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Crise en thèmes

Publié le 31 octobre 2011 par Alteroueb

Pas un chat dans la rue ce matin, des rues quasi désertes, et les rares automobilistes ne manifestaient guère l’entrain habituel. On aurait dit un matin d’août, la torpeur estivale et la lumière en moins. Un sourire malicieux me vient : ce serait beau, une France en grève, une de ces journées où tout s’arrête, même la circulation, même les nuages. Les motifs ne manquent pas. D’ailleurs, tout le monde se plaint, parfois avec une véhémence qui fait peur. Une grève aurait été décrétée sans que je sois au courant ? Malheureusement, ce n’est que le pont de la Toussaint, et je m’en vais au boulot, tout seul, assurer une inutile permanence puisque mon administration est fermée…

Crise en thèmes
Pas de grève générale, donc, mais il y en a un mouvement social en cours, et il fait couler un peu d’encre. 4 syndicats ont maintenu leur préavis déposé le 10 octobre et appelé les PNC (personnel navigant commercial) à cesser le travail pour le long week-end de la Toussaint afin de protester essentiellement contre un projet de diminution du nombre de personnel à bord des avions, et des modifications des modes d’évaluation des hôtesses et stewards durant leur vol. Il y a aussi quelques rancoeurs concernant la création de bases en province que les syndicats n’ont pas approuvé.

Etant très loin de la chose aérienne, je n’ai franchement pas d’avis sur les questions soulevées. J’imagine facilement que voir ses conditions de travail se dégrader, même avec un statut de navigant chez Air France, avec tout l’aspect «de caste privilégiée» qui s’y attache, cela puisse faire réagir. Je perçois sans peine l’intransigeance de cette catégorie de personnel quand les questions de sécurité sont abordées, ce qui semble bien être le cas. Je retiens juste la date du dépôt du préavis : le 10 octobre.

Depuis cette date, rien ne s’est passé. Rencontres, négociations, discussions, on appellera cela comme on veut : c’est un dialogue de sourd, dans le meilleur des cas, qui a prévalu. Pendant ce temps, le spectre du voyageur, perdu dans son aérogare, personne n’en a eu cure… Appuyé par la classe politique aux commandes, la direction a ensuite beau jeu de crier à la prise d’otages. Mais Air France oublie un peu vite qu’elle est partie prenante dans le conflit, et que la situation résulte autant de son inaction que de celle de ses salariés, et les voyageurs en carafe seraient bien avisés de ne pas l’oublier.

Le matraquage en règle, habituel en pareil cas, a produit ses effets. Une certaine presse crie au scandale des grèves à répétitions. Le ministre des transports l’a jugé «irresponsable». NKM a dénoncé la période choisie, allant jusqu’à ce qui pourrait s’apparenter à des menaces : «il y en a (des compagnies NDLR) qui ont disparu». Une grève sans aucun impact, qu’on aperçoit plus, c’est le rêve ultime pour les ministres et le MEDEF, mais ce ne sera jamais la solution.

La solution n’est pas l’instauration du service minimum cher à Xavier Bertrand. La solution, la seule, est que les protagonistes s’écoutent et se parlent, afin que personne ne soit plus «otage». Quoi qu’on en dise, salariés et entreprises ont des intérêts communs. Le bien-être des uns déteint sur la santé des autres et la profitabilité réciproque s’étend alors à l’ensemble de la société. C’est une évidence. Mais la période actuelle est tout à l’opposé de ce tableau un peu simpliste mais réel : à force de stigmatiser sans cesse telle ou telle catégorie de personnes, souvent les plus fragiles, on a divisé les français à peu près sur tout les sujets, et créé des clivages irrémédiables, avec un manichéisme maladif. On a détruit la solidarité en y substituant l’individualisme forcené, et depuis 2007, le mouvement s’est considérablement amplifié… Cette mauvaise danse me donne le tournis jusqu’à la nausée.

Donnez-moi encore des bonbons, ou je vous jete un sort !


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