"Bébés congelés": le procureur demande les assises pour Mme Courjault, non-lieu pour le mari

Publié le 27 février 2008 par Willy

Jean-Louis et Véronique Courjault devant la presse, le 22 août 2006 à Tours


TOURS (AFP) - 26/02/2008 - Après plus de quinze mois d'enquête, le procureur de la République de Tours a demandé mardi le renvoi devant la cour d'assises de Véronique Courjault dans l'affaire des "bébés congelés" et un non-lieu pour son mari Jean-Louis.

Si le juge d'instruction chargé de l'enquête suit l'avis du procureur Philippe Varin, le procès de Mme Courjault pourrait se tenir à Tours d'ici à la fin de l'année.

La mère de famille de 39 ans est écrouée à Orléans depuis le 12 octobre 2006 à la suite de sa mise en examen pour "assassinats" après avoir avoué trois infanticides: ceux de deux bébés nés en septembre 2002 et décembre 2003 alors que le couple vivait à Séoul, et celui d'un nouveau-né mis au monde clandestinement au cours de l'été 1999 en France.

Son époux, qui avait découvert les corps des deux bébés congelés à Séoul, a été mis en examen le 12 octobre 2006 pour "complicité d'assassinat" et laissé en liberté.

Mais après près d'un an et demi d'enquête, le procureur a estimé que Jean-Louis Courjault, qui vit en Touraine avec les deux enfants du couple, devait bénéficier d'un non-lieu.

M. Courjault a toujours affirmé avoir ignoré les grossesses de sa femme, qui a également assuré les avoir gardées secrètes.

L'avocat du mari, Me Marc Morin, a noté mardi "avec satisfaction que le procureur a su modifier son opinion" vis à vis de son client. "C'est une étape importante mais attendons la décision du juge d'instruction qui reste la clef de voûte de ce dossier".

La décision du procureur "résulte d'éléments nouveaux dont il n'avait pas connaissance au début. Le juge d'instruction a fait des recherches très importantes", a précisé l'avocat.

La mise en examen de M. Courjault avait été demandée par M. Varin qui, tout en reconnaissant qu'"il n'y a pas d'éléments concrets contre lui", avait estimé qu'il "ne pouvait pas ne pas savoir" que sa femme était enceinte.

"Mon client a toujours crié son innocence et il faut revenir à un élément clé du dossier: quel aurait été son intérêt de dénoncer la femme qu'il aime?", a demandé mardi Me Morin.

Les experts ayant rencontré M. Courjault ont estimé que ce dernier était "sincère, crédible, pas manipulateur". "Il n'est pas paranoïaque. Il ne manifeste pas de tendance à la dissimulation", selon eux.

Les experts ne seraient en revanche pas d'accord concernant Véronique Courjault puisque leur rapport parlerait à la fois de "déni de grossesse" et de "mensonges".

Le procureur a précisé mardi que "la notification de l'acte de procédure" ouvrait "un délai de 10 jours aux fins d'observations à l'issue duquel le juge d'instruction peut prendre une ordonnance de clôture qui est susceptible de recours devant la chambre de l'instruction de la part des parties et du procureur général".

En janvier, la procureure générale auprès de la Cour d'appel d'Orléans, Gervaise Taffaleau, avait déclaré que le procès devrait "se tenir avant la fin de l'année 2008".