Magazine France

Députés exploités

Publié le 11 novembre 2011 par Malesherbes

Après l’annonce par François Fillon de mesures rigoureuses, que l’on ne saurait confondre avec un plan de rigueur, Lionel Luca a proposé de réduire la rémunération de nos députés. Certaines des victimes potentielles se sont alors bruyamment manifestées, sur l’air de « Mais nous travaillons beaucoup ! ». Peut-être. Et alors, sont-ils les seuls ?

En matière d’activité, il importe de bien distinguer entre travail subi et travail choisi. Lorsque l’on a la chance, comme ce fut mon cas, de pouvoir exercer un métier que l’on a choisi, celui-ci a l’intérêt d’apporter, en sus de sa rémunération, une satisfaction certaine, le sentiment de se réaliser personnellement. En outre, force est de considérer que, bien souvent, le travail subi va de pair avec des gains moindres qui, parfois, ne permettent pas même d’éviter la pauvreté.

Il convient aussi de considérer les conditions dans lesquelles on effectue ce travail. Certains salariés sont à leur poste alternativement le matin, l’après-midi ou la nuit, avec les perturbations inhérentes pour la vie de famille et d’éventuelles conséquences dommageables pour leur santé. D’autres sont exposés au bruit, aux intempéries, à des risques d’accident, à nombre d’autres difficultés. Ils peuvent aussi être soumis à des contraintes comme la nécessité de pointer, ou à des désagréments, telle l’impossibilité de donner ou recevoir des coups de téléphone, voire même à des vexations, telle l’obligation de solliciter une autorisation avant de se rendre aux toilettes.

Nos élus feraient bien de s’enquérir du sort de ceux qui, au moins autant qu’eux-mêmes, travaillent beaucoup. Comment se fait-il que des consultants, des ingénieurs, des voyageurs de commerce, sont capables, en sus de leur journée de travail, de conduire eux-mêmes leur véhicule, avec la fatigue et les risques que cela comporte, quand nos élus, mollement installées dans une berline, peuvent s’adonner à la lecture ? Sans parler des travailleurs qui par millions s’entassent dans des transports en commun aux horaires incertains.     

Dans la foulée du plan Barre de 1977, l’entreprise qui m’employait avait d’autorité modulé les augmentations générales en fonction du niveau de salaire de chacun, les faisant même disparaître complètement à partir d’un certain seuil. Plus tard, lorsqu’elle connut des difficultés, elle supprima à jamais un treizième mois versé depuis des décennies. Ce ne fut évidemment pas agréable, mais l’entreprise, et ses employés, survécurent. Dans la situation dramatique où se trouve notre pays, pourquoi donc nos élus qui jouissent, et d’une rémunération, et d’un travail, plutôt confortables, n’accepteraient-ils de se rapprocher un peu de la condition de l’immense majorité de ceux qu'ils représentent ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Malesherbes 59 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte