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La prostitution à domicile et les agences d’escorte

Publié le 24 octobre 2011 par Raymond Viger

La prostitution sous tous ses angles

Britanny s’est prostituée de différentes façons. Elle a accueilli des hommes à son domicile en offrant ses services dans les journaux. Elle s’est déplacée chez des clients lorsqu’elle offrait son corps par l’entremise d’une agence d’escorte.

Dominic Desmarais    Dossier Prostitution

prostitution-escorte-prostituee-travailleuses-du-sexe-bordelMais Britanny a commencé dans la rue. C’est sur la Sainte-Catherine et la rue Ontario qu’elle a fait ses premiers pas dans ce qu’elle nomme la jungle.

Avant d’en faire son gagne-pain officiel, Britanny avait goûté au sexe contre rémunération à 17 ans, alors qu’elle vivait dans un centre jeunesse. En sortie les fins de semaines, des amis lui présentaient des hommes intéressés à coucher avec elle. Britanny, en lorgnant les bénéfices – des vêtements, du rouge à lèvre – n’y voyait que des bons côtés.

Quitter le centre jeunesse

Quand elle quitte le centre jeunesse, à 18 ans, elle est confrontée à la dure réalité d’une vie autonome. Le loyer ne se paie pas tout seul, l’électricité et la nourriture non plus. Encore moins le linge et les sorties. Un luxe, pour une jeune femme sans ressources qui aspirait à une vie de star. Elle voulait de l’argent facile, vite fait. Ce que la prostitution lui permettait. Ses quelques expériences, à l’adolescence, ne l’avaient pas rebutée, au contraire.

Britanny n’a pas commencé dans la rue de force, poussée par le désespoir. La jeune femme, forte de caractère, avait choisi ce moyen pour satisfaire ses besoins de vivre dans le faste. «Je voulais goûter aux grands plaisirs: les bons restos, les bijoux, les beaux vêtements. J’avais un énorme besoin d’affection que je comblais avec de l’argent. C’était une solution temporaire à un problème permanent», dit-elle avec lucidité.

Prostitution et luxure

La jeune femme recherchait la grande vie et s’affichait. «J’ai toujours apporté une attention particulière à mon apparence. C’était important pour moi. Pas juste pour racoler les clients.»

Britanny est fidèle à ses priorités. Elle a commencé à se prostituer pour s’offrir des grandes marques, pour se faire belle. Les visites au salon de coiffure, la manucure et le linge passent avant tout le reste.

Ensuite viennent l’épicerie, les comptes et pour finir, la drogue. «C’est sûr que j’avais un budget pour la drogue. J’en avais besoin. C’était mon carburant. J’étais gelée mais ça ne paraissait pas. Je n’avais pas l’air d’une morte.»

Prostitution et consommation

Quand elle se prostitue sur la rue, Britanny consomme un peu de tout. Cocaïne, mescaline, speed, pot ou alcool. Elle en a besoin pour enlever une partie de son stress. Mais elle fait attention de ne pas trop consommer car elle veut rester alerte et ne pas attirer l’attention des policiers ni tomber sur de mauvais clients.

Peu lui importe que les gens du quartier, ses voisins, la remarquent sur le trottoir. «C’est sûr que je croisais des gens que je connaissais. J’allais quand même plusieurs rues plus loin de chez moi. Et je ne restais pas plantée à un coin de rue, immobile. Je marchais beaucoup. Ça passait mieux. Ma préoccupation, c’était la police et les clients sur qui j’allais tomber. Être reconnue par les gens, je n’y pensais même pas», assure la jeune femme. «Ça ne m’a jamais scandalisée d’être une prostituée. J’en étais une! Sauf que j’avais de la classe. Je n’étais pas un déchet.»

Se prostituer dans Hochelaga-Maisonneuve et le Centre-Sud

prostitution-agence-escorte-domicile-prostituée-agences-escortesDans les quartiers crades d’Hochelaga et du Centre-Sud de Montréal, Britanny détonait avec son style glamour. Au milieu de filles abusées, aux prises avec des maladies mentales, de gros problèmes de drogues, elle se sent comme une rose entourée d’épines. «Beaucoup de clients m’ont dit qu’ils ne m’auraient jamais embarquée si j’avais été une junkie, si j’avais eu l’air d’une morte. On m’a aussi demandé à plusieurs reprises si j’étais dans la police! J’étais trop belle dans le secteur.»

Britanny voit les autres filles à moitié nues marcher au beau milieu de la rue pour accoster les conducteurs. Elle les entend offrir leurs services sans discrétion. «J’en ai vu qui obligeaient les voitures à s’arrêter. Ouvrir la portière côté passager puis la refermer violemment avec un coup de pied rageur  parce que le chauffeur ne voulait rien savoir. Une fille en manque, tout ce qui l’intéresse c’est de faire un client pour aller aussitôt chercher son crack. Elle va prendre n’importe qui et pour presque rien. Moi, mes clients, je les choisissais. Je voulais gagner de l’argent. Pas me payer ma dose.»

La vie entre prostituées

La cohabitation avec les autres prostituées n’a pas toujours été facile mais Britanny ne semble pas en avoir été troublée. «Je n’ai jamais eu de gros problèmes avec les autres filles. Je ne me mêlais pas, ne leur parlais pas. Il est arrivé qu’elles me crient après pour que je change de coin de rue. J’étais une menace à leurs yeux. Elles sont sur le crack et voient une fille qui pogne plus vite», raconte la jeune femme en soulignant que la rue est une jungle où chacune doit prendre sa place pour survivre. Britanny ne se gênait pas pour leur répondre. Mais comme elle préférait marcher, elle poursuivait son chemin ou les abandonnait en montant dans une voiture.

Britanny se faisait sa place sans l’aide de personne. Elle n’avait pas de souteneur. «Moi, donner mon argent et dire merci, ça ne m’intéressait pas.» Grande de taille et dotée d’un tempérament volcanique, elle n’a jamais ressenti le besoin d’être protégée. Aucun souteneur n’est venu l’aborder pour la forcer à travailler pour lui. «Je n’en ai jamais vu. Je ne sais pas comment ils fonctionnent.»

L’art du racolage

Britanny se déhanche en marchant jusqu’à ce qu’une voiture s’immobilise à sa hauteur. En s’approchant, elle demande au conducteur si elle peut l’aider. Elle attend qu’il aborde le sujet, lui demande ses tarifs pour telle ou telle faveur sexuelle. Si elle soupçonne qu’elle est en présence d’un policier ou si le client ne lui dit rien de bon, elle prend ses distances en prétextant ne pas être une prostituée. Sinon, elle l’informe de ses exigences monétaires et demande à être payée d’avance.

Si le client est d’accord, Britanny monte dans la voiture. Ils se dirigent soit chez elle, soit vers un endroit isolé dans un secteur industriel, soit ils restent à l’intérieur du véhicule. «La plupart des clients refusaient de venir chez moi, ils disaient s’être fait faire les poches par d’autres filles, alors le plus souvent, ça se passait dans leur auto», explique la jeune femme qui faisait la rue uniquement de nuit. «C’était plus discret. Le jour, tu vois des femmes se promener avec leurs enfants. Je n’aurais pas pu supporter leur regard méprisant.»

Prostitution de rue

Dans la rue, la clientèle est bien différente de celle qui a recours aux services d’une escorte. «C’est beaucoup plus dégueulasse», juge Britanny, sans préciser davantage. Les prostituées qui acceptent n’importe quoi attirent des clients aussi désespérés et ringards qu’elles. C’est pourquoi Britanny refusait plusieurs clients et préférait les plus âgés. «Les 50, 60, 70 ans. C’est moins excitant que des jeunes mais plus sécurisant. En général, ils ont plus de respect. Les jeunes ne veulent pas payer, ils négocient sans arrêt, demandent des extras. Les personnes âgées s’en tiennent au contrat passé.»

Quand elle faisait la rue, Britanny s’arrêtait parfois prendre un verre dans un club. Elle y racolait d’autres clients. «Je m’assoyais au bar, dansais un peu. Quand un homme m’approchait, m’offrait un verre, je lui faisais comprendre que je travaillais. Je ne prenais pas le temps de flirter. S’il n’était pas intéressé je ne m’attardais pas. J’étais en quête d’argent. J’avais toujours en tête: client, client, client.»

Prostitution, argent et amour

À cette époque, Britanny ne pense pas vraiment à l’amour. Elle veut de l’argent. «C’est dommage parce que je suis passée à côté de bons gars qui auraient pu être mes chums. J’ai perdu plusieurs occasions. Mais je n’étais pas dans ce mood là. Je n’avais pas le temps pour l’amour. Pour moi, le sexe, c’était pour faire de l’argent, pas pour le plaisir. Quand je n’étais pas avec un client, c’était du temps que je prenais pour moi.»

Son besoin d’affection, elle le comble avec les billets qui remplissent son portefeuille et lui permettent de dépenser son bonheur. Et Britanny a le regard de nombreux hommes pour sentir qu’elle est belle. «Oui, ça me remontait le moral. Ça me rassurait dans mes insécurités de savoir qu’on me trouvait belle. Plusieurs clients sont d’ailleurs tombés en amour avec moi», dit-elle amusée. Avec les moyens financiers de se gâter et les regards admiratifs des hommes, Britanny s’est enfermée dans ses illusions: elle avait tout ce qu’elle désirait, elle vivait son conte de fée.

La réalité de la prostitution

Mais aujourd’hui, Britanny reconnaît que sa sexualité est fuckée. Elle doit réapprendre à vivre une relation saine, dans un cadre sain, «Avec quelqu’un de normal, pas pour de l’argent», assure-t-elle. Le défi est de taille. Après avoir rencontré autant d’hommes avec des exigences à satisfaire moyennant de l’argent, sans égard pour celle qui leur offrait ses services sexuels, elle doit aussi apprendre à faire confiance.

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L’histoire de Britanny, 1ere partie: Une escorte se raconte

2e partie Agence d’escorte à domicile

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