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Gaz de schistes et petits arrangements moraux

Publié le 26 octobre 2011 par Chezfab

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Je soutiens à cent pour cent la lutte contre l’exploitation des gaz de schistes (ou pétrole de roches) et ce n’importe où dans le monde. Je suis plus que pour l’abrogation immédiate des permis d’exploiter (même à des fins de recherches) sur le territoire français (il en reste à l’heure actuelle 61) et ailleurs. Je suis pour qu’on laisse de grands espaces à tous pour vivre en pleine nature quand le besoin s’en fait sentir, avoir de l’eau potable, des champs pour nous nourrir. Oui et mille fois oui. Mais, parce qu’il y a un mais, j’aimerais que nous cessions les petits arrangements moraux qui nous arrangent.

Commençons par ce que j’ai pu entendre : plutôt le nucléaire que le gaz de schistes. Quelle hérésie ! C’est un peu comme choisir entre peste et choléra non ? Et pourtant, certains (j’ose espérer pas la majorité) membres du mouvement anti gaz de schistes sont sur cette ligne, prônant un « mixe énergétique » (François Hollande si tu me lis…) incluant plus de nucléaire pour pallier la diminution des énergies fossiles. Rêve de la voiture électrique (qui ne verra pas le jour en masse sans destruction de moult espaces pour la recherche de métaux rares, métaux eux même en voie de raréfaction du coup), du toujours plus assumé. Polluer les sous sols et l’eau ou rendre radioactif des pans entiers de la planète ? Drôle de choix ! D’ailleurs, avec les sacro saintes fêtes de noël qui pourraient se passer dans le noir par « manque de courant » (propagande grossière mais efficace) n’est on pas en train de faire en sorte que les esprits acceptent l’idée de nouvelles centrales nucléaires ?

Justement, voilà une interrogation intéressante : c’est bien pour exploiter des ressources pour faire rouler et voler des objets que l’exploitation du gaz de schistes est envisagée avant tout. Et donc, si le but est de lutter contre cette exploitation tout en gardant à l’idée de vivre toujours plus individuellement, avec chacun sa voiture et son pavillon, nous risquons de nous heurter à un mur ! C’est tout simplement impossible d’imaginer continuer comme aujourd’hui (ou avec encore et toujours de la croissance) et de vouloir ne pas toucher aux réserves d’énergies fossiles en sous sol.

Le rêve pavillonnaire et routier des français entraine la couverture de l’équivalent d’un département tous les dix ans de bêton / route en France. C’est un rythme qui n’est pas tenable. Mais au-delà de ça, l’étalement urbain et la surexploitation de l’espace (maison trop grandes par rapport au nombre d’habitants) entrainent une hausse de la consommation d’énergies (et majoritairement fossiles) sans précédent. Soyons logique : habiter à 50 km de son boulot et chauffer 200 m2 pour deux relève du suicide écologique plus que de la préservation de l’environnement.

C’est bien cela qui coince : la lutte contre les gaz de schistes est juste, mais elle peut très vite tourner au NIMBY de base (pas dans mon jardin, pour traduire). Et entraîner, par effet d’aubaine, un retour en grâce du tout électrique et tout nucléaire.

La réflexion entamée par les citoyens autour des gaz de schistes doit être élargie et vite. Elle doit déboucher sur des notions qui ne sont pour l’instant pas mise en avant. Quels logements pour demain ? Quels modes de déplacements ? Quelles énergies pour demain ? Autant de question qui, si elles ne sont pas soulevées et portées, risquent de donner un retour de bâton des plus désagréables.

Le logement tout d’abord doit être repensé. En termes de surface (privilégions les logements non individuels là où c’est possible) mais aussi de logique (logeons nous proches de nos lieux d’activités). Mais pour cela, nous devons nous attaquer à la spéculation immobilière et encourager la réquisition des logements vides. Avant d’envisager clairement un autre rapport à la propriété.

Le transport aussi, pour axer les choses là aussi vers le collectif dès que c’est possible (et non en jouant encore à voiture = liberté, équation fausse, énergivore et coûteuse). La liberté ce n’est pas se mettre un crédit sur le dos et des assurances autour du ventre, mais bien de pouvoir se déplacer ! Donc, retour au train, voir au vélo, marche à peid, quand c’est possible, limitation de la place de la voiture / moto, mise en place de dessertes efficientes et efficaces. Là aussi, il faut clairement repenser les choses pour diminuer la part des énergies fossiles dans nos habitudes, sans quoi, toute cette lutte ne servira pas à grand-chose (si c’est pour importer de l’huile de schistes venant de Pologne, quel intérêt ?). Là aussi, nous devons nous attaquer au lobbying et à l’inertie, prendre en main des initiatives, mettre en place du neuf, gratuit et efficace. A rêver, mais surtout à penser !

L’industrie du plastique doit aussi être repensée. Nous devons impérativement revoir nos modes de consommations de cette matière gloutonne en pétrole et dérivés. Repenser aussi les autres industries qui dépendent du pétrole et de ses dérivés (agroindustries, médicaments, etc…) en termes d’utilité et de besoins réels.

Sans une réflexion plus globale que le simple refus d’exploitation, la lutte contre les gaz de schistes sera un coup d’épée dans l’eau. Car, dans quelques temps, il sera très simple pour nos chers politiques et pour les industriels de crier que nous manquons de matières premières pour nos besoin (même si, comme en 1973, la pénurie est crée de toute pièce). Et là, vous verrez le « principe de réalité » se mettre en branle… Là c'est clairement le rôle de l'état, et ce qu'il représente, mais aussi son utilité (pour moi ... la réponse est clairement sont inutilité) qu'il faut interroger.

La lutte doit être globale, et prévoir de penser une transition vers une autre société, une révolution concrète. Sans quoi, la lutte ne servira à rien, je le crains.


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