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[France Sarkozyste] Sans-papiers : on ne les envoie pas «vers Auschwitz», se défend Klarsfeld

Publié le 25 octobre 2011 par Yes

Le nouveau président de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, Arno Klarsfeld, s’est posé en héraut de la politique du chiffre en matière d’expulsion des étrangers en situation irrégulière dans l’une de ses premières interventions médiatiques comme représentant de cette institution. «S’il n’y a pas de politique du chiffre, c’est-à-dire s’il n’y a pas d’aiguillon sur les préfets, alors les préfets ne font pas ce travail de renvoyer, non pas vers la mort, non pas vers Auschwitz», a-t-il déclaré mercredi 21 septembre sur France Inter (écouter l’émission).

«C’est pas la politique du chiffre qui est importante, a-t-il ajouté, c’est où vont les gens, est-ce qu’ils vont vers une destination fatale. Non, les Roms qui sont renvoyés, disons, en Roumanie, vont vers un pays où ils sont moins heureux qu’en France, mais c’est pas pour autant qu’ils peuvent rester en France. S’ils courent un risque, d’accord, mais s’ils ne courent pas de risque, je ne vois pas où est le problème.»

«S’il n’y a pas d’aiguillon sur les préfets, a-t-il insisté, c’est-à-dire si les préfets ne sont pas, disons, entre guillemets, emmerdés administrativement par leur hiérarchie, alors ils ne font pas le travail parce que c’est un travail qui est difficile, emmerdant, qui suscite des tracas administratifs, qui nécessite de recevoir les associations, ils se font mal voir.»

Sur la même radio, le président de la Ligue des droits de l’homme (LDH), Pierre Tartakowsky, a dénoncé des propos «désinvoltes» et «irresponsables». «Je ne crois pas que la politique du chiffre soit là pour emmerder les préfets mais elle est là pour habiller l’horreur» car «une fois qu’on a déterminé le chiffre, c’est là que l’humanité commence à reculer», a-t-il indiqué.

De son côté, Pierre Henry, le directeur général de France terre d’asile (FTDA), estime que l’intervention d’Arno Klarsfeld, qui a notamment qualifié l’Ofii de «bonne fée»«pourrait simplement prêter à sourire et relever du comique si l’immigration n’était un sujet sérieux qui requiert expertise, humanité et projet politique».

«Apparemment, poursuit-il, personne n’a expliqué à Arno Klarsfeld que nous n’étions pas dans un conte pour enfants avec bonnes et mauvaises fées, mais que l’Ofii est un opérateur du ministère de l’Intérieur, une administration de gestion des flux migratoires qui est mise aujourd’hui à contribution pour une politique de combat au service d’une stratégie électorale.»

«Arno Klarsfeld explique que ce n’est pas “mal” de renvoyer les étrangers en situation irrégulière, car la France ne les renvoie pas vers Auschwitz. Chacun appréciera le ridicule de l’argument», estime-t-il, conseillant au nouveau directeur de «potasser quelques fiches» sur la situation de pays d’origine, comme l’Afghanistan, le Soudan, le Kosovo et la RDC, sur les politiques de discrimination des Roms en Europe, sur la situation «désastreuse» de l’accueil des demandeurs d’asile en France et sur l’«insuffisance» des moyens consacrés à l’intégration.

À l’été 2006, l’avocat proche de Nicolas Sarkozy avait été nommé pour mettre en œuvre la circulaire visant à régulariser des sans-papiers dont les enfants étaient scolarisés. Son action n’avait alors pas été jugée convaincante par ses interlocuteurs associatifs notamment.


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