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Publié le 06 novembre 2011 par Zako

Source.MEDIAPART ( suite du Bombardement de BOUAKE en cote d'ivoire.

La France a pris des risques insensés

Autre fait troublant, les corps des neuf soldats tués n'ont pas été autopsiés, ce qui est contraire à la loi française, soutient Me Balan. L'avocat explique que, dès le 7 novembre, on était dans le cadre d'une procédure de « délit flagrant » de nature criminelle. Sur ce point, la loi française est claire : en cas de crime supposé, l'autopsie est obligatoire. Les victimes ont été jetées « comme des bêtes », dira une mère, dans des sacs mortuaires et inhumés dans des cercueils immédiatement plombés embarqués pour Paris sans que les honneurs militaires soient rendus devant les autorités locales. Les parents n'ont jamais pu voir le corps de leur fils. « Ils n'étaient pas présentables », a rétorqué Alliot-Marie. Lors d'une première réunion de la juge avec les familles en 2005, une des mères, demandant à consulter le dossier de son fils, a fait une découverte sidérante : elle a constaté que le corps photographié avant la mise en bière n'était pas celui de son enfant. La juge a ordonné des exhumations et a découvert ainsi que deux dépouilles avaient été inversées. Plus choquant encore, des mères ont alors constaté que les corps avaient été jetés dans des sacs plastique, tels qu'ils avaient été trouvés sur le terrain : couverts de sang, de poussière, vêtements déchirés, sans être lavés ni habillés. Le 6 novembre 2004, dans les rangs de l'armée française, la stupéfaction fait vite place à la colère. Selon le dossier d'instruction, l'état-major du général Poncet attend les ordres de Paris. Ils arrivent aussitôt. Jacques Chirac ordonne la destruction de « tous les aéronefs ivoiriens », des Sukhoï et des hélicoptères de combat MI-24. Lors de son audition devant le tribunal aux armées, le 20 février 2008, le général Henri Poncet affirme avoir informé de l'attaque de Bouaké le chef d'état-major des armées (CEMA), le général Henri Bentegeat, un quart d'heure après les faits. «Le général Bentegeat m'a alors demandé (...) si j'étais en mesure de détruire les avions dans le cadre d'une opération de rétorsion. Je lui ai répondu: “Oui, s'ils se posent à Yamoussoukro.”» «Que vous a répondu le général Bentegeat ?» a demandé la juge Michon. «Dans mon souvenir, il y a eu un petit temps de latence, le général Bentegeat étant sans doute en liaison directe avec l'Elysée, je pense avec le président en personne, puisque celui-ci est chef des armées et que le CEMA lui est directement subordonné. Ensuite le général Bentegeat a donné son feu vert pour la destruction des avions», s'est souvenu Poncet. Cette décision brutale aurait pu avoir de terribles conséquences sur les 3500 militaires français et la dizaine de milliers de ressortissants présents sur place. Elle témoigne d'un mépris certain pour la sécurité de tous ces expatriés dont la vie a été mise en danger. Le système d'alerte par îlots n'a pas pu être déclenché. Le général Poncet a en effet massé toutes ses troupes le long de la ligne de démarcation entre loyalistes et rebelles. Le Bataillon d'infanterie de marine (Bima) près de l'aéroport d'Abidjan est quasiment désert. Les marmitons et les infirmiers doivent monter au feu. A l'aéroport, seulement une dizaine de soldats gardent les deux Transall stationnés là. Ils ont placé un blindé en travers du portail d'entrée, reçu l'appui d'une vingtaine d'hommes et doivent repousser, vers 15 heures, un premier assaut ivoirien. Pour prendre le contrôle de l'aéroport, un objectif jugé crucial, le général Poncet prend tous les risques au mépris des règles élémentaires de sécurité. Alors qu'il ne dispose pas d'une piste suffisamment longue pour atterrir (elle est déjà en partie occupée par les « patriotes »), trois Transall font un « touch and go » sur le tarmac pour y déposer, sans couper les moteurs, des renforts français. Les combats sont extrêmement violents. On relève sept tués parmi les Ivoiriens et plusieurs blessés côté français. A 16h30 les deux derniers Sukhoï ivoiriens et deux hélicoptères MI-24 sont mis hors d'usage dans un hangar. A coups de hache car le stock de dizaines de tonnes de munitions entreposé près des avions pourrait faire sauter tout l'aéroport. Vers vingt heures, trois hélicoptères encore indemnes, qui stationnent dans l'enceinte de la résidence présidentielle de Yamoussoukro, sont bombardés.( suite)

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