Magazine Autres sports

Penn State plongée dans l’horreur

Publié le 10 novembre 2011 par Sixverges
Penn State plongée dans l’horreurVous l’avez vu partout dans les nouvelles cette semaine, l’université Penn State est aux prises avec un scandale majeur dont les répercussions dépassent largement le football. Jerry Sandusky, coordonateur défensif des Nittany Lions durant plus de 20 ans a été arrêté sous des charges d’agressions sexuelles contre des jeunes garçons d’âge mineur. Tim Curley et Gary Schultz, des dirigeants de l’université ont quant à eux été accusés de parjure et de ne pas avoir alerté la police malgré leur connaissance de ces actes disgracieux.
Les détails glacent le sang. Sandusky se serait servi d’une fondation d’aide aux jeunes défavorisés qu’il a créé et de son statut d’entraîneur adjoint à Penn State pour recruter ses victimes. Attouchements, baisers, sexe oral ou anal, aucune atrocité n’a été épargnée aux jeunes victimes, sur une période s’étalant de 1994 à 2009. Quarante chefs d’accusation pèsent sur Sandusky. Huit victimes sont présentement confirmées, mais comme c’est souvent le cas dans ces histoires, d’autres pourraient s’ajouter dans les prochains jours.
Le prédateur sexuel, aujourd’hui âgé de 67 ans, bénéficiait d’une réputation sans faille dans la communauté auparavant. Sur le terrain, il fut l’un des assistants entraîneurs les plus admirés de l’histoire de la NCAA. Penn State est surnommée « Linebacker U » en raison du nombre effarent de secondeurs de qualité sortis de ses rangs en grande partie à cause du travail de Sandusky. Hors du terrain, il été tout autant vénéré. Sa fondation « the Second Mile » devait aider les jeunes venant de famille dysfonctionnelle à se replacer dans la vie. De nombreux prix lui furent remis, tant par les politiciens que par les groupes sociaux, pour son implication. Pourtant, des lumières rouges s’étaient allumés en cours de route. Celle impliquant Joe Paterno bien sûr, mais d’autres aussi, au moins aussi sérieuses.
D’anciens joueurs et membres de l’organisation « the Second Mile » parlaient de vagues rumeurs dont personne apparemment ne soupçonnait l’ampleur réelle. Cependant, une enquête fut ouverte sur Jerry Sandusky. C’était en 1998, alors qu’une jeune victime, âgée de 11 ans à l’époque, s’était plaint à sa mère que Sandusky avait pris sa douche avec lui. La mère a porté plainte, de l’écoute électronique fut effectuée et des enquêteurs ont alors interviewé l’entraîneur-adjoint. Ce dernier a reconnu avoir pris sa douche et avoir enlacé des jeunes dans cette circonstance. Le cas se rendit au bureau du procureur qui décida de ne pas porter d’accusations. Un an plus tard, Sandusky mit un terme à sa carrière d’adjoint, mais conserva ses privilèges à Penn State. L’automne suivant, un concierge aperçu l’accusé et une jeune victime dont on ignore toujours l’identité dans les douches de l’université. Le jeune était immobilisé contre le mur, violé par Sandusky. Le concierge rapporte l’événement à son supérieur qui lui conseille d’aller voir la police. Sauf qu’il n’en fera rien et l’histoire n’ira pas plus loin.
Joe Paterno
« Joseph Vincent Paterno : Educator, Coach, Humanitarian ». La statue hommage au légendaire coach qui garde l’entrée du Beaver Stadium à State College, Pennsylvanie permet de mesurer la hauteur du piédestal sur lequel reposait l’entraîneur-chef. La phrase à la droite de la statue : « They ask me what I’d like written about me when I’m gone. I hope they write I made Penn State a better place, not just that I was a good football coach » semble aujourd’hui tirée d’un mauvais film.
Sur les lignes de côté, ses exploits sont connus. Paterno a joint l’équipe d’entraîneurs de l’université Penn State en 1950. Il fut nommé entraîneur-chef en 1966. Le 29 octobre dernier, il a remporté sa 409e victoire, devenant l’entraîneur-chef le plus titré de l’histoire de la division 1 (les gros programmes) de la NCAA. Peu de gens auraient pu alors prédire que ce serait sa dernière. En effet, après avoir annoncé qu’il démissionnerait au terme de l’actuelle campagne, Paterno fut congédié mercredi soir par le conseil d’administration de l’université. Sa fiche totale aura donc été de 409 victoires, 136 revers et 3 verdicts nuls. Sous sa gouverne, les Nittany Lions ont remporté 2 titres nationaux.
