Mettant en pratique le précepte qu’il a lui-même édicté au Salon de l’agriculture, Nicolas Sarkozy est parti prendre l’air, et du recul, au Tchad et en Afrique du Sud, laissant ses ministres assurer seuls le service après vente de sa dernière bravade ; à savoir sa volonté de violer ouvertement l’article 62 de la Constitution.
Rachida Dati, qui se faisait fort discrète ces derniers temps, se retrouve ainsi contrainte de remonter au front avec pour seules armes son sarkozisme et sa mauvaise foi. Et force est reconnaître qu’elle s’exécute avec un certain panache… bien aidée par une bonne dose de populisme et de démagogie. Ainsi, dans Le Monde, après avoir tout de même reconnu que "la décision du Conseil constitutionnel s'impose à tous", elle tempère d’entrée en précisant : "mais ma responsabilité en tant que garde des sceaux, c'est de protéger nos concitoyens. Il faut avoir les moyens de protéger les Français contre des criminels dangereux dont on sait qu'ils vont probablement repasser à l'acte. C'est aussi cela, le principe de précaution". Faut-il comprendre que tout en respectant la décision du Conseil elle entend passer outre ??? Oui sans aucun doute, puisque "nous parlons de remettre en liberté des psychopathes qui constituent une menace pour la société. Il faut que chacun prenne ses responsabilités". Et qu’on ne l’accuse pas d’en faire trop : "ce n'est pas jouer sur l'émotion que de protéger les Français des criminels les plus dangereux. La justice est le pilier de l'Etat de droit. Elle réprime et elle protège. Si on ne protège pas les victimes, les Français n'auront plus confiance dans leur justice". Bien sûr, comment ne pas y avoir pensé plus tôt ??? C’est pour restaurer la confiance des Français dans leur justice (sans nul doute mise à mal par la gauche laxiste) que la ministre de la Justice prône de battre en brèche l’un des principes fondamentaux du droit pénal : la non-rétroactivité de la loi.
Même si elle assure que "la peine de mort est abolie depuis longtemps et il n'est pas question d'y revenir. On ne résout pas la barbarie par la barbarie", on peut légitimement être inquiet quant à sa prise de position future quand les plus droitiers de sa majorité ne manqueront pas d’aller jusqu’au bout de son raisonnement en réclamant le retour de la guillotine. D’autant plus que Rachida Dati connaît les envies profondes (et vraiment bien cachées en ce moment) des Français : ils "soutiennent le président et le défendent des attaques personnelles qu'il subit. Ils considèrent qu'il est le plus à même de porter les changements profonds dont la France a besoin". Mieux, "les Français souhaitent les réformes et approuvent la politique du gouvernement de François Fillon. Tous les jours, ils me disent sur le terrain : réformez encore ! Allez plus vite ! C'est ce qu'ils attendent du président".
Sans doute devrait-elle briffer certains de ses camarades ministres qui contrairement à elle se permettent certaines libertés avec les projets de réformes présidentielles. C’est notamment le cas de Xavier Darcos qui annonce pudiquement l’abandon du parrainage des enfants morts de la Shoah par les élèves de CM2 : "le président a donné une direction, une idée. […] C'est à nous maintenant de transformer cette idée en démarche pédagogique, en projet qui soit réalisable dans les classes et qui soit accepté à la fois, évidemment, par toutes les personnalités qui s'occupent de la question de la mémoire, mais aussi tout simplement par la nation". Si c’est pas un enterrement de première classe ça y ressemble…