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La croisière s’amuse

Publié le 24 octobre 2011 par Copeau @Contrepoints

Inconsciente, la croisière s’amuse, pendant qu’une tempête parfaite se déchaîne à l’horizon.

Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec

La croisière s’amuse
Il y a quelques jours, je suis allé au Best Buy rapporter une tablette électronique. Vous savez, ces gadgets qui coûtent 500 $? Ces ordinateurs qu’on a compressés dans un rectangle plus petit et plus mince qu’un magazine?

Ça a été difficile. Le bidule possède un écran sublime. C’est un plaisir de déplacer le texte ou agrandir les photos avec mes doigts. Seul problème : je n’en ai absolument pas besoin. Comme bien d’autres acheteurs, je suppose. Et comme tellement d’autres bébelles qui envahissent notre société de consommation.

Quand même. Je me suis inventé un paquet de raisons pour la garder. Pour me faire croire que j’en avais besoin, que ça me rendrait plus productif…

C’est là que je me suis demandé : la roue, elle arrête quand de tourner?

La tempête parfaite

Nous consommons deux fois plus à crédit qu’il y a 30 ans. Notre dette personnelle a triplé depuis ce temps. Depuis 1990, notre endettement augmente 7 fois plus vite que nos revenus, selon l’Institut Vanier.

Les gouvernements font pareil. À combien s’élevait notre dette publique au tournant des années 1970? Allez, essayez. 100 milliards? 50? Réponse : 0 $. Aujourd’hui? 241 milliards $. En 40 ans. Les villes aussi vivent au-dessus de leurs moyens, et s’endettent de plus en plus.

Et tous les démographes le disent : notre société vieillit dangereusement. Le nombre de personnes âgées se multiplie, pendant que les travailleurs se font de plus en plus rares. Bientôt les hôpitaux vont craquer, et les coûts de santé vont exploser. Qui va payer?

Ajoutez à cela les promesses de retraites dorées qu’ont signées plusieurs grandes entreprises, et aussi notre gouvernement. Promesses qui seront impossibles à honorer. À moins, dans le cas de l’État, de hausser substantiellement les impôts. Bonne chance avec ça.

Mais on continue…

Les Anglais appellent ça du pull-forward demand. Depuis des années, nous avons consommé tout de suite — via le crédit — notre consommation de demain. Depuis au moins 10 ans, nous nous sommes payés de la croissance économique (du PIB) à crédit. Et si la loi de la gravité tient toujours, une sévère gueule de bois nous attend demain. La crise économique de 2008 n’en est que le premier balbutiement.

Sauf que demain, on n’en a rien à foutre. On couche devant le Apple Store pour se payer à crédit le nouveau iPhone. On se paye le cabanon, la clôture, le spa sur la marge de crédit. La Grèce est en feu? Les Bourses paniquent? Bah… Ma job est « safe ». Je peux aller à Cuba cet hiver l’âme en paix. Je rembourserai l’an prochain.

Au gouvernement, on embauche 1000 fonctionnaires de plus. On se verse des bonis à droite et à gauche. On rajoute des structures. Un TGV? Pourquoi pas! Faisons tout cela, et ajoutons 8-9 milliards sur notre dette collective, encore.

La croisière s’amuse. Inconsciente. Pendant qu’une tempête parfaite se déchaîne à l’horizon. Une tempête qu’on semble toujours repousser à plus tard.

Jusqu’à ce qu’un jour, la roue arrête de tourner.

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