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Vol et arnaque sur Internet : un réseau opère à partir d’Abidjan

Publié le 01 novembre 2011 par Samomoi

Un site de rencontre sur le net

La cybercriminalité gagne du terrain en Côte d’Ivoire… Les cybercrimnels sont de mieux en mieux organisés et font preuve de beaucoup d’imagination. La quasi-totalité des cybercafés d’Abidjan sont devenus leurs repères. D’où à partir de l’Internet ils anarquent de nombreuses personnes. Notamment des européens. Et le fruit de ce vol se chiffre à des centaines de millions. Les escrocs utilisant des méthodes aussi ingénieuses qu’inimaginables. Ainsi, comme on pourrait être tenté de le croire, la cybercriminalité n’est pas virtuelle. Les crimes se produisent dans le monde réel, et impliquent des personnes et de l’argent tout aussi réels.

Un réseau qui opère à partir d’Abidjan

Au mois de mars dernier, Abidjan avait été couvert de l’affaire d’un réseau de voleurs de voitures. Des enquêteurs français avaient même débarqué à Abidjan pour y voir plus clair. Car le réseau qui serait dirigé par un certain Tiacoh, était soupçonné de vol de près de 300 grosses cylindrées, via Internet, à partir des chèques en bois. A ce propos, de nombreuses plaintes avaient été déposées contre la Côte d’Ivoire. L’ampleur des dégâts est donc très importante. Ce qui n’est pas sans conséquence pour la Côte d’Ivoire. En effet, cette pratique sur le territoire ivoirien vaut à notre pays d’être fichée comme l’un des pays les plus dangereux, en matière de cybercriminalité.

Pour mieux comprendre ce fléau, il faut noter que plusieurs procédés malhonnêtes sont utilisés pour gruger des associations, des amoureux ou des hommes d’affaires. Ce genre de vol organisé prospérait déjà autour des années 80 dans le milieu des immigrés africains en Europe, avec notamment des vols de cartes de crédit. La pratique va être exportée vers la Côte d’Ivoire par les Nigérians vers les années 90. Mais c’est surtout durant la période de la crise de 2002, que le phénomène va prendre de l’ampleur. Notamment, grâce au mouvement « Coupé-décalé ». Qui, faut-il le rappeler, signifie « voler puis détaler ». La police économique qui révèle que les préjudices atteignent des centaines de millions de F Cfa, avoue son impuissance à cause du vide juridique en la matière en Côte d’Ivoire.

Le « phishing » ou l’hameçonnage

Les méthodes utilisées par cybercriminels sont aussi ingénieuses les unes que les autres. Le hameçonnage consiste à exploiter la crédulité des internautes en lançant un « filet » par un envoi massif de courriels non sollicités, afin de rabattre les internautes vers de faux sites Internet bancaires ou d’achat en ligne. Si cette technique n’est pas très compliquée à mettre en place, la difficulté, en revanche, réside dans la récupération des fonds. Dans ce cas, les « malfaiteurs » ont besoin de l’intervention de quelqu’un pour servir d’intermédiaire local afin de transférer les fonds. Contacté par mail, il lui est généralement promis entre 5 % et 10 % des sommes transférées.

Le jeu du qui gagne perd 

Comment gagner à un tirage au sort d’un jeu auquel on n’a jamais participé ? C’est à ce genre de « qui gagne perd » que nous invitent les différents mails qui inondent nous boites électroniques. Ces mails dont il faut se méfier, s’apparentent aux fameux scams, spams et autres hoax. Qui sont, généralement, des emails publicitaires, mais qui cachent bien des arnaques… En effet, ces jeux sont « organisés » par Coca-cola, Microsoft, Bill Gates Fondation, Global Lotto Promo, etc. Pour recevoir son gain, on vous demandera des informations sur votre identité et un numéro de compte bancaire afin de créditer la somme que vous auriez gagnée. Puis, on vous demandera des sommes toujours plus importantes pour les frais de dossier, les honoraires de l’avocat, du notaire, et patati et patata.

D’autres emails, sont intitulés « Urgent et Confidentiel ». Ils émanent très souvent d’une veuve de milliardaire décédé, d’un fils d’ancien chef d’Etat africain ou simplement d’un agent de la BOAD au Burkina-Faso qui vous demande de l’aide pour sortir illégalement une très grosse somme d’argent d’un pays. Il vous suffit de donner votre numéro de compte en banque afin que l’argent y soit versé. En échange, vous toucherez une commission sur cette somme.

