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Quand Sarko l'écolo recycle de vieux arguments

Publié le 23 octobre 2011 par Juan
Quand Sarko l'écolo recycle de vieux arguments Narcisse est de retour. L'avez-vous écouté, ce jeudi 20 octobre ? Nicolas Sarkozy parlait d'écologie. Il voulait faire le bilan de ses 4 années de Grenelle de l'Environnement. Il y eut deux interventions, un monologue préparé, avec pupitre, fond vert et drapeau pour délivrer son message d'autosatisfaction devant quelques centaines de militants, et une prise de parole faussement naturelle, au milieu des employés de l'entreprise Séché Environnement, pour les remercier de penser à sa nouvelle petite fille Giulia née mercredi soir.
A Changé, en Mayenne, il inaugurait un nouveau centre de tri de déchets.
Sarkozy adore le recyclage. On l'a vu à l'oeuvre ce jeudi.
Autosatisfaction
Quel est donc se fameux bilan écolo du Monarque, après 4 ans et quelques mois de mandat ? Le bilan de la France en termes d'émissions de Gaz à effet de serre serait « exemplaire ». Pour preuve, la réduction des GES a été de 10% depuis ... 1990. Tiens, Sarkozy s'attribue les vingt dernières années quand ça l'arrange. Sans rire, les communicants de l'Elysée explique que ce résultat « s'explique notamment par le succès du bonus-malus automobile qui a fait du parc automobile français l'un des plus sobres en énergie d'Europe ». On oubliera au passage que Sarkozy n'a rien fait, notamment à la faveur du plan de relance, pour encourager le transport collectif. Autre récupération d'héritage, la branche Est de la LVG Rhin-Rhône inaugurée le 8 septembre dernier, fut lancée bien avant son mandat.
Sarkozy recycla également d'autres mesures, comme l'éco-prêt à taux 0. L'an dernier, le Monarque avait dû supprimer la défiscalisation des intérêts d'emprunt, l'une des mesures de son paquet fiscal de 2007, inefficace et coûteuse. Au lieu de quoi, il a simplement élargi le bénéfice du Prêt à taux zéro aux ménages les plus fortunés... pour peu que l'immobilier concerné soit ecolo-compatible... Voici l'écologie « populaire ».
Sarkozy réécrit l'histoire, en s'arrogeant le bénéfice de l'adoption, en décembre 2008 et sous présidence française de l'Union européenne, de « l'ambitieux paquet énergie-climat». Nous avons déjà expliqué sur ce blog combien ce PEN était une tartufferie sans engagements
Le Monarque était aussi satisfait de la progression de la production électrique éolienne (+33% en 8 ans), mais il fallu attendre juillet 2011 pour qu'il lance le premier appel d'offres en matière d'éolien offshore. Un second appel d'offres sera lancé début 2012, au moment de la campagne. Les cafouillages administratifs en matière d'énergie solaire furent nombreux et mémorables. Le gouvernement avait défiscalisé sans contrôle l'installation de panneaux solaires, à tel point qu'il du suspendre le dispositif.
Le véritable bilan écologique de Nicolas Sarkozy est tout autre. Certes, il a placé le développement durable au coeur de sa communication gouvernementale, et ce dès mai 2007. Mais pour le reste, comment oublier l'échec du Grenelle d'octobre 2007, le soutien discret mais réel aux OGM, la construction de 3 nouvelles autoroutes à la faveur du plan de relance , le rejet des propositions de lois écolos de l'opposition (janvier 2009, juin 2009), le compromis minimaliste sur l'engagement européen à l'horizon 2020, la promotion de l'énergie nucléaire auprès des régimes dictatoriaux (avec la création de France Nucléaire International, la non-tenue des engagements du Grenelle en matière de transports; l'obstination à construire des EPR.
En campagne
Ce jeudi, la véritable information était ailleurs. Nicolas Sarkozy était en campagne, quoiqu'il en dise. Il était là pour tacler, délivrer ses petites phrases contre l'opposant honni François Hollande, devant une salle remplie de militants UMP. La première salve faisait écho à la pitoyable convention UMP de mardi dernier sur le prétendu chiffrage du programme socialiste.
« On me demande des postes de fonctionnaires, des dotations aux collectivités, des dépenses multiples, mais les Français seraient-ils plus contents de se retrouver dans un pays en situation de faillite ? Naturellement, ces décisions ne sont pas faciles, on est un peu seul quand on les prend. Mais si on ne veut pas prendre des décisions difficiles, alors il vaut mieux ne pas être candidat à la présidence de la République.»
Seconde attaque, contre le caractère de François Hollande. On avait ainsi la triste confirmation, en public et en direct, que toute la rage agitée de l'UMP contre la personnalité du candidat socialiste depuis dimanche soir était au moins partagée sinon téléguidée par Nicolas Sarkozy lui-même: « Mon devoir, c'est de prendre des décisions difficiles. Si on ne veut pas prendre des décisions difficiles, mieux vaut ne pas être candidat à la présidentielle ».  
 
Puis, il fallait bien appuyer sur l'éventuel désaccord entre François Hollande et le camp écologiste en matière de nucléaire. Et rien de mieux que d'invoquer François Mitterrand. Trop facile...
« Si la France possède une électricité plus propre et moins chère, elle le doit à l'importance de son parc nucléaire, construit pour la quasi-totalité sous les deux mandats de François Mitterrand. (...) 
Que ceux qui ont été [les] collaborateurs [de François Mitterrand] ne viennent pas aujourd'hui nous expliquer qu'il faut aujourd'hui démonter ce que Mitterrand avait monté. Ou alors, il y a une incohérence, une de plus (...) Je comprends qu'on soit contre le nucléaire, même si je suis pour. Mais ceux qui sont pour le moratoire [sur le nucléaire], c'est étrange. Soit c'est bien, et on continue avec de nouvelles centrales ; soit on est contre. Mais poursuivre en gardant les vieilles jusqu'en 2050... »
Ce jeudi, le candidat Sarkozy voulait faire oublier ses propres zig-zags. Très « écolo » à son arrivée à l'Elysée, il avait été douché froid à Copenhague en décembre 2009, lors du sommet éponyme. Finalement, la cause environnementale l'emmerdait. Ses deux années d'effort ne lui ont servi électoralement à rien. Ses fiascos électoraux successifs aux élections européennes puis régionales étaient là pour le lui rappeler. Pire, il s'était éloigné de son électorat agricole, un coeur de cible déterminant qui semblait lui échapper. Depuis 2009, notre futur candidat avait donc multiplié les signes de reconnaissance: visites d'exploitations en tous genres, dégustations champêtres, discours répétés parfois jusqu'au mot près, petites phrases bien à propos (« L'environnement, ça commence à bien faire »).
Qui est encore dupe ?
Lire aussi:
  • Sarko le faux écolo 
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  • Copenhague ou "l'écologie décomplexée" version Sarko
  •  La langue de bois écolo de Sarkozy



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