La mort d'un bébé est un deuil particulier

Publié le 28 février 2008 par Willy

L'enfant qui va naître, c'est la vie. Quand la mort survient, c'est intolérable. Le deuil peut être long. Des associations accompagnent désormais les parents. : Archives Ouest-France - David Adémas

Accompagner le deuil périnatal, c'est l'une des missions de l'association briochine Jalmalv qui organise une conférence sur ce sujet.

Maryse Dumoulin est médecin praticien en pathologie maternelle et foetale au CHR de Lille, maître de conférence à l'université de Lille. Elle a fondé l'association Nos Tout-Petits. Elle travaille autour du deuil périnatal depuis vingt-cinq ans, et animera une conférence grand public à Saint-Brieuc. Elle explique en quoi l'accompagnement des parents, lors du décès de leur bébé, est primordial.

Perdre un bébé qui n'a pas eu le temps de vivre, c'est une épreuve terrible. C'est aussi un deuil particulier. Quelle est sa singularité ?

Le deuil périnatal intervient entre la 26e semaine de gestation et les six jours qui suivent la naissance. C'est un deuil spécifique car il se passe à l'hôpital, loin de son entourage familial. C'est un deuil, relativement fréquent, qui touche généralement des parents jeunes, confrontés pour la première fois à un décès contre nature. C'était, jusqu'à ce que les discours changent, un deuil du presque rien. On laissait entendre à la maman que ce n'était pas si grave, qu'elle devait tourner la page puisque personne n'avait connu cet enfant. On avait tendance à escamoter les rites du deuil. Il y a vingt-cinq ans, les parents ignoraient ce que l'on faisait des corps.

Les mentalités et les discours ont évolué. Pourquoi est-ce essentiel de reconnaître ce décès ?

On s'est rendu compte que 60 % des mères confrontées à un tel événement développent des complications psycho-pathologiques. Et parfois très longtemps après le drame. Les femmes ont alors une très mauvaise image d'elles-mêmes, elles culpabilisent, elles s'enferment dans un état dépressif lié à l'absence. Des symptômes qui peuvent aussi toucher les pères. Quand ces parents sont accompagnés très tôt après le traumatisme, le pourcentage des complications chute à 5 %. Ceci dit, tous les parents n'ont pas besoin de soutien psychologique.

Vous dites que le deuil périnatal, c'est le contraire de l'oubli.

Oui, de toute façon, on ne pourra jamais oublier cet événement ni ce bébé qui a existé. Il faut parvenir à vivre avec. Sans tomber non plus dans le culte du disparu. Parler de cet enfant librement sans s'effondrer, c'est signe que l'on va mieux et que l'on peut resourire à la vie, envisager de tisser de nouveaux liens. Les forums internet et les groupes de paroles sont donc très utiles car les parents peuvent dire leurs douleurs sans crainte d'être jugés.

Propos recueillis

par Catherine LEMESLE.

Pratique. Conférence ouverte à tous, samedi 1er mars, à 15 h à l'auberge de jeunesse, rue de la Ville-Guyomard à Saint-Brieuc (quartier des Villages), proposée par l'association Jusqu'à la mort accompagner la vie (Jalmalv). Tél. 02 96 60 89 36. Entrée libre.


par Catherine LEMESLE - http://www.ouest-france.fr/ - http://www.guingamp.maville.com/