Visite rituelle au cimetière

Nous sommes encore nombreux à aller fleurir les tombes  de nos morts et à penser à eux encore plus tendrement que d'habitude. Le cimetière est beau , fleuri de multiples couleurs, les teintes mordorées des chrysanthèmes et le rouge des bégonias. Ce n'est pas triste de s'y promener , d'autant qu'on rencontre toujours des amis venus pour la même occasion.En ce samedi 29 octobre 2011, par un temps estival, j'ai porté mes chrysanthèmes .

23 millions de chrysanthèmes en pots sont produits en France chaque année. Un quart de la production provient des départements du Nord (14,2 %) et du Maine-et-Loire (11,3 %), les trois quarts restants étant répartis sur l'ensemble du territoire métropolitain. Sur le plan régional, le Nord-Pas-de-Calais est le premier producteur, suivi des Pays de la Loire, du Rhône-Alpes, et de la Bretagne.

J'ai rencontré une amie d'enfance que je n'avais plus vue depuis longtemps : Monique Pélissier-Bernard qui m'a dit être une fidèle lectrice du Toupin et aimer particulièrement lorsque le Toupin évoque la vie d'autrefois , quand on allait chercher l'eau à la fontaine ou quand on allait laver le linge au lavoir....Monique , moi aussi j'ai été très contente de te revoir.

J'ai rencontré également Jeannot Teisseire venu  fleurir la tombe de sa femme , décédée il y a quelques mois. Jeannot c'est aussi un ami d'enfance. Il habitait alors à Mourjaï avec ses parents avant de vendre et d'aller s'installer à Draguignan. Ils étaient intimes avec Justinien et Rosette Troin , mon parrain et ma marraine. Des Vergelins à Mourjaï , ce n'était pas loin pour se rencontrer.

J' aime me promener dans les allées , voir les noms de personnes connues et même les photographies des disparus . J'ai reconnu M et Mme Pellapore qui ont compté au village, lui qui travaillait comme maréchal-ferrant à la forge et elle qui fut une des premières centenaires à Ampus.
"Mais Rosette , pourquoi tu nous racontes cela qui n'intéresse plus personne ?
-Parce que j'en ai envie. Un blog est un journal intime où l'on raconte ce que l'on veut.
Et qui parlerait , sinon moi , de ces Ampusians ? C'est leur mémoire que je sauvegarde. Tant qu'on parle d'eux , ils sont vivants. Simone, Henriette , Emile ,Rosette , Justinien...., je vous aime."

Pour terminer sans trop de tristesse , lisons la chanson de Brassens , "Le testament"

(Paroles et musique: Georges Brassens, 1954)

Je serai triste comme un saule
Quand le Dieu qui partout me suit
Me dira, la main sur l´épaule
"Va-t´en voir là-haut si j´y suis"
Alors, du ciel et de la terre
Il me faudra faire mon deuil
Est-il encor debout le chêne
Ou le sapin de mon cercueil

S´il faut aller au cimetière
J´prendrai le chemin le plus long
J´ferai la tombe buissonnière
J´quitterai la vie à reculons
Tant pis si les croqu´-morts me grondent
Tant pis s´ils me croient fou à lier
Je veux partir pour l´autre monde
Par le chemin des écoliers

Avant d´aller conter fleurette
Aux belles âmes des damnées
Je rêv´ d´encore une amourette
Je rêv´ d´encor m´enjuponner
Encore un´ fois dire: "Je t´aime"
Encore un´ fois perdre le nord
En effeuillant le chrysanthème
Qui est la marguerite des morts

Dieu veuill´ que ma veuve s´alarme
En enterrant son compagnon
Et qu´pour lui fair´ verser des larmes
Il n´y ait pas besoin d´oignon
Qu´elle prenne en secondes noces
Un époux de mon acabit
Il pourra profiter d´mes bottes
Et d´mes pantoufl´s et d´mes habits

Qu´il boiv´ mon vin, qu´il aim´ ma femme
Qu´il fum´ ma pipe et mon tabac
Mais que jamais - mort de mon âme
Jamais il ne fouette mes chats
Quoique je n´aie pas un atome
Une ombre de méchanceté
S´il fouett´ mes chats, y a un fantôme
Qui viendra le persécuter

Ici-gît une feuille morte
Ici finit mon testament
On a marqué dessus ma porte
"Fermé pour caus´ d´enterrement"
J´ai quitté la vie sans rancune
J´aurai plus jamais mal aux dents
Me v´là dans la fosse commune
La fosse commune du temps