Magazine Journal intime

Positiver, une affaire de famille

Par Isabelledelyon

J'ai l'esprit déformé, je vois toujours le verre à moitié rempli, jamais à moitié plein. Lorsque j'ai appris que j'avais un cancer, je me répétais que j'avais de la chance parce qu'il touchait le sein, un des organes qu'on sait le mieux traiter. Lorsque j'ai appris que j'avais quatre métastases au foie, je me suis focalisée sur le fait que justement je n'en avais que quatre et que jusqu'à quatre, on pouvait opérer.

On ne se refait pas et je n'ai aucune envie de changer en ce qui concerne mon positivisme. Je suis née comme ça, c'est inné.

Lorsque je me suis étalée dans le métro à Paris, dans la peinture, je n'ai vu qu'une chose, je ne m'étais pas fait mal, j'ai évacué le fait que mon jean était foutu.
Je pourrais vous en citer sans fin des anecdotes comme ça puisque c'est à tous les instants que je vois le côté positif de la chose.
Une petite dernière. En juillet dernier, nous n'avions pas nos filles, nous n'étions que tous les deux. Vendredi soir, départ en week-end pour la montagne. Notre voiture est dans un parking sous-terrain. Nous avions mis nos bagages, les courses alimentaires pour les deux jours dans le coffre, le cochon d'inde dans sa cage sur la banquette arrière. Nous nous asseyons, mon mari met le contact. Rien. Absolument rien. On ne pouvait même plus fermer les portes avec la fermeture centralisée. La batterie semblait à plat. Il était 20H passé, trop tard pour la changer.
Aussitôt, je me suis réjouie de la chance qu'on avait. Nous n'avions pas les enfants, nous étions à Lyon et non pas dans notre petit hameau perdu dans les montagnes, la voiture était protégée des intempéries et des vols puisque ce parking est réservé aux abonnés, portes blindées pour y entrer et en sortir, caméras de surveillance partout. Ma mère était justement à Lyon, ce qui n'est pas si évident compte tenu qu'elle fait partie des seniors en vadrouille en permanence. Elle ou mon beau-père allait pouvoir aider mon mari à se procurer la précieuse batterie sans qu'il ait à se promener dans les transports en commun. Nous avons bien un second véhicule mais comme il ne sert quasiment à rien, il était à ce moment, au bureau de mon mari, dans une autre ville.
Mon mari avait commencé à maugréer, devant mes arguments lui exposant la chance qu'on avait que ça se passe ici et maintenant et non pas une semaine après lors de notre départ en vacances, la voiture pleine à craquer, les filles impatientes et nous avec...
Nous avons repris les aliments frais, le cochon d'inde, nous sommes ressortis et rentrés chez nous. Le lendemain midi, nous déjeunions à la montagne.

Ce matin, j'ai eu la preuve qu'au moins ma plus jeune fille E. positivait.

smile

Au réveil, l'aînée J. se lève en se tenant le ventre, elle est prise de nausées et de vertige. Elle n'est pas en état d'aller à l'école. Je vais réveiller E., elle me demande si sa soeur est déjà levée, je lui annonce qu'elle est malade et qu'elle n'ira pas à l'école. E. est furieuse, pleure, tempête. A cet âge, être malade est considéré comme une chance, une journée chômée en perspective et au chaud, en tête à tête avec Maman, c'est le nec plus ultra.
Je finis par arriver à la faire sortir du lit, à l'habiller. Elle arrive à la table du petit déjeuner avec sa tête des très mauvais jours. L'aînée se sent obligée d'en rajouter une couche et fait la quasi mourante.
Comme vous le voyez, je n'ai pas le temps de m'ennuyer, il y a de l'ambiance dès 7H du matin.
Je préviens E. que je viendrai la chercher ce midi. Habituellement, c'est sa grande soeur qui la ramène avec elle le midi. Mon mari, grand psychologue tente de lui proposer de déjeuner exceptionnellement à la cantine qu'elle déteste, histoire de faire mieux passer la couleuvre...
Je vois E. qui change de tête, grimpe sur mes genoux et me demande si elle peut inviter une copine à déjeuner chez nous. J'acquiesce. J'envoie un sms aussitôt à la maman de celle qu'elle a élue comme convive. Je reçois une réponse positive. E. chante, se hâte pour aller à l'école et est ravie par la journée qui s'annonce.

Voilà comment on transforme un évènement contrariant en une partie de plaisir. Ça m'a rappelé mes journées de perfusion que je rends agréable en déjeunant avec mes filles ou en allant au resto avec mes copines.

Je lui ai d'ailleurs dit combien j'étais fière d'elle, de son attitude. Qu'il fallait toujours tenter de trouver du positif dans ce qui nous arrive même dans le pire même si c'est loin d'être évident. C'est un état d'esprit qui se travaille, plus on pense positif, plus on le devient et c'est comme une sorte de réflexe inné.

La grande J. avait bien entendu, tout de suite, trouvé du positif aux évènements...

positiver


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