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Max | Brassens : homme libre

Publié le 25 octobre 2011 par Aragon

exposition-brassens-liberte-L-8R65gA.jpegJe pense à toi mon pote inconnu. Certes, t'avais un peu picolé ce soir là et tu t'es mis à ta fenêtre, t'as chanté "Hécatombe". Les sicophantes du pays comme aurait dit Georges ont appelé les keufs, sont arrivés "Pin-Pon". T'as continué de chanter à ta fenêtre, z'ont pas apprécié les cognes, alors voilà, tu te retrouves au tribunal et t'entends cette sentence du procureur : « Interpréter cette chanson devant un miroir, pourquoi pas… Devant des policiers, c’est un outrage ». Ce vendredi 27 mai 2011 le tribunal correctionnel de Rennes te fait écoper de 40 heures de TIG et te condamne à filer 100 € aux deux poulets vexés... Ben merde alors, quand je pense que ça pourra peut-être faire jurisprudence !

Je pense à toi Georges. J'étais chez un pote et j'ai vu cette formidable émission sur la 3 hier soir. J'en ai vu des paquets d'émission sur toi. Hier soir la plus parfaite, la plus émouvante, la plus bouleversante, la plus juste. Y'avait des "vieux" qui parlaient de toi, Maxime, Souchon, Juliette mais ce qui m'a  surtout botté c'est qu'il y avait un paquet de jeunes qui sont passés, que je ne connaissais même pas, de très jeunes chanteurs et rapeurs qui ont dit des choses très très chouettes sur toi.  Que tes vers sont de vrais bijoux pour du rap & hip-hop. Quel hommage ! J'en avais la chair de poule. Des mômes qu'étaient pratiquement pas sortis de l'oeuf quand t'as cassé ta pipe, putain, trente ans samedi qui vient...

Je pense à toi et je suis inconsolable, enfin je veux dire que ça sera jamais plus pareil dans le paysage de la chanson française. Jamais personne ne prendra ta place, que t'as pourtant laissé libre, place pour laquelle de ton vivant tu disais qu'elle était juste ce qu'elle était, ni plus ni moins, que tout le monde avait sa place dans la chanson, que toi, t'étais qu'un modeste artisan qui voulait donner du plaisir aux gens avec des "chansonnettes", avec des mots simples. J'aimais bien quand tu disais que vous étiez tous "collègues", Sheila, Clo Clo, Jo Dassin, les autres, quand le journaliste retors essayait de te pousser à dire du mal de certains, toi, tu persistais et signais en disant que tu ne critiquais jamais des "collègues".

Y'a un trou béant dans l'univers chansonnier. Versificateur unique, personne n'a donné une telle justesse aux mots, une noblesse aux plus ordinaires, les a ciselés comme toi, posés ensuite sur des notes, des accords, des mélodies incomparables. Les mots de notre langue tu les as aimés. Que tu les as aimés Georges ! Qu'est-ce que tu as pu rendre comme hommages à la langue française pour exprimer les choses toutes simples de la vie... D'un baiser glâné, à la chasse aux lépidoptères, de la rencontre avec une jolie fille fleur bleue ou vacharde, aux scènes d'un marché Briviste grandguignolesque, d'une plage de Sète,  jusqu'aux couleurs du temps, aux humeurs des gens, des cocus, des maris, des femmes, des prostituées, des choses de la vie et de la mort et tant, tant encore des mille et une petites fiorettis ordinaires de la vie ordinaire. Ciseleur, orfèvre des mots, génie incomparable d'une versification simple. Georges, tu nous manques tellement.


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