Retour à notre octalogie australienne ! Les reviews épisode par épisode continuent sur The Slap, et ce ne sera pas inutile vu que les évènements s'y précipitent. Nos yeux seront cette fois braqués sur Harry, celui par qui le scandale arrive puisqu'il est l'auteur de la fameuse giffle : un point de vue indispensable à notre histoire, et qui a le mérite d'arriver finalement assez tôt dans notre mini-série.
En ce qui me concerne, j'ai toujours regretté que Harry soit dépeint de façon si manichéenne : pour avoir frappé Hugo, c'est forcément qu'il a des pulsions de violence par ailleurs. Je pense que ç'aurait mieux participé au débat, puisque débat il y a, si par ailleurs Harry avait été un type totalement ordinaire.
Mais en tous cas ces pulsions sont très bien rendues dans l'épisode ; en fait, c'est certainement le mieux réalisé à ce jour, la voix-off était parfaitement à sa place, et les plans toujours parfaits. Quant à Alex Dimitriades, il était absolument impeccable ; ça faisait des années que je ne l'avais pas vu à l'oeuvre et je suis réellement impressionnée. On assistera d'ailleurs à une petite reunion entre acteurs de Hartley, coeurs à vif, mais je ne vous en dis pas plus.
Impossible de ne pas éprouver une certaine fascination malsaine pour Harry, qui est tellement à l'aise dans son rôle de mâle alpha, ou du moins est-ce ce qu'il voudrait penser. Harry avec sa femme splendide, son jeune garçon sage peut-être même un peu trop, sa maison immense, sa voiture de sport, son affaire qui roule, sa maîtresse parfaite, est effectivement le roi du monde, non ? On le suit dans les différents univers qui constituent son royaume et, chaque fois, il y est le maître incontesté.
Et c'est sans doute la raison pour laquelle il réagit si mal à l'affaire de la claque, car pour la première fois depuis ce qui semble être une éternité, il est remis en question. Par Gary, le père de Hugo, un peu ; mais surtout par Rosie... et sa vision des femmes, supposées être soumises (mais pas bêtement soumises, comme le montre sa relation avec Kelly dont il apprécie qu'elle sache aussi prendre les choses en main), en prend forcément en coup. Rosie ne tient pas son gamin, ni sa maison, ni elle-même ; pour Harry si attaché aux apparences, c'est quasiment un crime. On sent que ces deux-là ne s'entendront jamais, et quand Hector et Sandi incitent Harry à aller faire ses excuses pour que l'affaire puisse se tasser, on ne croit pas vraiment que les choses puissent s'arrêter là.
Plus que jamais les différences entre les personnages s'expriment. Je vous le disais quand j'ai commencé à parler de The Slap : ce qui est criant, c'est que ces personnes font toutes partie d'un même réseau de proches, mais en réalité, ce qui les sépare, c'est leur éducation, leur milieu socio-économique, leur vision du monde. Et entre Harry le roi du monde et Rosie la hippie blonde, il ne pourrait y avoir plus de différences. Ces deux-là sont voués à ne jamais se comprendre.
Les choses s'emballent, donc.
Rosie et Gary ont fait appel à la police et, plus tôt dans l'épisode, des inspecteurs commencent à visiter les témoins du barbecue pour recueillir leur témoignage, ce qui ne sent pas bon. Jusque là très confiant sur la tournure des choses, Harry commence à s'inquiéter et, pour ce personnage nerveux et violent, l'inquiétude ne fait rien de positif. Voilà donc Harry poussé dans ses retranchements, encore plus ulcéré par le fait que tout le monde ne se rallie pas à sa cause, en premier lieu son cousin Hector qui tente de temporiser (lui-même sous la pression d'Aisha), et qui heurte les valeurs de Harry pour qui la famille est supposée être un rempart contre l'extérieur. Harry est supposé mettre de l'eau dans son vin, mais en réalité il est trop ivre de rage contre tout le monde pour y parvenir. On n'imagine pas vraiment le mâle alpha allant s'exécuter de bon coeur devant cette femme qu'il méprise...
