Écologiste jusqu'au bout des dents

Écrit par Vereeck    27-02-2008   D. R  

Le choix des matériaux qui restaurent nos dents engage non seulement notre santé en tant qu'individu mais également celle de la planète.
Aujourd'hui encore, la dentisterie emploie de nombreux métaux, dont le fameux plombage au mercure ou amalgame dentaire, ainsi qu'une grande variété d'alliages servant à la confection de couronnes, bridges ou autres prothèses, qui représentent des déchets toxiques pour l'environnement.
En interdisant définitivement l'emploi du mercure et de tout produit en contant au premier janvier 2008, la Norvègepar la voix de son ministre de l'environnement a rappelé à l'Europe et au monde que le mercure est non seulement un toxique pour la santé humaine mais également un redoutable polluant pour l'environnement. Composés pour moitié de mercure, les amalgames dentaires, dont on estime à plus de dix millions le nombre posé chaque jour dans les pays développés, représentent la seconde source de mercure au niveau mondial. On évalue à 100 tonnes la quantité de mercure répartie dans l'ensemble de la population française.

  Le mercure, poison pour l'environnement
Les cent tonnes de mercure stockées dans la bouche des français sont appelées tôt ou tard à contaminer la chaîne écologique. Pratique de plus en plus répandue, la crémation libère directement dans l'atmosphère des quantités importantes de vapeurs de mercure. En Suède, des mesures ont établi que les rejets mercuriels par crémation représentent 280 kg par an, soit le tiers des émissions pour le pays tout entier. La crémation vaporise également d'autres métaux toxiques, dont le nickel, composant majoritaire des alliages bon marché et reconnu par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) comme un cancérogène possible pour l'être humain. La France ne prend pas en compte le problème du rejet atmosphérique du mercure par incinération. Seuls les rejets mercuriels en provenance des cabinets dentaires font depuis le premier avril 2001 l'objet d'une réglementation. Les cabinets dentaires ont obligation de s'équiper d'un système de filtration dans le but d'éviter la contamination des nappes phréatiques. Le problème de l'inhumation qui implique une lente libération de mercure par corrosion, avec infiltration des sols, n'est pas davantage pris en compte.
Solutions alternatives
Aujourd'hui, la France s'inscrit à contre-courant de la volonté de la Communauté Européenne qui, dans le cadre d'une stratégie sur le mercure, envisageait fin 2007 la suppression de l'amalgame dentaire. Pour des raisons semble-t-il essentiellement économiques, la France entend s'opposer au bannissement du plombage au mercure souhaité par les pays du nord de l'Europe. L'exemple Norvégien a donc peu de chances d'être suivi, du moins dans l'immédiat. Il appartient donc à chaque éco-citoyen, à un niveau individuel, de prendre ses responsabilités. Aujourd'hui, les progrès technologiques ont permis de développer des solutions alternatives au métal. Pour une obturation de taille limitée, le composite ou résine représente une solution satisfaisante, à condition qu'il soit posé dans les règles et que l'hygiène soit bonne. Pour une obturation de taille étendue ou de volume important, on préférera recourir à la céramique (obturation réalisée par le prothésiste à partir d'une empreinte). Faire déposer ses plombages pour les faire remplacer par un matériau à la fois moins toxique et moins polluant est donc un acte écologique à part entière. Le patient en tirera également un bénéfice pour sa santé puisque les matériaux alternatifs ont également une biocompatibilité supérieure. Certes, les matériaux alternatifs sont plus coûteux.
Mais dépolluer sa bouche, c'est dépolluer la planète et l'enjeu mérite qu'on y investisse temps et argent.
Attention cependant, l'opération de dépose des plombages libère des quantités accrues de mercure et exige des précautions particulières.
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