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Le collectionneur (EXCLUSIF)

Publié le 13 novembre 2011 par Fabien Major @fabienmajor

Le collectionneur (EXCLUSIF)«La Bourse. Mon grand mal. Je suis un collectionneur. Souhaite raconter mon histoire off-the-record. Je ne suis pas le seul. Ça peut en aider d’autres. Ça vous ferait un bon papier. Café? Rendez-vous à (lieu), j’y suis tous les matins, sur semaine, 9h30. Demandez (surnom) à votre arrivée».

C’est l’invitation qui m’attendait en octobre dans l’une des boîtes de réception dédiées à «mes» lecteurs. Après quelques jours de réflexion, je m’y suis rendu, muni d’un bon vieux stylo et d’une feuille blanche, pour y prendre des notes comme nous le faisions il y a quelques décennies de cela -  et dans l’optique de respecter la demande du mystérieux collectionneur.

Avant de m’y présenter, et après quelques jours de réflexion, j’ai néanmoins consulter Le Petit Larousse.

Collection: Réunion d’objets choisis pour leur beauté, leur rareté, leur caractère curieux, leur valeur documentaire ou leur prix.

***

Monsieur Lamy?

Oui…

Enchanté. Je suis «le collectionneur». Je vous ai reconnu.

Merci de m’avoir contacté…

Venez, venez, mon petit monsieur, je vais vous raconter mon histoire. Notre table est là-bas…

Et c’est sur cette phrase que mon interlocuteur, nerveux, a débuté le récit de ses débuts en Bourse, dans les années 1990, jusqu’à aujourd’hui.

«Mes problèmes ont commencé avec l’émergence des courtiers à escompte et l’essor des transactions à bas prix. La volatilité des marchés, aussi, n’aide pas, elle m’incite à être hyperactif. Je suis un investisseur de type buy and hold, je ne spécule pas et je suis convaincu des bienfaits de la diversification», explique à prime abord, l’homme, tournant autour du pot…

«Je me décris comme étant un chasseur d’aubaines. Mes problèmes ont pris de l’ampleur lors de la crise boursière de 2008-2009, lorsque les marchés ont planté d’aplomb. Des aubaines, en veux-tu, en voilà!! J’ai donc commencé à suivre la Bourse de façon compulsive, à vouloir épargner le moindre sou pour chaque ordre d’achat placé. Ne voulant pas manquer de belles opportunités d’investissement, j’ai acheté n’importe quel titre boursier qui m’apparaissait comme étant un bon deal. Au fil du temps, j’ai fini par manquer de liquidités. J’ai pigé dans la marge de crédit. J’ai refinancé la maison familiale, pour ainsi dégager des sommes supplémentaires à déployer dans le marché boursier. Mon portefeuille contient plus de 150 titres maintenant. Plusieurs d’entre eux s’avèrent d’excellents placements».

«Ma femme ne comprend pas. Bon, c’est sûr que j’aurais dû lui en parler. Elle est tombée sur mon relevé de placement, l’autre jour. Paraît qu’elle a fait le saut! Je pense à mon portefeuille jour, soir et nuit. Au travail. En faisant l’amour. Je capote. Je veux constamment ajouter un nouveau titre à mon portefeuille. Regarde, à l’heure qu’on se parle, Yellow Media se transige à 25 cents environ!  Manulife, une bouchée de pain, entre 12 et 13 piastres! Pis là, j’te parle pas des titres américains.  C’est pour ça que je me suis surnommé «le collectionneur». J’additionne les titres, pensant ainsi maximiser mon rendement potentiel, espérant un coup de circuit, regardant jalousement mes avoirs, monter et descendre, au gré de l’humeur des marchés».

L’homme, sincère, voit clair. «C’est un problème. J’en parle à mon médecin demain. J’ai toujours eu quelques compulsions du genre. Peut-être qu’un planificateur financier pourrait m’aider à mettre de l’ordre là-dedans, aussi?»

***

L’histoire peu banale de cet homme m’a fait réfléchir. Combien d’investisseurs autonomes investissent leurs avoirs à la Bourse, sans même comprendre les mécanismes qui régissent les lois de l’offre et la demande? Sans même lire un rapport annuel? Sans connaître les bases financières de comptabilité? Pire, sans même connaître le secteur dans lequel ils investissent?

Au-delà de la problématique d’une possible «compulsion», le fait de collectionner les titres boursiers et de rechercher une diversification optimale sont deux choses totalement différentes. Nul ne sait combien de titres boursiers doivent composer un portefeuille, fonction de la taille de celui-ci, de l’aversion au risque de l’investisseur et du temps qu’il souhaite consacrer à ses investissements.  Assurément, 150 titres, c’est trop, pour le commun des mortels.  Mieux vaut opter pour un fond commun ou un Fonds Négociés en Bourse si vous êtes tentés d’acheter tout ce qui s’offre dans le marché.

À force de trop s’éparpiller, on finit par s’y perdre. La Bourse peut se montrer sans pitié. Ce n’est pas un jeu, ni un casino. C’est une démarche à suivre sans émotion, pour laquelle la multiplication des transactions s’avère un vecteur important de perte de richesse pour l’investisseur autonome.

Difficile pour un collectionneur de se débarrasser de quelques pièces d’une précieuse collection.

DOMINIQUE LAMY

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