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François Baroin nous avait séduits par son premier court métrage qui s’intitulait « Le rabot robot ». Ce petit film d’animation, sans gros moyens, nous contait l’histoire d’un petit rabot complètement automatisé à distance et qui taillait des croupières dans un budget national génétiquement modifié.
Pour son second film le metteur en scène a laissé tomber les personnages virtuels et s’est lancé corps et âme dans la réalisation d’un film beaucoup plus abouti et qui met en scène de véritables personnages.
Baroin a fait appel à sa compagne, l’actrice Michèle Laroque, pour jouer le tout premier rôle. Puis il a, curieusement, sollicité des acteurs de la vie politique. Aussi voit-on pour la première fois sur écran les Martine Aubry, François Hollande, Nicolas Sarkozy et autre Fillon plus ou moins crédibles dans leur propre rôle. Mais le métier d’acteur ne s’improvise pas…
L’histoire se passe dans un pays imaginaire où le gouvernement en place accuse l’opposition d’avoir pris le pouvoir par effraction. Au cours d’une séance à l’assemblée le Ministre du Budget (joué par François Baroin jamais aussi bien servi que par lui-même) accuse les membres du Parti de Gauche d’avoir pris le pouvoir de façon malhonnête à la faveur d’une dissolution de la chambre des députés malencontreusement suggérée par un secrétaire du Président.
Ce secrétaire est, en fait, sous l’emprise de sa femme (Michèle Laroque, exceptionnelle) qui joue un double jeu. La mégère non apprivoisée est en effet de gauche mais simule une forte appartenance de droite. Dotée d’une arme de persuasion ineffable elle finira par convaincre son mari de proposer au Président de l’époque une dissolution de l’assemblée.
La perfide n’ignore pas que la chambre des députés basculera alors à gauche quand bien même les sondages (trafiqués par son entremise) indiquent une forte cote pour le Président en place et pour sa majorité.
Quinze ans ont passé. La droite a repris le pouvoir et règle ses comptes. Le Président (Nicolas Sarkozy un peu émoussé) incite son Ministre du Budget (François Baroin au jeu un peu surfait) et son Premier Ministre (François Fillon, insipide) à tirer sur tout ce qui bouge à gauche.
Entre deux voyages en Allemagne, où il rencontre la chancelière (Angela Merkel, en rousse pour les besoins du film) le Président trouve le moment pour pouponner son nouveau-né et fustiger les deux mentors de la gauche : François Hollande (poussif et peu convaincant) et Martine Aubry (revisitée par Christian Dior) sans pour autant grimper dans les sondages.
Baroin réalise là un long métrage prometteur. Pour autant, il demeure des imperfections dans le cadrage et le synopsis souffre parfois de longueurs (ah, les discours soporifiques de François Hollande !).
Les acteurs de fortune font de leur mieux sans toutefois convaincre totalement. La seule professionnelle du métier, Michèle Laroque, tient le film à elle toute seule ! Elle en fait parfois un peu trop (scène de beuverie où elle incite Martine Aubry à vider son cinquième verre dans un décor de bistrot de Wazemmes).
Pour son prochain film François Baroin serait inspiré de ne faire confiance qu’à des professionnels du métier quitte à tripler son budget.
Mais la crise le rattrapera-t-elle alors, peut-être ?