Le RRA sur le point de mettre fin à la FOTA ?

L'association des équipes de Formule 1, la FOTA, semble se trouver à un tournant de son Histoire, et celui-ci pourrait bien mener à son éclatement. C'est en tout cas l'avis des patrons des écuries Ferrari, Stefano Domenicali, et Red Bull, Chrisitan Horner.

Il est vrai que le débat autour de l’accord de restriction des ressources, le RRA, ne fait pas l'unanimité parmi les onze écuries constituant la FOTA (Hispania n'étant pas membre de l'association), alors que celles-ci avaient pourtant initialement prévu de réduire leurs dépenses de manière spontanée. Mais il semble que certaines d'entre elles, à savoir Mercedes et Red Bull, n'aient à présent plus envie de se conformer à cet accord, qui ne relève en rien des autorités officielles de ce sport que représente la Fédération Internaionale de l'Automobile. Il faut dire que, déjà, son application est toujours restée difficile à mettre en œuvre puisque, faute de contrôles, le RRA repose en fait sur la bonne foi des équipes, ce qui a entrainé des suspicions tout dernièrement, notamment autour de Red Bull et Mercedes qui auraient dépensé plus que prévu par le RRA.

Les équipes se sont donc réunies ce dimanche matin à Yeongam à l'occasion du GP de Corée-du-Sud pour tenter de mettre un terme à leurs différends mais aucune solution ne s’en est dégagée. Elles se rencontreront donc à nouveau durant le prochain Grand Prix, à Abu Dhabi et il se dit que cette nouvelle réunion devrait être capitale pour l’avenir de la FOTA, qui traverse sans aucun doute la période la plus difficile de son Histoire, pour le plus grand plaisir du "vautour" Bernie Ecclestone, le gérant des droits commerciaux de la F1, qui estime qu'il règne toujours mieux quand il n'y a pas d'union entre les équipes.

Le directeur de Red Bull-Renault, Christian Horner, s'est ainsi exprimé sur le futur et même sur l'utilité de la FOTA, l'association des équipes de F1 créée en 2008. Selon lui, la FOTA se doit toujours de trouver un accord commun entre tous ses membres, sinon elle ne devrait pas avoir lieu d'être. "Je pense que la FOTA est à la croisée des chemins, elle a atteint un point où elle fait face à d'importantes questions clés, et dont les solutions sont soit de continuer ensemble à aller de l'avant, soit de tout arrêter - c'est aussi simple que cela." a déclaré Horner, qui tient aussiun rôle important à la FOTA puisqu'il est à la tête du groupe de travail chargé du Règlement Sportif. "Les principaux enjeux sont évidemment les Accords Concorde, la direction à prendre dans les discussions, et fondamentalement le RRA. Si nous ne pouvons pas trouver un accord au sein de la FOTA à ce sujet, alors quel est le but de la FOTA ? Ce sont les questions fondamentales que nous devons aborder."

Son homologue de Ferrari, Stefano Domenicali, a déclaré : "Nous estimons qu’il y a une certaine méfiance entre les équipes au sujet de l’application du RRA, ce qui n’est pas bon. Nous avons donc convenu de poursuivre nos discussions à Abu Dhabi pour faire en sorte de pouvoir trouver une solution définitive."

"Nous connaissons les raisons de la naissance de la FOTA et nous devons maintenant voir si elle est toujours nécessaire. Quels sont les objectifs à long terme de la FOTA, y a-t-il un futur pour cette association ? Nous devons en discuter d’une manière très constructive, très ouverte. Il est important de mener à bien cette discussion au cours des prochaines semaines. Soit il y a une solution à trouver sur le sujet du RRA à Abu Dhabi, ou alors... Nous verrons bien ce qu’il se passera." a-t-il ajouté.

Martin Whitmarsh, le patron de McLaren, a de son côté tenu à souligner le rôle important qu'a joué l’association au cours des dernières années et pense qu'elle peut en faire tout autant durant les années à venir. Présidant l’association depuis deux ans, Whitmarsh s’est donc montré plus optimiste quant à l’avenir de la FOTA. Il a toutefois reconnu que le futur de la FOTA n’était pas garanti et reposait dans les mains des onze équipes qui la composent.

"La FOTA devrait être fière de ce qu’elle a réalisé jusqu’à présent. Elle peut seulement accomplir ce que ses membres sont disposés à faire et je pense que nous avons encore du travail afin de jouer un rôle fort et de contribuer à notre sport, mais nous verrons bien ce que nous déciderons de faire."

"Je pense que nous avons quelques équipes vulnérables en Formule 1. Historiquement, les équipes de pointe ne se sont jamais préoccupées de trop des petites écuries. La Corée-du-Sud était le 700è Grand Prix pour McLaren, et 107 équipes ont cessé d’exister depuis notre présence en F1. Une des raisons pour lesquelles je consacre un peu de mon temps à la FOTA est justement que nous avons l’obligation d’essayer de minimiser cette tendance. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre des équipes à un rythme aussi élevé que celui des dernières années, nous avons l’obligation d’essayer de faire en sorte que ces équipes survivent. Il y a des teams qui admettraient volontiers qu’ils ne seraient plus là sans la FOTA. C’est une chose positive. La FOTA n’a jamais fait tout ce que j’aurais souhaité, mais notre voiture n’est jamais aussi rapide que je l’aimerais et je ne gagne pas autant d’argent que je le voudrais, c’est la vie. Mais je reste fier de ce qu’elle a atteint. Et nous pouvons faire plus si toutes les équipes le veulent et sont disposées à coopérer." a-t-il ajouté. "Nous sommes une association qui requiert habituellement l’unanimité pour aller de l’avant sur de nombreuses décisions stratégiques et nous sommes dans un sport plein d’égos, de personnalités, avec un niveau de compétitivité élevé et parfois de la paranoïa, mais ce que la FOTA a réalisé jusqu’à présent est fantastique. Nous avons diminué les coûts pour les équipes de pointe, nous avons mis un terme à certaines choses, nous avons également été à l’origine de trouvailles comme l’aileron arrière ajustable et les forums consacrés aux fans, mais on ne peut jamais en faire assez. La Formule 1 n’en fait pas suffisamment pour les fans, elle n’en fait pas suffisamment pour se promouvoir mais la FOTA y a contribué."

Whitmarsh a conclu en faisant justement allusion à Bernie Ecclestone notamment : "Il y a des personnes qui ne veulent pas de la FOTA, j’en suis sûr, mais ils n'ont pas de rôle dans l'association et seule la décision des équipes compte en définitive. Si les écuries viennent à décider que cette association n’est plus nécessaire, alors très bien, nous irons de l’avant et ferons quelque chose d’autre."