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Andy Vérol : vol au-dessus du vomito

Par Gerard

 

Vérol est un Houellebeck en moins mou, un Benchetrit mieux défoncé, un Hunter S.Thomson en noir. Passé le premier quart des "Derniers cow-boys français", pas au niveau de nervosité de la suite me semble-t-il, ce récit disjoncté mais tendu comme un arc met en scène le petit blanc qui a perdu les pédales de ses identités (nationale, communautaire, sexuelle) et le grand black initié, roi de la Téci et banlieusard céleste à la coule. Comme au cours de ces rites initiatiques (il s'agit de devenir le dernier cow-boy français, ne l'oublions pas), le narrateur dégueule beaucoup afin de se purger de son moi antérieur, pétri de culpabilités et de toutes ces rêveries pourries estampillées middle-class qu'on lui a mis en tête. Au prétexte de se faire un peu de monnaie pour agrémenter sa road-story un brin sans issue, il va retirer lui-même en cash sa part d'héritage : en remontant le fil de sa lignée (d'abord les parents, puis les grands-parents) il trucide allègrement ses géniteurs, puis les géniteurs de ses géniteurs, histoire d'effacer cette généalogie qui a fait de lui le paumé prototype de ce siècle numéro 21. Vérol comme pas un sait construire un récit tout en rupture, ellipses et flash hallucinés. Entre décoctions d'herbes magiques et torgnoles flicardes dans les sous-sols du commissariat surnommés Abou Ghraib, il chope son style raide comme un shoot terminal et ne le lâche plus. Du coup on lui pardonne tout, au Vérol, et on suit. Un récit plus crépitant que les néons électriques d'une tour infernale en train de s'effondrer. Et cette tour qui s'effondre au ralenti, c'est l'Occident tout entier, celui des certitudes, des balises, des racismes en tout genre.

Enjambez donc ces quelques flaques de dégueulis, mesdames messieurs, et que la visite commence. Et tenez-vous bien à la rampe. On peut pas dire que ça sente la rose. Mais vous ne regretterez pas le voyage.

Andy Vérol, Les Derniers cow-boys français (Ed.Pylône, 2008).
http://andy-verol.blogg.org


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