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Vente aux enchères – L’art de la céramique chinoise. Une collection parisienne

Par Thomas Ka

La Maison de ventes LAFON CASTANDET dispersera une collection de céramiques chinoises, consacrée aux monochromes et céladons des époques Song, Yuan et Qing.

Jeudi 24 novembre à 14h00
Drouot Montaigne – 15 avenue Montaigne – 75008 Paris – salle Vuillard

Capture d’écran 2011 11 07 à 10.47.40 Vente aux enchères   L’art de la céramique chinoise. Une collection parisienne    Céramique Design & Moderne

Très fin et rare vase octogonal de forme ping en grès gris sombre à couverte gris-vert bleutée dont les craquelures sont légèrement soulignées de brun sombre. Deux anses quadrangulaires en forme de tube. La couverte s’arrête à la base du pied qui présente une couleur brun-noir foncé. Guan, dynastie des Song du Sud. H. 14,5 cm. Par la couleur de la couverte, du corps et du pied, et par le réseau de craquelures, ce vase présente les caractéristiques des Guan. Si l’on s’appuie sur l’ouvrage de référence en la matière, le volume n° 33 des collections de la Cité interdite – The complete Collection of Treasures of the Palace Museum -, qui rassemble les pièces d’époque Song et Yuan, il apparaît que ce vase doit être mis en relation avec nombre de pièces conservées.

