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Le paradis fiscal de Nicolas Sarkozy

Publié le 07 novembre 2011 par Juan
Le paradis fiscal de Nicolas Sarkozy « Nous ne voulons plus de paradis fiscaux. Le message est très clair ».  Vendredi dernier, le discours de clôture du G20 sarkozyen a suscité peu de commentaires. Le monde avait la tête ailleurs, en Grèce, en Italie. Une courte séquence pourtant méritait l'attention, celle où Nicolas Sarkozy s'exprimait sur les paradis fiscaux.
Notre Monarque a promis « la publication à chacun de nos sommets de la liste des pays qui ne feront pas ce qu'il faut pour sortir d'un comportement inadmissible ». Fichtre ! Il était sacrément en colère.
Evidemment vantard, il ajoutait : « je voudrai vous demander de vous souvenir qu'à Londres, il y a trois ans, j'avais dû menacer de quitter la salle si une liste des juridictions non coopératives - car à l'époque on ne prononçait même pas le mot paradis fiscal ... » Quel menteur !
Ce serait donc grâce à Nicolas Sarkozy si l'expression même de paradis fiscal était enfin employé dans les communiqués officiels de ce genre de manifestation internationale. C'est faux. Lisez donc cette déclaration des chefs d'Etat d'un précédent G8, à Okinawa, en juillet 2000. Notre futur monarque était encore en pleine traversée du désert post-trahison balladurienne.
« Nous accueillons favorablement le rapport de l’OCDE sur les progrès réalisés dans l’identification et l’élimination des pratiques fiscales dommageables, qui comprend deux listes : d’une part, certaines juridictions qui remplissent les critères des paradis fiscaux, d’autre part, des régimes potentiellement dommageables parmi les pays membres de l’OCDE. Par ailleurs, nous nous félicitons des engagements publics déjà pris par certaines juridictions pour éliminer les pratiques fiscales dommageables et nous appelons toutes les juridictions à en faire autant.»
On se croirait en 2011. Onze ans plus tard, rien ou si peu n'a changé. Le communiqué final du G20 mentionnait aussi un généreux appel: « nous appelons toutes les juridictions à prendre les mesures nécessaires pour remédier aux défaillances constatées. Ceci concerne notamment les onze juridictions dont le cadre a été jugé insuffisant par le Forum mondial ».
Quel farceur, ce Sarkozy ! 
Il est co-prince d'Andorre. Connaissez-vous Andorre ? Et que penser de l'autre protectorat français, la micro-principauté de Monaco ? On en vient à se demander si nous attribuons la même définition à l'expression de paradis fiscal que les autorités françaises ? En fait, Nicolas Sarkozy veut améliorer la transparence, c'est-à-dire que l'expatriation fiscale soit moins opaque. Mais comprenons-nous bien. Notre Monarque n'entend pas batailler contre la concurrence fiscale, y compris au sein même de l'Europe. Prenez donc Andorre: on y paye ni impôt sur le revenu, ni TVA. Croyez-vous que cela dérange son co-prince Nicolas ? 
En octobre 2008, Barack Obama s'exclamait: « il y a un bâtiment dans les îles Caïmans qui abrite 18.000 entreprises. Soit c'est le plus grand bâtiment du monde, soit c'est le plus grand schéma d'évasion fiscale du monde ». Pourquoi ni les Etats-Unis ni la France n'ont-ils déclaré la guerre - la vraie, celle avec des soldats et des armes - aux îles Caïmans ?

Comme le rappelait un alter-mondialiste qui manifestait à Monaco début novembre, il existe une mesure bien simple pour faire pression contre ces vrais paradis : retirer les garanties publiques attribuées aux banques qui y ont des succursales.
Depuis les premières déclarations d'intentions du G20 au printemps 2009, quelque 700 accords de coopération fiscale ont été signés, belle performance !  On nous explique aussi que  14 milliards d'euros ont été rapatriés en deux ans ici ou là, et pas seulement qu'en France. Sur 500 milliards, estimation incroyable, l'effort reste faible. Pour sortir de l'infamante catégorie des paradis fiscaux, certains Etats paradisiaques ont signé des accords de transparence... entre eux. Cruelle ironie, c'est le Figaro qui nous rappelait l'affaire ce vendredi de clôture de G20: « Monaco a ainsi signé avec Andorre, l'Autriche, le Liechtenstein et, plus exotique, avec les Bahamas mais refuse toujours de le faire avec l'Italie. A regarder dans le détail, les 14 milliards ne viennent pas uniquement de l'échange d'informations mais aussi d'amnisties fiscales ou de politiques de régularisation. »
On appelle cela se foutre de la gueule du monde. 

Samedi, Nicolas Sarkozy recevait quelques ministres et le premier d'entre eux, pour caler les derniers arbitrages de sa nouvelle tranche de rigueur. Le matin même, en déplacement public en Savoie, Fillon avait promis que « le budget 2012 sera l'un des budgets les plus rigoureux depuis 1945 ».
En coulisses, on nous vend d'énormes « surprises », un relèvement de la TVA sur la restauration (sacrilège !). Sarkozy a même convoqué un conseil exceptionnel des ministres lundi.
Dette oblige, Nicolas Sarkozy n'aime plus les paradis fiscaux. Quand il était avocat d'affaires, notamment pour le laboratoires Servier, il excellait à conseiller comment placer quelque fortune en Suisse. Ce temps est révolu.
Il faut récupérer ces milliards perdus.


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