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[Europe - Démocraties] référendum grec : « L’importance des difficultés rencontrées demande une remise à plat des démocraties nationales » | BFM Business

Publié le 03 novembre 2011 par Yes

Jean-Luc Sauron, professeur de droit européen à Dauphine et vice-président du Mouvement Européen France, revient sur l’annonce explosive du référendum grec et ses conséquences au niveau européen.

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Fabrice Lundy : Après l’annonce de ce référendum en Grèce lundi soir, séisme un peu partout. Séisme sur les marchés, séisme politique. La décision de George Papandréou est légitime, il a parfaitement le droit de demander un référendum, mais est-ce que ce n’est pas irresponsable dans le contexte actuel ? Pourquoi il fait cela ?

Jean-Luc Sauron : Je crois qu’il est bloqué en interne, avec une majorité politique qui se réduit de semaine en semaine, et une population qui refuse massivement le plan. Il y a je crois plus de 70 % des Grecs qui refusent le plan et il faut être très clair, une opposition qui est totalement irresponsable. C’est elle qui a mis le pays en partie dans la situation dans laquelle il est, qui a refusé de voter les premiers plans d’austérité et qui dit maintenant : si je suis au pouvoir, je vais renégocier les plans. Or, il n’y a rien à renégocier.

Retour à l’envoyeur, puisqu’aujourd’hui le chef de file de l’opposition conservatrice, M. Samaras, qualifie Papandréou de « responsable dangereux ». Aujourd’hui, on ne s’épargne pas les petits qualificatifs. Est-ce que Papandréou peut rester au pouvoir ? (…)

Je crois que les hommes politiques grecs doivent prendre conscience que nous sommes tous dans le même bateau. Qu’il y ait une souveraineté grecque qui s’exerce, c’est évident, mais il faut véritablement qu’ils ne rajoutent pas  la crise à la crise. Papandréou a posé une proposition de référendum : le référendum n’est pas encore lancé parce que le Parlement doit se prononcer sur le plan donc il n’est pas mécanique. On parle beaucoup aujourd’hui comme s’il était sûr et certain mais ce n’est pas le cas.

Ce qui n’est pas le cas parce qu’il n’a pas la majorité : il lui faut 150 voix et il ne les aurait pas ?

Il est en train de les perdre.

Spécialement depuis ce matin où on voit sa majorité qui se fissure. On le disait, ce référendum est légitime. Il y a des questions internes qui se posent. Mais est-ce que c’est très loyal, compte tenu des efforts de cet accord qui a été concrétisé, conclu aux forceps très tôt jeudi matin ? Est-ce que c’est loyal vis-à-vis de Merkel, Sarkozy et les autres ?

La situation se résume un peu dans une formule ancienne en France, qui est « la dépendance dans l’interdépendance ». Chaque Etat-membre de l’Union européenne garde sa souveraineté, son indépendance, sa capacité à juger finalement de ce qu’il fait. Mais nous sommes interdépendants.

Le petit reproche que je ferais à Papandréou, c’est de ne pas se rappeler qu’il n’y a plus de problème gréco-grecs. C’est-à-dire que toutes les décisions prises par chacun des 27 gouvernements de l’Union a des répercussions sur les 26 autres.

J’entends bien, mais lorsqu’Angela Merkel se rend à Bruxelles, elle sollicite un mandat du Bundestag – qu’elle a d’ailleurs obtenu assez largement mercreid matin. Est-ce que Papandréou n’aurait pas pu par exemple demander un vote de confiance au Parlement grec avant de se présenter mercredi soir à Athènes plutôt que dire cinq jours après, à la surprise générale, qu’il allait demander un référendum ? Ce n’est peut-être pas très correct ?

Ce n’est pas un problème de correction. Je pense que la crise grecque pointe en réalité que tout la crise européenne est avant tout une crise de démocratie de chacun des 27 Etats. Vous dites que Merkel est venue avec un mandat. Non seulement elle est venue avec un mandat, mais ce mandat a été préparé par les trois partis de la majorité et les trois partis de l’opposition qui ont préparé Merkel.

Quelle démocratie dans les 26 Etats ? Je crois en effet que le problème, c’est que l’importance des difficultés rencontrées demanderait une remise à plat des démocraties nationales. Il faut soigner, rétablir les démocraties nationales. Aujourd’hui c’est les Grecs, hier cela a failli être les Slovaques, avant-hier c’était les Français qui avaient bloqué la constitution européenne. On voit bien que c’est une machine où la démocratie nationale a des ratés, ou plus exactement les modes de décision nationale ne sont pas forcément adaptés à la contrainte d’être, de vivre ensemble dans un espace des 27.

(…)

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