Les références citées ci-après renvoient aux numéros du catalogue: – Pour la couleur de la couverte, on peut le rapprocher de plusieurs lave-pinceaux Guan d’époque Song [n° 11, p. 16 ill.; n° 15, p. 20 ill.; n° 21, p. 26 ill.], d’un plat [n° 26, p. 31 ill.] et d’un bol [n° 32, p. 37 ill.] de la même période. Et surtout d’un vase octogonal orné de deux anses quadrangulaires en forme de tube d’époque des Song du Sud [n° 43, p. 49 ill.]. – Par la couleur brun foncé du col et du haut des deux anses, on peut le rapprocher de deux lave-pinceaux d’époque Song [n° 15, p. 20 ill; n° 20, p. 25 ill.] et surtout d’un bol [n° 32, p. 37 ill.] et du même vase octogonal déjà mentionné supra [n° 43, p. 49 ill.]. Cette couleur grisvert bleutée s’expliquerait, si l’on en croit Rose KERR [voir infra] par le mode de cuisson de ce genre de pièces. – Pour la couleur du pied, les exemples sont nombreux dans les collections de la Cité interdite qui montrent un pied brun foncé, légèrement oxydé, similaire à celui de notre vase. Parmi les exemples les plus significatifs, citons un brûle-encens [n° 48, p. 54 ill.], un bol [n° 70, p. 77 ill.] et un plat en forme de fleur épanouie [n° 77, p. 84 ill.] qui présentent un pied marron-brun avec des marques d’oxydation, comparable à celui de notre vase. – La forme des craquelures, qui présente un large réseau, parfois se concentrant, doit être mise en relation avec des pièces d’époque Song comme plusieurs lave-pinceaux en forme de pétale de fleur [n° 11, p. 16 ill.; surtout le n° 15, p. 20 ill.], le plat en forme de fleur épanouie déjà cité supra [n° 26, p. 31 ill.] et un bol Guan d’époque Song [n° 33, p. 38 ill.]. – La forme octogonale avec des anses tubulaires creuses de ce vase doit être mise en relation avec plusieurs vases de même forme, d’époque Song. De ces rapprochements, il apparaît que c’est avec le vase octogonal n° 43 [p. 49, ill.] que notre vase présente le plus de similitudes (voir reproduction). En revanche, avec les vases de type Guan et les Ge d’époque Ming et Qing, les différences apparaissent plus nettes. Si l’on consulte le volume n° 37 des collections conservées à la Cité interdite, concernant les époques Ming et Qing, les différences doivent être soulignées, aussi bien concernant la couleur de la couverte que la forme des craquelures. S’appuyant sur une analyse des n° 200 et 201 [vases à anses tubulaires de type Guan d'époque Ming], 218 et 219 [bols de type Ge d'époque Xuande] mais aussi sur une comparaison avec des pièces d’époque Yongsheng comme le n° 205 [vase à anses tubulaires de type Guan] et pour la couleur de la couverte et le réseau de craquelures avec le n° 228 [brûle-encens avec marques de pernettes métalliques de type Ge], on constate à quel point ces pièces diffèrent. Par son réseau de craquelures et sa forme octogonale, on peut rapprocher également notre vase de deux pièces publiées par Stacey PIERSON dans son ouvrage Ru, Guan, Jun, Guangdong and Yixing Wares in the Percival David Foundation of Chinese Art, London, University of London, section 1, 1999, n° 30 p. 29 [lave-pinceau Ge, couleur bleu-verdâtre, d'époque Song du Sud / Yuan] et n° 79 p. 45 [bol octogonal à couverte grise, avec les mêmes craquelures teintées noir d'époque Song du Sud / Yuan]. Les Guan constituent une des Cinq céramiques classiques de la Chine ancienne. Même si les différences entre les Guan et leurs successeurs, les Ge, font aujourd’hui l’objet d’un réexamen minutieux, la distinction entre les Guan et le Ge demeure et repose essentiellement sur les différences qu’on observe dans la formation des craquelures. L’essentiel de la littérature scientifique sur le sujet est en langue anglaise. Les meilleures études ont été conduites par Rose KERR, Nigel WOOD, Stacey PIERSON, Regina KRAHL et Li LIUBING. Pour chacun des quatre spécialistes, nous présentons la synthèse de leurs travaux. Bibliographie: – Un article de fond pour comprendre la technique de fabrication des Guan, JIAZHI Li, ZEQUN Deng, JIMING Xu, « Technical Studies and Replication of Guan Ware, an Ancient Chinese Ceramic », MRS Bulletin, January 2001, pp. 31-37. – Sur les différences entre les Guan et les Ge, qui restent encore l’objet de nombreuses questions, lire l’article du Chef du Département de Recherches du Palace Museum de Pékin, HUIBING Li, « A Re-definition of Ge Ware and Related Problems » in Chinese Ceramics, Selected articles from Orientations 1982-2003, Hong Kong. – PIERSON Stacey, Ru, Guan, Jun, Guangdong and Yixing Wares in the Percival David Foundation of Chinese Art, London, University of London, section 1, 1999. Dans cet article, Stacey Pierson affirme qu’après l’installation des Song à Huangzhou, ces derniers auraient fait construire un four officiel XIUNEISI dans l’enceinte de la cité impériale, d’où seraient sortis les premiers Guan, pour se substituer aux Ru des Song du Nord. Plus tard, un autre four fut ouvert à l’extérieur de la ville à JIAOTANXIA. Les Guan se caractérisent par une couverte bleu clair et de fines