sorte en France, You Instead, et Oranges and Sunshine. Je n'ai pas eu le temps de voir les deux films qui ont eu des prix à Dinard, Tyrannosaur de Paddy Considine et l'Irlandais de McDonach, mais ce sont apparemment des bons films.

A l'année prochaine Dinard, pour de nouvelles aventures d'un festival très sympathique où l'on peut apercevoir John Hurt faisant son marché, où l'on peut découvrir des petits films comme week-end, où le cinéma prend vie dans les masters class ou dans les files d'attente avec en toile de fond la beauté extravagante de la baie du Prieuré.

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