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Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne

Publié le 04 novembre 2011 par Jeantwix

bannière tintin

Passer de la ligne claire d’Hergé au photoréalisme des images de synthèse actuelles était un défi périlleux, loin d’être gagné d’avance, et il fallait bien un réalisateur du calibre de Steven Spielberg pour oser le relever…pour un résultat mitigé cependant.


A cette adaptation du Secret de la Licorne, il faut tout d’abord reconnaître un scénario particulièrement soigné, plein de surprises, admirablement construit et dans la parfaite lignée de la bande dessinée : Sur la base de l’histoire de l’album éponyme, où Tintin découvre dans une maquette de bateau un précieux parchemin qui le guidera sur la piste d’un fabuleux trésor, Spielberg va greffer la trame du Crabe aux Pinces d’Or, permettant au spectateur de quitter les alentours de Moulinsart pour le somptueux Maroc d’Omar Ben Salaad. Autre point déterminant, c’est au cours de cet épisode que Tintin rencontrera son futur acolyte alcoolique, le Capitaine Haddock.


L’esthétique est elle aussi soignée, et même si les visages ne sont pas aussi expressifs que pour un film live, il faut admettre que la performance capture a grâce à ce film connu un net progrès. Enfin l’action trépidante tout au long du film témoigne d’un grand savoir-faire de la part du créateur d’Indiana Jones.

photo-tintin.jpg

Une poursuite en side-car qui n'est pas sans rappeler les aventures d'un certain archéologue...


Malheureusement, le Tintin d’Hergé n’est pas un Indiana Jones belge. A travers les yeux de Spielberg, le jeune reporter devient un véritable héros de film d’action : il frappe fort, pense vite, tire peu mais vise juste et bien sûr ne blesse jamais personne, conservant cette inconditionnelle bonté héritée du personnage lisse et asexué idéalisé par un Hergé fasciné par le scoutisme.


Le traitement du personnage de Haddock lui aussi fera frémir les tintinophiles les plus acharnés : sans doute pour toucher un plus large public, le vieux marin bourru perd toute sa dimension tragique pour ne rien devenir qu’un pitre prétexte à des gags au gout parfois douteux…


Enfin, aussi plaisant et divertissant qu’il soit, ce film amène à mon sens à un terrible constat : il est impossible pour le public américain de s’attacher à des personnages d’origine non anglo-saxonne. En effet, le spectateur français attentif notera que les journaux dans lesquels Tintin, pourtant bruxellois, publie ses articles, sont intégralement en anglais, de même que les vitrines des rues où évoluent les personnages. Enfin, si la VF conserve le paiement en Francs, la version originale fait acheter à Tintin sa maquette avec des livres sterlings ! Ajoutez-y le fort accent anglais de l’intégralité des personnages de la version originale, et l’on finirait par croire que notre héros n’est plus belge, mais bel et bien anglais !


Hommage à la BD franco-belge, cadeau aux héritiers d’Hergé, le film permettra sans doute d’élargir encore outre Atlantique le public du reporter du Petit Vingtième… mais à quel prix ?


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