craquelures (voir Percival David Foundation nº A-46, et plusieurs à la Cité interdite). Peu à peu, les bleus, très beaux, cessèrent d’être fabriqués et furent remplacés par les verts et les « straw » (couleur paille ou crème), avec plusieures couches de couverte, avec craquelures, souvent teintées de gris foncé pour en rehausser l’effet. Les Ge mentionnés à partir des Yuan, décrits comme une « céramique craquelée de couverte couleur paille », sembleraient avoir été produits sous les Yuan, peut-être dans les mêmes fours que les Guan. Depuis quelque temps, on a tendance à distinguer les Ge des Guan comme disposant d’un double réseau de craquelures, l’un gris foncé pour les Guan et l’autre marron clair et jaune paille pour les Ge. A côté des Guan à corps gris-noir ou marron foncé, il existe aussi des corps « pale grey », qui peuvent tourner au marron-rouge quand ils sont exposés au feu (deux exemples dans les collections de la Percival David Foundation, n° 8, ill. p. 20 et n° 99, ill. p. 40). – KERR Rose, Song Dynasty ceramics, Victoria & Albert Museum Publications, London, 2004. Dans cet article, l’auteur écrit qu’après l’arrivée à Hangzhou, en 1138, les Song du Sud se sont fait livrer des céramiques Yue pour le Palais. Ne les trouvant pas à leur goût, ils ont fait construire en 1149, le four XIUNEISI et, peu après, un deuxième à JIAOTANXIA, près de la capitale. Aujourd’hui quelques spécialistes pensent que XIUNEISI ne serait qu’un nom bureaucratique et que ce four n’aurait, tout simplement, jamais existé. En revanche, un four produisant des Guan a été découvert et fouillé dans les collines proches de la Capitale impériale, que l’on connaît sous le nom de LAOHUDONG. Rose KERR nous dit que les corps des Guan vont du gris au noir et que les couvertes, en fonction du mode de cuisson, sont de couleur paille et crème-gris, si elles sont cuites en oxydation à des températures supérieures à 1300° C. Et de couleur vert ou bleu-gris, si elles sont cuites en réduction à moins de 1300º C. Les craquelures sont, en quelque sorte, un phénomène aléatoire, le résultat dépend des conditions de refroidissement du four. – WOOD Nigel, Chinese Glazes, London and Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1999, pp. 81 – 88. Dans ce texte, Nigel WOOD expose que les Guan sont des grès plutôt que de la vraie porcelaine, au corps fin, riche en oxyde de fer, et la couverte épaisse, densement craquelée du type « lime-glaze ». Il affirme, ainsi, que « [...] les premiers Guan, aux couleurs remarquablement proches des Ru, manquent de la subtilité de ceux-ci, dû peut-être au refroisissement trop rapide des fours du Sud [...] » , et d’ajouter « it is also likely that the more siliceous and flux-rich bodies, typical of the Hangzhou area of South China, encouraged glassier results from the glazes, compared with most reserved qualities that high-alumina, low- flux clays used in North China supplied to the original Ru ware ». A un stade d’évolution avancé, les Guan se firent à partir d’argiles riches en fer, donnant comme résultat un corps bien foncé; ce qui rehaussait la profondeur des couvertes craquelées et faisait apparaître ce qu’on appelle les « purple rims and iron-feet », en se réoxydant dans le refroidissement du four. Ce sont ces Guan qu’on estime les plus représentatifs de ces productions. En fait, il ne reste que peu d’exemplaires des premiers Guan au corps plus clair. Nigel WOOD pense que la couleur foncée du corps pourrait être le résultat d’un mélange d’argile locale, riche en fer, et d’une « impure porcelain stone », tous les deux matériaux ont été trouvés à JIAOTANXIA. Il souligne, d’autre part, que les corps des Guan cuits en oxydation sont nettement plus clairs que d’autres similaires cuits en réduction. Et, pour la couleur des couvertes, c’est l’ambiance du four en réduction qui donne les verts, le bleu de fer et les gris-bleu, alors qu’en oxydation on obtient les jaune-brun, le crème et les bruns clair.

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Céramique de la Chine – Epoque TANG (618-907) / TANG DYNASTY
Very rare bottle-shaped vase, white glaze Très rare et important vase bouteille de forme Xing en porcelaine à glaçure

 blanche transparente. (Égrenure sur la lèvre, restauration). H. 21,6 cm. Bibliographie: Le terme Xing s'applique à une catégorie de grès porcelaineux ou à la porcelaine blanche des Tang, et ne correspond pas à une forme précise. On l'utilise pour désigner aussi bien les bols que les vases. Ce genre de bouteille, qu'on appelle Amrita Kalasha, s'inspire des bronzes tibetains. - 2 exemplaires similaires sont conservés à l'Ashmolean Museum d'Oxford [EA1956.1105 et EA1956.1123] provenant des collections de Sir Herbert Ingram. - Pour une forme archaïque de ce vase bouteille, on peut se référer à un vase du Musée de San Francisco qui présente la même forme Xing mais avec un pied différent évasé. Cf. LI He, La céramique chinoise, op. cit., n° 133, p. 89 (ill.).

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