L’Allemagne et la BCE ont obtenu que le fonds de soutien à l’euro, le FESF, ne soit pas transformé en banque, contre le souhait de la France, d’une majorité des pays de la zone euro et de membres du G20 qui y voyaient un moyen facile de multiplier sa force de frappe.
La France défendait encore publiquement à la veille du week-end l’octroi d’une licence bancaire au FESF, qui aurait pour avantage de lui donner un accès illimité aux liquidités de la BCE. Elle pouvait s’appuyer sur le soutien de 14 des 17 pays de la zone euro, face à une Allemagne qui n’avaient que les Pays-Bas et la Finlande à ses côtés. Les États-Unis, les grands pays émergents et le FMI poussaient aussi en coulisses pour que les pare-feu érigés par les Européens soient les plus solides possibles et impliquent l’institution de Francfort.
Si le ministre français de l’Économie a suggéré une flexibilité sur cette question, ce serait avant tout pour ouvrir la porte à de possibles concessions mutuelles entre les différents aspects de la réponse à la crise sur lesquels planchent les Européens. Car si les Allemands s’opposent à la transformation du FESF en banque et au fait de laisser la BCE devenir prêteur en dernier ressort en Europe, les Français refusent quant à eux d’entériner la décote de 60% que réclame Berlin sur les titres obligataires grecs.
Une inconnue demeure : la position de la Banque centrale européenne une fois que Jean-Claude Trichet en aura quitté la présidence, le 31 octobre. Ce dernier est hostile à cette double évolution du FESF et de l’institution de Francfort mais son successeur, l’Italien Mario Draghi, actuel gouverneur de la Banque d’Italie et jugé plus pragmatique, n’y serait pas forcément opposé. L’arrivée prochaine du « pragmatique » Jörg Asmussen au conseil de la BCE en remplacement du « faucon » Jürgen Stark comme représentant de l’Allemagne ainsi que celle possible d’un Français qui remplacerait numériquement Jean-Claude Trichet pourraient aussi infléchir la position du gardien de l’euro. Dans le passé, la BCE avait pareillement tracé des lignes rouges, comme son refus absolu de racheter des emprunts d’État sur les marchés ou d’envisager une décote de la dette grecque, pour se voir contrainte d’y renoncer avec l’aggravation de la crise.
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