Lydie Gabriel

'Bonjour.J’ai lu et relu, rectifié et revu, douté encore, retravaillé chaque phrase, recopié, imprimé et relié. (Comment fait on une reliure convenable d’ailleurs ?)J’ai ensuite inséré mon manuscrit dans une enveloppe de papier Kraft renforcée, comme il se doit. J’ai pris mon courage à demain et je l’ai posée bien en vue sur l’angle de mon buffet. Quelques heures : 6 mois, 3 semaines et 4 jours…J’ai hésité et recommencé. Changé l’enveloppe, et fébrilement, planqué ce nouveau « futur envoi » dans une vieille sacoche d’ordinateur, devenue, pour quelques temps, cimetière à manuscrit. La dite sacoche soigneusement camouflée dans le placard, sous quelques écharpes en laine pelucheuses particulièrement moches. J’ai fini par ressortir l’ensemble : sacoche, écharpes et manuscrit et… Et je suis venue promener mes doigts et mes yeux ici. Avec la trouille terrible qu’Antoine et ses fêlures vous laisse de marbre. Que Marc et la béance dans laquelle il sombre, ne vous touche pas, que la Princesse, diaphane fleur fanée, vous laisse indifférent(e), J’aimerais tant que vous puissiez les accompagner dans leur étrange chassé croisé, leurs échardes de peine et leurs furieux espoirs. Comme autant d’aiguilles, enfin trouvées, dans une meule de vie. J’aimerais tant que vous les aimiez tous, un peu.
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