La Tunisie donne la majorité à l’Ennahda à l’Assemblée

Publié le 27 octobre 2011 par Edelit @TransacEDHEC

La première élection libre de la Tunisie depuis son indépendance, qui a eu lieu le 23 octobre, a donné des résultats dont on peut dire sans se tromper qu’ils gênent les pays occidentaux. Ces derniers espéraient sûrement une victoire de partis progressistes tels que le Congrès pour la République (CPR), l’ « Ettakatol » (Forum démocratique pour le travail et les libertés) ou encore le Parti démocratique progressiste (PDP). Mais, et c’était prévisible, c’est l’Ennahda, le parti islamiste, qui remporte une victoire écrasante sur ses concurrents avec pour le moment 54 sièges sur 123 à l’Assemblée (sur un total de 217 sièges).

Les raisons de ce vote sont avant tout historiques. L’Ennahda est en effet le seul parti à avoir contesté le régime de Ben Ali et à avoir subi une dure répression de la part de celui-ci. Ce passé de résistant lui a donné une certaine crédibilité lors des élections, et de nombreux électeurs ont dit avoir voté l’Ennahda en hommage aux membres du parti victimes des emprisonnements, voire de torture et de condamnation à mort depuis les années 80.

La force du parti islamiste tunisien provient aussi du fait que son programme ne s’adresse pas qu’à des puristes de l’islam. Au contraire, l’Ennahda se présente comme un défenseur des libertés de la femme et non comme un parti intégriste obligeant certaines pratiques comme le port du voile. De même, son programme assez vague permet de séduire des électeurs venant de toutes les classes sociales.

Cependant, malgré sa légitimité incontestée, le parti islamiste n’a pas de majorité absolue à l’Assemblée et sera donc contraint de nouer des alliances avec d’autres formations politiques plus progressistes pour prendre la tête du pays. Ce dialogue inter parti apaisera peut-être les craintes des occidentaux quant à la compatibilité de l’islam avec la démocratie.

Rached Ghannouchi, président d’Ennahda, se veut d’ailleurs rassurant à ce sujet et présente son parti comme moderne et démocratique, refusant un islamisme radical et privilégiant un modèle de sécularisation modérée, à défaut d’un système laïc.

On peut ainsi qualifier ces résultats d’assez prometteurs pour la construction d’une démocratie tunisienne.

F.A.