Pour toutes ces raisons, la confrontation avec Rosie sera un grand moment de l'épisode (qui cependant n'en comportera pas de médiocre). Si vous attendiez ce passage, vous ne serez pas déçu.
Derrière le personnage si incroyable de Rosie, qui a lui aussi quelque chose de malsain (mais on a pu le remarquer depuis le pilote), on a aussi l'occasion de voir se dessiner le personnage de Gary, et la façon dont il se sent obligé de suivre Rosie dans son délire de persécution, tout en désapprouvant sa véhémence.
Dans la collection "les petites différences qui comptent", cependant, cet épisode fait à nouveau des siennes. Par exemple, on trouve la discussion sur le clip de rap américain un peu transformée (une autre conséquence du choix de caster Sophie Okonedo) alors qu'elle était parlante sur la relation entre Harry et son fils Rocco ; de la même façon, la rencontre avec Anouk est pour autant que je me souvienne une nouveauté, qui semble être, comme l'était la semaine précédente la scène dans le bar, une façon qu'a trouvé la série d'interconnecter encore plus les personnages entre eux. Au lieu de former une sorte de chaîne, comme dans le livre, The Slap a choisi de faire former une immense toile à ses personnages. C'est un choix qui ne dénature pas l'histoire et dont la série peut jouer pour augmenter l'effet de fractionnement entre les points de vue de nos protagonistes, alors pourquoi pas ? Après tout, Anouk, nous l'avons vu la semaine précédente, ne désapprouve pas la giffle, et c'est intéressant de la voir réagir à la demande de harry de témoigner pour lui.
Le plus gênant, c'est ce qui arrive à Rocco dans cet épisode ; un peu comme le cancer de la mère d'Anouk, c'est l'occasion pour les scénaristes de s'inventer une petite mélodramatisation parallèle à la sève des personnages et à l'intrigue principale. Ce n'est pas aussi long que pour la déviation qu'avait empruntée Anouk mais je ne suis pas certaine de comprendre ce que ce passage apporte de plus.
Finalement, l'épisode se conclut à l'opposé du chapitre de Harry dans le livre. Et pourtant, ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose, simplement cela influera, nécessairement, sur le déroulement des autres chapitres et évidemment celui de Rosie.
En parlant de chapitres à venir, j'étais contente de retrouver Koula et Manolis, qui jusque là n'ont pas encore eu l'occasion de vraiment se manifester à leur plein potentiel, mais, fort heureusement, on n'a pas fini de les voir et c'est un des chapitres que j'avais le plus aimés, d'ailleurs. Ah Manolis, j'ai hâte de passer du temps en ta compagnie... Mais ne précipitons rien. En tous cas les liens de la famille grecque sont parfaitement retranscrits ; comme tant de familles méditerranéennes, on est à mi-chemin entre l'étouffement et la confiance la plus absolue dans l'opinion de la famille. C'est vraiment quelque chose qu'il ne fallait surtout pas changer et on garde bien l'esprit qui se dégageait du livre.
En attendant, dans le prochain épisode, ce n'est pas tant l'intrigue de la giffle qui devrait se développer (après tout ça a beaucoup été le cas cette fois-ci) que des intrigues personnelles, puisqu'on entrera dans la vie de Connie, notre petite adolescente. D'une autre façon, j'ai hâte aussi.
En tous cas, cet épisode "dans la tête du tueur" était absolument nécessaire au récit de l'incident. On sait bien pourquoi Harry a retourné une beigne à Hugo, mais le voir s'en justifier offre tout de même une dimension supplémentaire à cette histoire de claque. Après avoir vu comment Harry considère l'incident et traite son entourage, votre opinion vis-à-vis de la baffe a-t-elle changé, au fait ?
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Slap de SeriesLive.