Pas sûr que l'école de Stuttgart, son sens de la composition ultra géométrique et son goût du noir et blanc l'eût reconnu, celui là. Mais il n'empêche, Fred Herzong est bien né à Stuttgart, en 1930. Ayant perdu père et mère durant la guerre, Herzog débarque au Canada en 1952 et, après de brefs séjours à Toronto et Montréal, il finit par s'établir à Vancouver qui, si j'en crois mes maigres connaissance en la matière, n'est pas précisément l'un grands sols fertiles de l'histoire photographique.
C'est pourtant là que va éclore le talent du jeune immigré. Dès 1953 il commence à photographier les rues de Vancouver. A partir de 1957, il documente systématiquement les quartiers populaires de grandes villes d'Amérique du Nord et du Mexique, produisant, à peu près en même temps que Saul Leiter à New York, une oeuvre extrêmement vive et coloré et pourtant violement mélancolique. De nombreuses images font penser à ce qu'un Edward Hopper aurait pu peindre de la vie populaire des grandes villes, s'il s'y était intéressé. D'autres rapportent crûment une réalité violente, d'autres encore y ajoutent la touche d'humour - et de couleur parfois - qui fait entrer l'image dans la légende.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que le bonhomme est longtemps resté en dessous des radars artistiques. D'une part parce que l'image couleur était à l'époque considérée comme à peine digne d'être employée en publicité, et encore, pour les pâtées pour chien, d'autre part, plus bêtement, parce que pour de bêtes raisons économiques, Herzog utilisait principalement des pellicules diapo Kodachrome qui rendaient ses images difficilement exploitables en galeries. Ajoutez à celà le fait de vivre et travailler au mauvais bout du Canada, loin de tous les grands centres artitisques et vous comprendrez qu'il ait fallu si longtemps pour découvrir l'artiste.
Sa première exposition personnelle s'est tenue en 1986 et, depuis, les amateurs ont eu le loisir, sinon d'admirer ses images sur place, du moins de se procurer l'un des quelques livres qui ont été consacrés à son travail.
Sources : By the way, Fantomatik, Wikipedia