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Sarkozy, ce socialiste

Publié le 13 novembre 2011 par Copeau @Contrepoints

Nicolas Sarkozy est de droite, certes.  Mais depuis qu’il est au pouvoir, il a mené une politique socialiste. Il n’a pas peut-être pas créé l’État envahissant, mais il l’a perpétué, comme tout bon socialiste.

Par Edouard H.

Oh, ne faites pas cette tête ! Oui, je sais, en ces temps où on ne cesse de se servir du “turbo-ultra-néo-libéralisme” et des “marchés financiers dérégulés apatrides” comme supposés responsables de la crise actuelle, dire que Sarkozy, “l’ami des riches”, est un socialiste, ça va faire hérisser les poils de nombre d’entre vous. Mais non, j’insiste, Sarkozy depuis qu’il est au pouvoir a bien mené une politique socialiste. Il est de droite certes, mais c’est un socialiste de droite. Oui oui. Voilà pourquoi en quelques exemples.

Pardon ?
Le socialisme repose sur la vision d’un État fort, vu comme clairvoyant, capable de prendre en charge des secteurs que la société civile est supposée malhabile à gérer, susceptible d’intervenir dans l’économie pour lutter contre les supposés travers de l’économie de marché. L’intervention de l’État serait garante de la croissance et de l’emploi. Cette vision se fonde aussi sur le keynésianisme (de l’économiste Keynes) qui veut que l’État, par ses dépenses, par son dirigisme, puisse réguler l’économie et la soutenir quand elle va mal.

Or tout ceci n’est il pas exactement ce que Sarkozy a fait durant son mandat ? Par son plan de relance budgétaire suite à la crise de 2008, par les subventions généreusement versées à toute une variété d’entreprises, par moult régulations et rigidités imposées au secteur privé, Sarkozy a fait du socialisme son plan de bataille constant durant son mandat. Aujourd’hui on envisage même sans honte de nationaliser les banques, c’est dire le degré de socialisme qui a atteint la classe politique dirigeante.

Les sociétés du CAC40 sont les premières bénéficiaires de ces largesses étatiques.

En effet, elles profitent, pêle-mêle :

  • Des concessions d’État qui accordent des permis d’exploitation de ressources rares, ou prétendues telles, à un nombre limité d’entreprises (ex : oligopole des télécommunications, des sociétés minières, des concessions autoroutières ou ferroviaires) ;
  • Des privatisations de monopoles publics qui leur font hériter de fait d’une position dominante sur le marché ;
  • Des appels d’offre des marchés publics qui sont tout sauf objectifs et qui ne profitent qu’aux entreprises les plus influentes ;
  • Des sauvetages arbitraires par l’argent du contribuable quand elles sont en difficulté (secteur bancaire ou automobile par exemple) — outre la légitimité douteuse (pourquoi tous les contribuables devraient-ils payer pour les erreurs de certains ?), cela enlève alors tout sens de la responsabilité à ces entreprises (pourquoi faire des efforts si en fin de compte on sait que l’État va nous sauver ?) ;
  • etc.

La continuation de la politique de la PAC, la politique agricole commune, est à ce titre symbolique du socialisme ambiant dans lequel on vit : l’agriculture française est aujourd’hui un secteur massivement subventionné. Ces subventions sont financées par le reste de l’économie qui en plus de devoir payer cette charge, doit également financer l’administration tentaculaire qui l’accompagne. Et à chaque problème, les agriculteurs viennent pleurer auprès du gouvernement pour recevoir toujours plus d’argent gratuit, on l’a encore vu cet été. Non seulement Sarkozy ne fait rien contre cette situation ubuesque, mais il la défend corps et âme : “Je le dis clairement, je suis prêt à aller à une crise en Europe plutôt que d’accepter le démantèlement de la politique agricole commune”.

L’emprise directe de l’État sur l’économie est immense. Des pans entiers sont complètement verrouillés : ce sont des monopoles de l’État, jugeant que la société civile n’est pas capable de s’en occuper toute seule. L’éducation, la santé, et la retraite sont des monopoles publics, avec des résultats et une efficacité qu’on connaît. Outre ces monopoles d’État, les politiques clientélistes verrouillent des métiers : taxis, huissiers, pharmacies, etc. À quand un numerus clausus sur les boulangeries ?… Comment ? Ce serait absurde et cela entrainerait des pénuries ? Supprimons tous les numerus clausus alors, il n’y a pas de raison de faire des exceptions. Bref, certes Sarkozy n’a pas créé cet État envahissant, mais il l’a perpétué, comme tout bon socialiste.

L’État n’a plus de limites. Il s’immisce dans chacun des aspects de nos vies, jusque dans nos assiettes ! “Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop salé, trop  sucr锓5 fruits et légumes par jour”“Fumer tue”, interdiction des pubs pour l’alcool à la télé, etc. On se demande bien comment l’humanité a pu faire pour survivre jusqu’ici avec tous ces affreux dangers, sans la chaude protection de l’État nounou. Comme l’explique bien Matthieu Lainele citoyen infantilisé et déresponsabilisé se verra-t-il bientôt inscrit sur ses barres chocolatées “le sucre fait grossir” ou sur ses maternités “naître fait mourir” ?

