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L'Afrique Centrale et de l'Ouest fait face au choléra

Publié le 07 novembre 2011 par Cmasson

Avec plus de 85 000 cas enregistrés cette année et près de 2500 décès selon l’OMS, l’Afrique Centrale et de l’Ouest se trouve confrontée à une épidémie de choléra majeure. Le bassin du lac Tchad, avec 4 pays frontaliers actuellement en épidémie (Tchad, Cameroun, le Nigéria, Niger), ainsi que, le Ghana, le Nigeria et la RDC sont touchés. Action contre la faim intervient dans plusieurs de ces pays pour enrayer l’épidémie en soutien aux Ministères de la Santé, dans des contextes différents.
Depuis les années 80, chaque année, au moins un des pays du bassin du lac Tchad notifie des cas de choléra. Si la maladie est endémique dans la région, sa propagation ces derniers mois – dans les pays du bassin mais aussi dans plusieurs autres pays africains – est exceptionnelle, conduisant l’Organisation Mondiale de la Santé à déclarer récemment que  l'Afrique de l'Ouest et du Centre fait actuellement face à « l'une des plus grandes épidémies de choléra de son histoire.»
C’est le cas notamment au Tchad qui, avec plus de  16 600 cas et 4401 décès recensés depuis le début de l’année, fait face à la plus importante épidémie en terme de nombre de cas notifiés que le pays ait jamais connu depuis son apparition sur le territoire tchadien dans les années 1970. La maladie, infection intestinale caractérisée par des diarrhées menant à la déshydratation, peut causer le décès rapide du malade en l’absence de traitement.


Parce que le choléra est foudroyant, mais aussi fortement contagieux, il est essentiel de détecter, soigner et contenir la maladie dès qu’elle se déclare. C’est pourquoi Action contre la Faim a établi au Tchad un système d’équipes mobiles, qui fonctionnent  en lien avec les  «Unités de traitement choléra (UTC) ». Ces UTC, dont l’objectif est de contribuer à la réduction de la diffusion de la maladie dans la communauté, sont mises en place par les autorités sanitaires nationales et soutenues par ACF, notamment pour la mise en place des quarantaines et l’approvisionnement  en eau. Quant une personne affectée est admise dans une de ces « UTC », les équipes mobiles d’ACF se déploient pour désinfecter les maisons des ménages affectés, distribuer des kits d’hygiène adaptés et sensibiliser les populations exposées. Cette stratégie d’intervention a prouvé son efficacité : au cours de l’épidémie de 2010, les taux d’attaques hebdomadaires par zone de responsabilité baissaient fortement environ 2 semaines après l’intervention conjointe d’ACF et des autorités sanitaires.

Ce volet de sensibilisation est d’autant plus essentiel que le choléra est hautement contagieux. Outre les activités centrées sur les ménages affectés, ACF met donc en place des actions de préventions communautaires : sensibilisation dans les lieux publics, diffusion de messages radio, chloration de points d’eau suspectés, surveillance des décès et funérailles communautaires, plaidoyer auprès des autorités pour des mesures strictes (fermetures temporaires de marchés, eau chlorée du réseau gratuite par exemple).

En RCA, une maladie non-endémique

En République centrafricaine, l’épidémie de choléra est actuellement en phase de stabilisation. L’action d’ACF, soutenue comme au Tchad par ECHO (Service d’Aide Humanitaire de la Commission Européenne), contribue à contenir la propagation de l’épidémie à la fois dans la zone de départ de l’épidémie (zones fluviales de l’Ombella M’Poko et de la Lobaye) et dans les centres urbains de Bimbo et Bangui, où la concentration de population présente un risque supplémentaire.
L’urgence de la situation tient à plusieurs facteurs, notamment le fait que la RCA n’étant pas une zone de choléra endémique, les populations ne connaissent pas la maladie. Par ailleurs, un des facteurs de risques importants est la « perméabilité » de la zone fluviale affectée : les habitants des villages bordant le fleuve se déplacent d’un village à l’autre en pirogue, s’approvisionnent aux marchés des villages et bourgs congolais leur faisant face et commercent avec Bangui, ce qui favorise la contamination inter-personnelle.
En RCA, comme au Tchad,  ACF a mis en place un ensemble de mesures de sensibilisation, traitement et prévention. A cet effet, ACF a affrété ce mois-ci un cargo de 7 tonnes en RCA, chargé de matériel hydraulique et d’assainissement. Au total, 42 765 personnes devraient bénéficier de la distribution de kits d’hygiène (comprenant notamment du savon et du matériel de chloration de l’eau) et d’actions de traitement de l’eau. Le dispositif mis en place par ACF doit permettre 3 interventions par jour, avec à chaque intervention, environ 50 personnes bénéficient directement de la désinfection et/ou de la promotion à l’hygiène.

Agir sur le plan régional


Parce que la prévention du choléra ne passera que par une compréhension des causes exactes de son apparition et de sa propagation, ACF mène aussi un programme de recherche opérationnelle, en partenariat notamment avec des laboratoires de référence au Tchad, et des partenaires scientifiques internationaux. De l’analyse biomoléculaire de souches à une étude anthropologique, ces travaux pluridisciplinaires visent à identifier les facteurs biologiques, environnementaux, mais aussi sociaux et culturels déterminants dans la progression de la maladie.
Enfin, l’identification du bassin du Tchad comme foyer majeur de l’épidémie oblige à une réflexion et un plan d’action régionaux. Les bassins hydrographiques étant transfrontaliers et les mouvements de populations intenses entre les 4 pays autour du lac, une surveillance épidémiologique et coordination régionale est indispensable. C’est pourquoi ACF soutient un programme de coordination transfrontalière autour du bassin du lac entre les autorités sanitaires du Tchad et du Nord Cameroun.
Parallèlement à ses actions en RCA et au Tchad, ACF intervient également en République Démocratique du Congo, très touchée par l’épidémie. Cette année, elle a également mené un programme choléra en Côte d’Ivoire. Elle reste également vigilante dans l’ensemble de la Corne de l’Afrique, où l’arrivée des pluies et les concentrations importantes de population en raison de déplacement de réfugiés augmentent les risques d’épidémie.


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