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Le Messie

Publié le 27 octobre 2011 par Malesherbes

Au lendemain de cette nuit où notre président a sauvé le monde, j’ai relevé des phrases qui m’ont laissé plutôt dubitatif. Notre sémillante et si expérimentée directrice du FMI a déclaré : « on retrouve les ingrédients d’un plan un peu… un peu complet ». Pourtant, j’ai beau réunir tous les ingrédients d’un plat donné, je ne suis pas pour autant assuré de le réussir. Mais il y a pis. Madame Lagarde semble ignorer la signification du mot complet. De même qu’une femme ne peut pas être un peu enceinte, une chose ne peut pas être un peu complète : un spectacle est complet ou pas, un hôtel est complet ou pas, un avion est complet ou pas mais ni l’un ni l’autre ne saurait être un peu complet. Si notre prestigieuse créatrice de la croissance négative est aussi experte à manier les chiffres que les mots, le FMI a du souci à se faire.

Le correspondant à Bruxelles de France 2, François Beaudonnet, a de son côté prononcé ce jeudi matin une de ces phrases dont le côté paradoxal serait garant de leur validité : « un bon sommet est un sommet qui se conclut au finish ». Comme si la crainte d’un échec, l’état d’épuisement des participants, la proximité de l’aube, propices à l’éclosion d’un résultat final mal ficelé, avec de nombreux points laissé dans le vague, était préférable au murissement d’une réunion préparée avec soin par des travaux ponctués par des accords intermédiaires.

Le côté bâclé de cet accord transparaît déjà. Les banques ont accepté de participer à l’annulation d’une partie de la dette grecque. Quel est le texte, signé de la main de leurs représentants, qui matérialise cet accord ? Comment, si elles ne veulent pas respecter cet engagement, les contraindra-t-on à le faire. Les pays émergents, dont la Chine, seraient prêts participer au FESF. Il est évident que ceci ne repose sur aucun engagement, ces pays n’ayant pas assisté à cette réunion de l’Union européenne dégradée en réunion de l’Eurogroupe, dont ils ne font évidemment pas partie. Qui peut affirmer que le prochain G20 verra ces intentions se transformer en engagement ?

Et notre Messie, sauveur du Monde, infiniment plus habile en paroles qu’en actions, de déclarer que l’on a sauvé la Grèce de la faillite. Lorsqu’une entreprise fait faillite, elle peut être reprise en tout ou en partie sous d’autres formes, mais dans la plupart des cas, elle disparaît et ses salariés se retrouvent sans emploi. Dans le cas de grandes entreprises, bien souvent, leurs dirigeants, forts de cette expérience nouvelle, n’ont pas trop de difficultés à se recaser. Mais un pays ne peut pas faire faillite. La Grèce ne va pas disparaître et ses dix millions de citoyens ne vont pas disparaître dans la Mer Égée. Non, elle risque fortement d’être en défaut de paiement, de ne pouvoir faire face à ses engagements, de ne pas rembourser ses emprunts. Et c’est très exactement ce qui va se passer puisqu’on va lui annuler un peu plus de 50% de sa dette. Je ne conteste en aucune manière cette décision. Simplement je dénonce un propos mensonger. Mais dire qu’on a sauvé la Grèce de la faillite, c’est mentir. Un pays ne fait pas faillite. On vient de lui accorder un demi-défaut de paiement et on va voir si cela lui permet de se redresser.

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