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L'énigme de l'Atlantide, par E.P. Jacobs

Publié le 29 octobre 2011 par Mpbernet

Je poursuis ma relecture critique de l'oeuvre d'Edgar Pierre Jacobs.

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L’énigme de l’Atlantide est la quatrième aventure de Blake et Mortimer, après Le Secret de l’Espadon, Le Mystère de la Grande Pyramide et La Marque jaune. Elle est publiée dans le journal de Tintin à partir de 1955 en BD, puis en album début 1957. Pour l’apprécier pleinement, il convient de se remémorer le contexte politique et technologique de cette époque de grande croissance économique mondiale mais aussi de guerres de décolonisation et d’affrontement Est-Ouest. Moi, en ce temps-là, j’avais 10 ans, et je n’ai découvert la BD qu’une fois adulte. Et je me la relis régulièrement (utilisation de la forme pronominale à l’image du style d’Andrea Camilleri)  aujourd’hui, avec nostalgie et toujours autant de plaisir, en regardant plus avant entre les cases. Car ce genre de BD n’intéresse pas du tout mes petits-enfants….

Plusieurs thèmes déjà évoqués dans « Le Rayon U » sont repris ici. Ce qui frappe, c’est la fixation définitive du graphisme des personnages. Francis Blake et Philip Mortimer sont maintenant clairement dessinés, leurs visages ne changeront plus, de même Olrik et Starkey son fidèle second. Il n’a pas tellement le beau rôle, le colonel, dans cet épisode. Traître, toujours, mais il est loin d’être le seul. Le génie du mal, ici, c’est Magon. En revanche, nous avons droit à la panoplie du Rayon U : la caverne, le métal luminescent et radio-actif cette fois, le pont naturel, les ptérodactyles…Les barbares, qui ressemblent aux Aztèques du Temple du Soleil. Cependant, les traitres de l’Atlantide, composant la 5° colonne, portent à un certain moment des chapkas….éclairant, non ?

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Car il s’agit ici de la tentative de coup d’Etat d’un ambitieux, secondé par une puissance étrangère maintenue à distance par une barrière étanche. On pense au « coup de Prague » de 1948…

Les « bons » sont des sages. Leur roi, le Basileus, est représenté comme le Platon de la fresque de Raphaël « L’école d’Athènes » peinte en 1510, et la référence à Platon est explicite. Mais les éléments naturels s’avèreront les plus forts. La description du cataclysme provoqué par la chute d’un météore, avec les ravages d’un tsunami à l’échelle du monde est prémonitoire. Comme l’est aussi l’utilisation de moyens de transports comme le monorail automatique de type VAL.

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Autre « truc » qui marchera dans plusieurs autres épisodes d’E.P. Jacobs : l’appui involontaire sur le bouton rouge d’un tableau de commande qui déclenche une explosion générale…

Une réflexion salutaire sur la loyauté, l’amour de la patrie, la trahison, l’engagement. Des descriptions très réalistes de combats aléatoires, de techniques pas toujours efficaces malgré leur modernité, un substrat historique faisant référence à des mythes du fond des âges…

Pas aussi passionnant que La Marque Jaune ou le Mystère de la Grande Pyramide, mais à déguster avec le recul nécessaire.

L'énigme de l'Atlantide, éditions Bake et Mortimer 1996. 15€


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