Mais les statistiques n’expliquent qu’une infime partie de la légende du coach aujourd’hui âgé de 84 ans. C’est sa façon de gagner qui inspirait le respect. Win the right way, telle était sa devise. Il le faisait entre autres en respectant les règlements de la NCAA et en insistant sur le côté académique. Il voulait développer de bons citoyens autant que de bons joueurs de football et sous son règne, le taux de graduation des footballeurs de Penn State s’est toujours maintenu parmi l’élite de la NCAA. Dans un monde où les coachs sont payés des sommes astronomiques, son salaire excédait à peine le demi-million. Il vivait modestement à State College, simple d’approche et partie intégrante d’une vie de quartier normale, à milles lieues des « mansions » inaccessibles privilégiées par tant d’autres tsars de la NCAA. Bref, pour plusieurs, Joe Paterno incarnait ce qui était encore bon, encore vrai dans le football collégial. Vous comprendrez bien sûr que c’est là que la déception est brutale.
Que ce soit bien clair : au plan légal, Joe Paterno n’a absolument rien à se reprocher. Aucune accusation ne pèse ni ne pèsera sur lui. Frank Noonan, le représentant de la police qui a présenté l’affaire aux médias l’a bien précisé. Par contre, il a ajouté qu’il n’était pas certain que l’ex-coach, avait rempli ses obligations morales.
Ce qui est reproché à Paterno date de 2002. Mike McQueary, alors membre du coaching staff des Nittany Lions (et aujourd’hui entraîneur des receveurs de passes de l’institution) surprend Sandusky dans les douches en pleine relation anale avec un jeune garçon d’une dizaine d’années. Le lendemain, il se rend au domicile de coach Paterno pour lui rapporter la scabreuse affaire. Paterno avise sans tarder Tim Curley, son supérieur immédiat. Il ne fera rien d’autre. Curley et Gary Schultz rencontrent ensuite McQueary, mais l’affaire ne va pas plus loin. Les 2 dirigeants n’avertissent pas la police (une infraction à la loi) et ont de toute évidence camouflé l’affaire. Ce qu’on reproche à Paterno est de ne pas être allé plus loin dans cette affaire. Leader du programme de football, il était celui à qui les parents faisaient confiance lorsqu’ils lui confiaient leurs enfants, surtout en raison de sa réputation de droiture à toute épreuve. En se contentant de faire le minimum légal devant d’aussi graves accusations, il a failli à sa mission première : protéger et développer les jeunes hommes qu’on lui confie. La police ne fut informée des agissements de Sandusky que 7 ans plus tard, en 2009. Ironiquement, c’est une école secondaire, fréquentée par une victime, qui a porté la plainte qui a déclenché l’enquête. La petite école aura donc agit là où la grande université a échoué.
Paterno conserve de forts appuis dans la communauté étudiante de Penn State et chez ses joueurs qui disputeront une partie cruciale ce samedi, à State College, contre les Cornhuskers de Nebraska. A 7-1, les Nittany Lions sont au plus fort de la course dans le Big Ten, mais de telles histoires repoussent évidemment le sport très loin dans l’échelle des priorités.
Paterno méritait-il le traitement que lui a infligé le conseil d’administration de l’université? Je crois que oui. Le manque de jugement est trop gros, trop grave pour être ignoré. Les crimes reprochés sont les plus répugnants qui soient et son congédiement sert de message que même le tout puissant football collégial n’est pas au-dessus des lois. Ce que Paterno ne mérite pas cependant, c’est l’infernal défoulement médiatique à son endroit. A la lecture des journaux et des commentaires sur le scandale, il faut faire un gros effort pour se rappeler que le violeur accusé n’est pas Paterno, mais Jerry Sandusky. JoePa est le gros nom, celui qui amène les ratings et fait vendre des copies. C’est donc lui qui fut attaqué dans la presse. Sauf que ce n’est pas minimiser ses torts que de dire qu’il vient assez loin dans la liste des fautifs dans cette sordide affaire. Les accusés d’abord, le président de l’université ensuite, le procureur qui n’a pas porté d’accusations en 1999 et peut être même ces distingués « members of the board » bien soulagés d’avoir un bouc émissaire à offrir en pâture doivent aussi répondre de leurs actes. Paterno était la cible facile tant pour les journalistes que les administrateurs de l’université, mais pour que le ménage qui s’impose suite à cette triste affaire soit fait, d’autres têtes devront tomber.
-ARTICLE ÉCRIT PAR JR-

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sixverges 1945 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines