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Vous n'êtes pas les seuls, hé.

Publié le 09 novembre 2011 par Francisbf

 

Vous pensez que je vous délaisse ?

Ne dites pas le contraire, vous vous dites « pfiou, en ce moment, Francis, il nous délaisse. » Ce n'est pas complètement faux. J'en ai un peu honte, comme à chaque fois que je me dis que je vous délaisse, et que vous mériteriez un tenancier de blog plus méticuleux et probe. (Je dis ça parce que j'aimerais bien être probe, ça fait classe sur un CV.)

Mais rassurez-vous, vous n'êtes pas les seuls que je néglige comme mes vieux caleçons troués. Ca fait des lustres que je n'ai pas écrit à mes ex-camarades de classe, comme je m'étais promis de le faire avec la passion des siècles. Et à eux non plus, je n'ai plus envie d'écrire. Mais ce n'est pas pour la même raison. Je n'écris plus pour le blog parce que ma verve est molle, et que je n'ai pas envie de vous décevoir avec de la sous-note pourrite (désolé si c'est le cas ici). Et eux, mes amis, la couazi-chair de ma chair tellement qu'on a vécu ensemble de cours de science du sol et d'hormonologie de la truie, ben, ils n'écrivent plus non plus. Je crois qu'on n'a plus rien à se dire.

J'ai donc décidé de leur dire adieu, et de faire de vous, amis lecteurs, les témoins de ce renoncement. En plus, ça me faisait une note pour pas cher. Voici donc le mail que j'ai envoyé à mes amis les plus chers, en espérant qu'ils ne se perdent pas trop par ici (bon, doit y en avoir une qui passe de temps en temps, et encore, chuis pas sûr).

***

Mes amis. Mes chers, merveilleux, malheureux amis.

Regardons-nous.

Sur nos fronts encore purs, nos cheveux reculent, toujours plus loin, toujours plus haut sur nos crânes au sommet desquels, pour certains d'entre nous, une plaque rose commence à apparaître, chaque matin un peu plus large.

Nos seins, qui étaient si fermes, si exquis, de parfaits fruits défendus, que seules deux décennies de bonne éducation dans une culture de culpabilité judéo-chrétienne et de timidité maladive me prévenaient de leur faire pouet-pouet avec le doigt, nos seins magnifiques tombent, comme deux sacs de ciment, tombent et se flétrissent et se couvrent de vergetures.

Nos conversations emplies de passion sur des choses qui, je n'en doute pas même si je les ai oubliées, étaient passionnantes, et importantes, et belles, nos conversations ne portent plus que sur des commérages, des anecdotes amères sur le travail qui bouffe tout notre temps, ou, plus terrifiant encore, le petit dernier qui fait ses dents.

Aux coins de nos yeux se creusent, sous l'action inexorable des marteaux-piqueurs de la vie de bureau, de profondes pattes d'oies, sillons qu'empruntent nos larmes salées, qui coulent pour notre jeunesse perdue.

Aussi, mes amis, je crois qu'il vaut mieux que l'on ne se voie plus jamais-jamais. Afin que jamais ne périsse le souvenir de ce que nous étions, qui ne peut être que supérieur à ce que nous devenons.

Adieu, mes amis. Je vous ai tant aimés. Je chérirai toujours ce que vous avez été.

***

Et là, normalement, ils se jettent à mes genoux tout en pleurs pour me supplier de ne pas les abandonner. Je vous tiens au courant mais normalement, ça loupe pas.


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