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Suicide ?

Publié le 03 novembre 2011 par Vonric Vonric

*Coup de gueule*"Le gouvernement grec, à bout de souffle, vient de choisir le suicide politique" écrit Autueil. "La Grèce gagnée par la folie" lance la journaliste du journal de 13h de France Inter.

Mais oui, ce sont des malaaaaaaaaaaades !

Pouce, on peut arrêter de dire des conneries ? Bon je passe sur le fait que la Grèce ne peut pas faire faillite, contrairement à ce que répètent à longueur de temps journalistes et politiques : la faillite c'est quand on saisit vos biens ; or on ne peut pas saisir l'Acropole (ou alors il faut une guerre !). Par contre oui, ils peuvent faire défaut. En fait ils font déjà défaut, c'est à dire qu'ils ne payent plus leur dette.

Tout le reste, ces ronds de jambe autour du vocabulaire : presque faillite, défaut théorique... c'est tout simplement pour parce que s'il y a officiellement défaut, alors les garanties de prêts se mettent en œuvre, les fameux CDS (Credit Default Swap) qui "assurent les prêts".  Et les fonds de pension, les Hedge Funds anglo-saxon qui les possèdent empochent l'argent. Des milliards... bingo les fonds spéculatifs. Donc surtout ne pas prononcer le mot !

Bon par ailleurs, j'aimerais qu'on m'explique comment un membre de l'euro fait de façon pratique pour changer de monnaie et quitter la zone. Merci d'expliquer:

  • 1ere étape,
  • 2e étape... 

Ce soir Europe 1 Soir interrogeait des "experts" sur ce qui se passerait "si" la Grèce sortait de l'euro. 15 minutes... et on n'en sait pas plus. Il faut 2 semaines pour imprimer des billets dit l'un ... sans expliquer ce qui se passe entre temps ? Il faudra l'armée dit l'autre... sans dire pour faire quoi ? Les grecs vont retirer leur argent en euro et le garder dans des valises ou le mettre a l’étranger... et donc ça veut dire qu'ils continueront d'avoir des euros (enfin pour les riches!) ? On a déjà deux exemples de pays qui ont décroché une parité : l'Argentine et la Corée... sauf que ces pays ont "simplement" décidé à minuit de ne plus être rattachés au dollar, et n'ont pas eu à changer les billets...

Bref ce n'est jamais arrivé, on ne sait pas faire !

Donc on arrête de nous raconter que la Grèce va/peut sortir de l'euro, etc.... sans dire COMMENT !

Par ailleurs je lis sur le blog de Jean Quatremer "Si référendum il y a en Grèce, il portera sur l’appartenance ou non du pays à l’euro et donc à l’Union européenne, les deux étant liés". On prend les paris ? Son immense expérience du domaine communautaire ne l’empêche pas d'écrire une bêtise. Oui, bien sur en théorie il a raison, c'est dans le traité de Maastricht (l'adoption de l'euro est une finalité pour tous sauf le Royaume Uni et le Danemark qui ont une clause exemptoire). Mais c'est tellement obligatoire que la Suède viole cette clause du traité. De la même façon que la France qui ne respecte pas le traité sur les règles de déficit viole le traité...

Bref, les gouvernements sont coupables avec l'euro d'avoir mis la charrue avant les bœufs. Et au lieu d'acculer les Grecs aujourd'hui, il serait de bon ton de réfléchir en urgence à une gouvernance Européenne.

Certains avaient dit il y a 18 mois : la question n'est pas de savoir si la Grèce va faire défaut, mais quand (cf Lordon par exemple dès mai 2010). Et on faisait quoi il y a 18 mois lorsqu'il était encore temps de sauver le bébé avec l'eau du bain ? Rien ! Non non la Grèce ne fera jamais défaut, pas possible. Circulez y'a rien à voir. Hop tout va bien on leur donne un peu d'argent et on repart comme en 40 !

Et je ne parle même pas de l'arrogance de Merkel et Sarkozy qui convoquent une conférence de presse pour parler de la Grèce, en laissant le Premier Ministre Grec à la porte de la salle de conférence. VGE, interviewé sur France Info, dit: "Il semble que Papandréou avait prévenu certains dirigeants européens ou les dirigeants européens qu’il pensait faire un référendum. Il n’avait simplement pas indiqué la date à laquelle il annoncerait cette mesure. Donc, ça c’est un problème qui est tout à fait secondaire et qu’il ne faut pas placer dans le débat". Bref, la solution de Merozy, c'est d'humilier le peuple grec au lieu de le soutenir.

Oui il doivent faire des efforts, mais tout le monde est coupable dans l'histoire : les Grecs d'avoir trop dépensé, les banques d'avoir fermé les yeux, les autres pays d'avoir tergiversé pendant 18 mois.

Il y a d'ailleurs un très bon interview de Jean Pisani-Ferry sur Le Monde là dessus. Quelques extraits de questions/réponses qui vont dans le sens de ce que j'indiquais plus haut

La Grèce peut-elle sortir de l'euro ?

Rien ne prévoit cette possibilité. Mais tout est toujours possible. [...]

Quelles seraient les conséquences d'un rejet par les Grecs de l'euro ?

[...] Avant même une sortie, d'ailleurs, les ménages retireraient leur épargne des banques et celles-ci placeraient toutes leurs liquidités à l'étranger. Ces comportements de précaution ont d'ailleurs déjà commencé, ils vont s'accélérer dans les semaines qui viennent.

Quelles ont été les erreurs des Européens ?

D'abord d'avoir retardé l'allégement de la dette grecque. On aurait dû négocier une décote de cette dette début 2011, ne serait-ce que pour récompenser la Grèce des efforts budgétaires considérables qu'elle a consentis en 2010.

L'accord du 21 juillet 2011 prévoyait quand même une décote de 21 % de la dette grecque détenue par les banques...

Le lobby bancaire avait utilisé un taux d'actualisation (qui permet d'évaluer aujourd'hui la valeur future de la dette) très élevé qui intégrait le risque de défaut de la Grèce. Si l'on refait le calcul avec un taux plus réaliste, la décote est en fait inférieure à 10 %. [...]

Qu'aurait-on pu faire ?

Fin 2010, les fonds structurels de l'UE destinés à la Grèce pour la période 2011- 2013 mais pas encore engagés représentaient 7 points de PIB. On aurait pu les réallouer au soutien de la croissance et de la compétitivité. [...]

Pourquoi tant de temps ?

Les Européens ont mis trop de temps à admettre la nécessité d'une assistance, à reconnaître que fournir cette assistance à des taux d'intérêt punitifs aggravait le problème plutôt que de le résoudre, et à accepter que la Grèce était insolvable.

Je serais Grec devant un référendum, je ferais comme les Islandais: NON.

Je pourrais pleurer de tant de bêtise des dirigeants européens. Je choisis d'en rire. Quoique.


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