La BCE, l’italien et les 0,25 points

Publié le 04 novembre 2011 par Edelit @TransacEDHEC

Alors que l’inflation devrait dépasser cette année les 2% dans la zone euro, Mario Draghi, nouvellement promu à la tête de la BCE,  a décidé d’abaisser jeudi 3 novembre de 25 points de base son principal taux directeur. Cette décision, qui pourrait sembler légitime à un anglo-saxon, n’en est pas moins surprenante lorsque l’on sait que le principal, sinon l’unique, objectif de la BCE est précisément le maintien d’un taux d’inflation inférieur à 2% par an au sein de la zone euro. Simple anecdote ou changement de tendance profonde ?

Certes, Mario Draghi a fait prévaloir que cette décision était motivée par une vue à plus long terme des objectifs de la BCE. Selon ses prévisions, la zone euro devrait en effet connaître une récession qualifiée de « modérée » en 2012. C’est pourquoi le conseil des gouverneurs aurait-il jugé adéquat de relâcher le principal taux directeur de la banque centrale afin de soutenir l’activité, sans oublier pour autant son objectif de maîtrise de l’inflation.

Au-delà de ce bel argumentaire, il faut en réalité percevoir un assouplissement de la position allemande, historiquement excessivement hostile à toute forme d’inflation. Une telle décision, prise à l’unanimité, paraît en effet curieuse lorsque l’on se souvient de la récente et farouche opposition d’Axel Weber, alors président de la Bundesbank, au rachat de dettes publiques par la BCE, ce qui revenait à monétiser la dette souveraine de certains Etats.

Il semblerait donc que les difficultés actuelles aient eu raison du dogmatisme allemand en matière de lutte contre la hausse des prix. Les problèmes de liquidité rencontrées par certaines banques, conjuguées à la détérioration des comptes publiques de la majeure partie des Etats européens ont, in fine, amené à une remise en cause du rôle de la BCE. Mario Draghi est désormais le symbole de ce revirement de politique, la BCE se comportant actuellement de manière de plus en plus similaire à son homologue américaine, la FED. Difficile de ne pas voir là l’héritage de Jean Claude Trichet, qui a su, au cours des dernières années, se montrer plus pragmatique que certains n’auraient pu le penser.

Jean-Baptiste Duret