L’arnaque, dit-on n’est pas nouvelle. Elle existait bien avant la vulgarisation d’Internet. Elle se faisait alors par courrier postal ou par fax. C’est la situation de clandestin des immigrés, notamment ouest-africains en Europe, qui les a poussé à se tourner vers le « crime économique ». Aujourd’hui, les spams qui viennent d’Afrique de l’Ouest inondent la Toile. La compagnie anglo-saxonne Brightmail, qui développe des filtres anti-spams, classe le spam nigérian et ivoirien parmi les dix plus recensés dans le monde.

« Le Mougou » 

Cet autre procédé d’escroquerie consiste à se connecter sur les sites de rencontres, tels 123love.com, capfriend.com, meetic.com, rencontreserieuse.com, en se faisant passer pour une belle jeune fille afin d’avoir des correspondants à travers l’Occident. Le but de l’opération est d’utiliser cette correspondance amoureuse pour soutirer de l’argent aux Blancs qui voudraient avoir des africaines comme compagnes. Dès que le choix est fait, les « amoureux » décident alors de se rencontrer sur Yahoo Messenger, ou sur Msn. « Après que la communication soit ainsi établie entre ton « Blanc » et toi, tu pourras lui faire la promesse de le rejoindre en Europe. A cet effet, il suffit de lui envoyer par mail un faux passeport et un faux visas afin qu’il participe aux frais du voyage », explique avec fierté Franck, un internaute de Yopougon.

Une fois l’argent demandé expédié, le « mougousseur » a recours à une autre technique frauduleuse pour retirer l’argent. En effet, pour retirer l’argent subtilisé à son « amoureux », il va d’abord lui proposer une compagnie de transfert d’argent. Comme il est de coutume, la plupart de ces compagnies de transfert d’argent, exigent pour tout retrait d’argent de remplir certaines formalités. Notamment le nom et prénom du bénéficiaire, le code d’envoi, la question et réponse que l’expéditeur aura communiqué au préalable au bénéficiaire. L’argent ayant été transféré sous un nom féminin, il suffit au « mougousseur » pour le récupérer, de photocopier une vraie pièce d’identité. Sur la photocopie, il met la photo que connaît le blanc via le net, y inscrit le nom de « la bénéficiaire », la re-photocopie et la présente enfin à l’agent du guichet. Le plus important dans l’opération, c’est la complicité de certains agents de l’agence de la compagnie de transfert. Au parfum de la démarche, ils n’hésitent pas à faire participer la guichetière moyennant un pourcentage de 10% sur la somme à retirer.

C’est ce qui est arrivé à un français qui, croyant avoir la femme de sa vie, s’est rendu compte, après avoir été arnaqué à hauteur de 15.000 euros (environ 10 000 000 F cfa), qu’il avait plutôt affaire à des escrocs en ligne.

Ces chiffres qui font peur !

On n’arrive pas encore à quantifier les cas enregistrés dans le cadre de ce phénomène… Les réseaux constitués sont, aujourd’hui, incontrôlables. Malheureusement, l’arsenal juridique pouvant permettre de maîtriser la cybercriminalité est quasiment inexistante… « Chaque jour, des centaines de personnes sont victimes d’arnaque, en tombant dans le piège des commerçants fictifs », révèle en substance un agent de la police économique. « Les arnaques se sophistiquent, avec la propagation des vers informatiques, sortes de programmes espions, conçus pour piller les coordonnées bancaires, des listings de clients d’entreprise ou des données d’état civil précieuses pour la confection de faux documents » nous indique l’officier de police.

Devant l’ampleur inquiétante qu’a prise cette fraude lucrative, les spécialistes en la matière ont tiré la sonnette d’alarme. Surtout que la Côte d’Ivoire, a souligné le Directeur Général de l’ATCI, Sylvanus Kla, est l’un des pays qui envoient le plus de Spam et de messages d’escroquerie sur le Net. « Les escroqueries et abus de confiance sur Internet ont augmenté de plus de 80% en une année », s’est inquiété Monsieur Sylvanus Kla. Comme on le voit, la cybercriminalité se professionnalise de plus en plus. Alors, si les Etats puissants s’unissent pour contrer le fléau de la Cybercriminalité, qu’en est-il de nos Etats africains, et plus précisément de la Côte d’Ivoire ? Un pays où cette pratique pourrait réellement tuer l’économie.

Serge Grah

Source:  sergegrah


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