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Réflexions.

Par Ananda

La vie ressemble à un beau feu. Un de ces feux de camp qui hypnotisent.

Ses hautes flammes chaudes, souples, dansantes captivent –sauvage joie. Spirales violentes, crépitantes, tendres qui lèchent, réchauffent la chair…qui l’attirent en attisant son bien-être, son besoin d’être rassurée, ainsi que son inexorable prédilection pour la lumière.

Mais la flamme, bondissante, tout comme l’existence, a une double vie. Derrière son éclatant masque qui nous éblouit tant, elle se consume. Elle transforme tout ce qu’elle touche, exalte en un tas de cendres grises, fumantes que le vent éparpille.

L’amour, c’est l’illusion d’un lien fort, d’une proximité unique.

C’est un fantasme qui est toujours condamné à la déception. Parce que son élan, son espoir fou cherche à nier l’altérité….et parce que cette dernière est, et demeure irréductible.

Chaque être humain est une île d’individualité, d’imprévisibilité. Une solitude sans réel remède, nostalgique de la fusion matricielle à jamais perdue.

L’amour est une recherche de gémellité qui échoue.

Quand la conscience de soi émerge, le lien ombilical prend fin.

Dès qu’il y a existence, il y a volonté opiniâtre de durée.

Les éléments simples ont leur vie, leur volonté de perpétuation. C’est sans doute celle-ci qui les pousse à s’agréger pour former des entités plus vastes et par là même plus complexes.

Mais, dès lors, leur identité se perd, se noie dans l’interaction, dans la toile d’araignée de relations qui les unit à l’ensemble formé.

Désormais, l’ensemble auquel ils appartiennent et participent possède sa propre volonté d’être, et cet équilibre, à son tour, n’a qu’une visée : se perpétuer.

Pour survivre, les éléments sacrifient donc leur liberté, voire même leur identité.

Mais qu’est-ce qui les amène à cette fascinante forme de renoncement ?

Ce qui ne laisse et ne cesse pas de me fasciner, c’est cet écart qui s’établit toujours entre l’objet basique et l’association d’objets qu’il forme, dans ce qu’elle a d’interactif et dans ce qu’elle crée de vigoureusement existentiel, de résolument autre.

Les excès nuisent à l’Homme. L’ennui, c’est qu’il ne peut s’empêcher d’en commettre. La nature lui a donné beaucoup de choses, mais pas le sens de la mesure.

La pensée donne à l’Homme l’envie de s’échapper de son corps.

Comme tout phénomène qui est, qui existe, elle est touchée par la tendance à persévérer dans son être et à rouler pour son propre compte.

Les mots aspirent à se faire solides. A remplir un espace vide.

A annihiler une distance.

A relier ce qui ne l’est plus.

Les mots s’inscrivent dans un manque. Au même titre que les addictions.

Les écrire relève de l’excès. D’un excès qui répond au manque.

Ne hait-on pas, parfois, l’Autre de nous tendre un miroir qui nous débusque ?

On communique plus facilement avec les gens qui nous ressemblent.

Est-ce une raison pour ne pas tenter de comprendre ce qui différe ?

L’intolérance nait bien souvent du besoin de communication. Du constat de l’échec de la communication avec un autrui qui conserve une altérité irréductible. On ne comprend pas, on n’arrive pas à communiquer, alors on rejette.

Tout s’évapore dans l’impermanence des choses.

Désert de mon désir

est-ce une amputation

ou, enfin, la forme achevée de la sagesse ?

Le pouvoir a toujours suscité, en moi, une forme de répulsion.

Il nécessite la marche sur trop de cadavres (au sens propre et/ou au sens figuré) pour avoir ma confiance.

Ne sommes-nous pas des marionnettes dont les lois de la nature tirent les fils ?

Et que pèse l’illusion de liberté que donne souvent l’esprit, que pèse notre « humanité » soi-disant si noble en regard de l’état « animal », auprès de forces qui nous régissent et continuent de nous dépasser complètement : l’aimantation sexuelle et le souci d’engendrer une descendance, l’égoïsme (tant individuel que groupal), le détestable appétit de domination et de pouvoir, la loi du plus fort ?

L’Homme n’est pas un ange qui se souvient des cieux mais une bête un peu folle frappée d’amnésie quant à sa nature profonde.

 

P. Laranco


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