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Poïémique 2 : talent, impertinence, intelligence...pratique en France ?

Publié le 01 novembre 2011 par Tudry

« Qu'il s'agisse d'un pays disposant de tous les expédients de la force, ou qu'il ait nom Beethoven, ou Bach – l'organisme souffre de n'avoir pas atteint la plénitude de la vie. » (Vladimir Odoïevski, Notes sur Les Nuits russes)

Tel que je le perçois et ressent, Benjamin Biolay et Michel Houellebecq sont, chacun dans sa sphère, les noms de l'incarnation de l'épuisement incarné. La pathologique immaturité qu'avait ressenti et incarné Witold Gombrowicz est inscrite et de plus en plus profondément, dans la chair des générations actuelles.

Voire l'importance accordée par Houellebecq aux sensations et frustrations (non guéries, indépassables) de l'adolescence dans Extension du domaine de la lutte. Voire le caractère non-mature de presque toute la génération Biolay, et l'impact de ce que ceci implique dans ses chansons... (Histoire d'un garçon...)...

Avec ceci une certaine réjouissance à citer les noms-marque (mais un « nom » peut-il vraiment être autre chose au jour de notre aimable aujourdemain ?) de différents psychotropes. Georges Steiner a bien raison de statuer l'évidence que les pharmacopées qui « guérissent » transforment aussi immanquablement la personnalité de celui qui les ingère. Il convient de bien considérer ceci que les gélules que nous absorbons ne sont, le plus souvent, que les transporteurs des substances véritablement actives (bientôt-maintenant, des nano-organismes implantés s'en chargeront plus imperceptiblement encore..., n'ayez crainte !). Considérons bien que les livres ou les « disques » (pour autant qu'ils existent encore vraiment) sont aussi cela pour les idées et les mots... Nos actuelles générations savent encore, avec talent (parfois), se plaindre des maux qu'elles s'infligent, mais elles savent aussi, avec le même talent (souvent), hisser ces plaintes au rang d'idoles inamovibles, s'aveugler sur les origines de leurs maux, et même, prendre les maux (pires que les actuels) pour de salvifiques cures et les vrais remèdes pour les origines de tout mal... !

*

« Vivre d'espoir fait vivre... » (B. Biolay)

Dépossédée, trop « incarnée » et désanimée, cette génération peut bien, par les « meilleurs » d'entre elle, constater, analyser, chanter, écrire, poétiser ce « décollement », cette distance anesthésiante et néantisante, elle demeure marquée, tatouée, scarifiée... Les implants sous-cutanée sont les stigmates du vide ambiant qui pousse à s'emplir, génératiON de l'anorexie mentale ET de l'obésité (cauchemardée et vécue...).

Le talent et l'intelligence ne conduisent pas nécessairement à la clairvoyance. Ainsi des « engagements » politique de Biolay (comme des critiques parfois justes, toujours stériles, des Redeker, Finkielkraut, Camus... - avec lesquels Biolay ne pourrait être qu'en désaccord, mais « moralement » seulement, forcément moralement...). Relevant bien, malheureusement, de cette inculture politique, décérébrée autant qu'invertébrée, ayant plus à voir avec une petite morale bourgeoise de collabo-libéral, festivus-festivus malgré lui, qu'à une véritable et brulante compassion. La « justice sociale » et la « fraternité » DANS le marché, c'est être affreusement aveugle tout en prétendant être prophète, c'est proprement l'aveuglement de celui qui prétend voir la vraie couleur du vrai quand il est daltonien. C'est le camouflage irréflexif du moraliste atteint de nanisme qui dit ne pas devoir discuter avec vous car vous êtes « méchant » (le méchant peut être celui qui dénonce l'hypocrisie de l'immoralisme des actuels moralistes -qui ne veulent pas être nommés) ! DSK, nouveau hérault des pauvres-amoureux inféodés au marché, sait bien que la « lutte des classes » ne se conçoit « qu'au dessus de la ceinture » et se défait en-dessous, hédonisme nihiliste se parfumant au marxisme (parce qu'il le vaut bien !! et qui, finalement, rejoint très logiquement Onfray – malgré-à cause de sa dénonciation elle-même)...

Biolay comme « Manset » chosifié, marchandisé, enfin docile aux encodages labellifiant !

« Si jamais je suis l'un de vous

je ne serais pas un atout... »

(B. Biolay)

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Autre convergence « politique », anecdotique certes, mais néanmoins paradoxalement révélatrice, la proximité, plus ou moins longue des deux artistes avec le « couple » qui tient, actuellement la première place en république de France... Bicéphale tout à fait emblématique de la fusion-avec-confusion qui fait la plus fine essence de la démocratie. Fusion de l'emblématique amour de l'argent sans honte, inculte et l'assumant, brutal et prêt à assurer-prononcer tous les discours pour l'assumer mieux avec le même amour désirant, voluptueusement se caparaçonner derrière les mots-boites noires de « justice sociale », altruisme... et (surtout, surtout) peuple, art, culture, poésie...

L'essence mortifère de la démocratie est dans le mélange et la con-fusion. Dans le syncrétisme, le dédoublement... Sa schizophrénie essentialiste (le double DSK-Onfray, par exemple, ou DSK-Finchelstein -Lipovetsky du « pauvre »...) ne peut que déboucher sur la neurasthénie la plus palpable, la plus corporisée, la plus incarnée... Un combat contre l'âme, l'actuelle volonté-douce-comme-l'acier, du grand mélange multimétissculturel c'est, après la confusion mélangiste du langage, celle des corps... Le sensualisme désabusé, que nos deux artistes savent si bien « chanter », est le résultat de ça, de ce refus de l'antinomisme foncier de la Vie et de la Vérité. Ou, bien plutôt, de l'acceptation de son inversion intensifiée... Tout le problème est que l'art ne peut plus qu'accompagner ce mouvement...

Biolay comme preuve vivante de la mise sous tutelle du « poète-musicien », à genoux devant l'autel du clientélisme, à la fois rebelle-chic et soumis économiquement aux « anciens » (sous prétexte d'un « authentique » - donc criminel – respect pour leurs « oeuvres »...).

« Déçu de vous, déçu de nous,

Je ne crois plus en rien du tout. » (B. Biolay)

Le poète ne c'est pas fait voyant (mais, et c'est rassurant, LE Rimbaud adulé ne sut pas, malgré tout, le faire non plus...) ! Nous pourrions, avec une tendre compassion lui répondre : « Mais ce en quoi tu as cru fut précisément : rien... ».

Biolay en Rimbaud électrique micheldruckerisé... ! Preuve vivante de l'écrasement par l'industrie disquesque-livresque (c'est tout un, ce mode de commercialisation-incarcération par l'objet...) du poète-chantre...

*

Rimbaud, qui voulut être voyant, a fuit la vision qui l'a pourchassé par la suite... On veut tout renverser tel le Christ dans le Temple avec les marchands et l'on croit que le Christ doit être et peut être renversé, et on se construit la-dessus... ON refuse de voir que ses « meilleures » intuition « puent » le Christ, on l'attache plus solidement au bois de la croix et on hurle avec les loups... soupirant après Lui, on hurle quand même « Barrabas » et on se croit fort et on croit lutter « contre »... sans voir, pov'voyantaveuglé, qu'être « contre » ce monde c'est être avec... (« Qui n'est pas contre vous est avec vous », mais « Qui qui n'amasse pas avec moi est contre moi... » !!)

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Pauvres héritiers qui, acceptant l'héritage, s'évident encore les poches...


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