Souvent, les personnes qui dénoncent le soi-disant libéralisme du gouvernement citent cette règle du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, qui était un des thèmes majeurs de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Mais dans les faits, qu’en est il ? En 2009, les effectifs cumulés des trois versants de la fonction publique (État, territoriale et hospitalière) ont augmenté de 0,1% sur un an (5.600 postes) selon le rapport sur l’état de la Fonction publique 2010-2011. Ce résultat s’explique notamment par le fait que la fonction publique territoriale (34% des effectifs) a continué à créer des emplois (+35.000) comme l’hospitalière (+15.000). La politique de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux de Sarkozy est donc un effet de fumée. Et de toute manière, elle n’est pas adaptée : il ne s’agit pas de détruire un emploi public sur deux de manière unilatérale et arbitraire, mais d’adapter les suppressions de postes en fonction de l’utilité réelle de chaque branche.

Si on regarde de manière plus globale les chiffres du nombre de fonctionnaires, c’est encore plus incroyable : selon un rapport de la Cour des Comptes, les effectifs de l’ensemble de la fonction publique française ont augmenté de 36 % entre 1980 et 2008, alors que l’emploi total en France progressait deux fois moins vite (18 %).

Rapport cour des comptes

Ce tableau, tiré d’un rapport de la DGAFP (Direction générale de l’administration et de la fonction publique), nous montre le poids de la fonction publique : 20,1% de l’emploi total, soit un emploi sur cinq. Et en ajoutant les autres catégories citées ci-dessus on atteint 26,2%, soit plus d’un emploi sur quatre !! Une travailleur sur 4 qui vit sur le dos de la collectivité, tout va bien. Surtout que l’administration française, c’est vraiment du high level, des prestations au top. (vous en avez un triste et malheureusement très représentatif exemple ici)

Quentin Tarantino

Évidemment, toutes ces largesses de l’État ont un coût… et pas des moindres. On a beau hurler quant aux baisses d’impôts accordées aux plus riches, le taux global de prélèvements obligatoires est toujours aussi haut.

Taux de prélèvements

(source INSEE). En 2007, l’actuel chef de l’État promettait de réduire les prélèvements obligatoires de quatre points durant son mandat. En réalité, si les prélèvements obligatoires ont (très) légèrement baissé, ils augmentent de nouveau en 2011 pour atteindre 44,5% du PIB. De manière générale, sous le mandat de Sarkozy, le taux est resté supérieur à 42%. Se rend-on bien compte de l’importance de ce chiffre ? Sarkozy lui même l’a dit lors de son intervention télé la semaine dernière : “les français travaillent du 1er janvier au 1er juillet pour l’État”. Et la tendance est à la hausse : le plan de Fillon pour gagner 11 milliards d’€ ne se base que sur des hausses d’impôts.

Les taxes se multiplient, on ne les compte plus : les taxes exorbitantes sur l’essence (entre 56 et 66% du prix final) et sur les cigarettes (+80% du prix final) existaient déjà avant Sarkozy, mais n’ont été que renforcées. À côté de ça on a fait preuve de beaucoup d’inventivité pour en créer de nouvelles : taxe sur les disques durstaxe sur les caravanes35€ pour introduire une action en justice, taxe sur les successions, taxe sur les sodas étendue aux boissons light, bientôt une nouvelle taxe sur les loyers, et bientôt une nouvelle autre immonde sur les mutuelles, etc., etc. Le Monde recense au moins 25 nouvelles taxes créées en 5 ans. Pour couronner le tout, au G20, Sarkozy aura tout fait pour que la taxe sur les transactions financières aboutisse. Ce turbo-neo-liberalisme est vraiment effrayant, c’est vrai…

contribuable etat

Et tous les méchants qui ont la drôle d’idée de trouver que payer tant d’impôts et de taxes, ça suffit, et qui osent s’évader de la prison France pourront bientôt être déchus de leur nationalité. Oui oui. Les criminels n’ont pas de souci à se faire pour ça, les évadés fiscaux, si.

Et puis comme les impôts ne suffisent évidemment pas pour toutes les joyeuses dépenses de l’État, on fait appel à la dette… Là aussi, les déficits sont constants, et la dette publique n’a jamais été aussi haute ! À fin juin, la dette publique représentait 1692,7 milliards d’euros, soit 86,2% de la richesse produite par la France en un an ! Le service de la dette est devenu le 1er poste de dépense de l’État. Sur chaque français pèse une dette de plus de 26.000€, nouveaux nés compris. On peut bien critiquer la Grèce, mais les prochains sur la liste, après l’Italie et l’Espagne, c’est bien nous.

Bref. Je pourrais continuer cet article sur des lignes et des lignes, mais la conclusion serait la même : Sarkozy est bel et bien un socialiste, comme tout le reste de la classe politique française actuelle. On a des socialistes qui s’assument à gauche et à l’extrême gauche, et des socialistes qui ne s’assument pas à droite et même à l’extrême droite (Marine veut renforcer l’État stratège, instaurer un protectionnisme national, tout un beau programme socialiste…).

Vous voulez une alternative à ce tout-État, à ce vol organisé par des impôts et taxes exorbitants, à cette économie administrée par les grosses mains maladroites de Bercy, à ces collectivismes de toutes sortes qui en plus de coûter horriblement cher ne produisent des services publics que de piètre qualité ? Il n’y en a pas.

À cet échec de la sociale démocratie qui s’effondre à petit feu, on ne vous proposera que le statu quo par des socialistes de droite, ou alors toujours plus de socialisme par des socialistes de gauche.

Comme le dit si bien H16 (dont je recommande vivement le blog, le seul que je lis tous les jours), ce pays est foutu.

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Article paru originellement sur Chroniques Passagères – Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.

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La France aveuglée par le socialisme.


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