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There Will Be Blood, ceci n'est pas une critique

Publié le 29 février 2008 par Adadala
Une pancarte avertissait le spectateur imprudent à l'entrée du cinéma : "There Will be blood : Attention l'intensité de certaines scènes peuvent heurter les spectateurs sensibles." Moi qui pensait aller voir un film sur la conquête du pétrole, la naissance du capitalisme, j'ai soudain eu un doute. Et bien m'en a pris, car ce n'est pas un film auquel j'ai assisté, mais à une symphonie.
L'omniprésence de la musique, un début envoûtant, silencieux, aride, d'une beauté vertigineuse, des mouvements rapides alternés avec des mouvements lents, des sentiments forts, de la sueur, du sang, de la poussière, de l'humanité qui ne dit jamais son nom, du pétrole qui jaillit, qui ruisselle, qui dégouline, qui se répand en magma. Un film qui brûle comme le soleil de l'ouest.
Je suis ressortie la rage au coeur, tourmentée. Une heure après, je ne suis toujours pas apaisée. Le fait est que ce film est étrange, qu'il a l'aspect d'un grand classique, le goût d'un film épique, la puissance d'une légende, des accents de tragédie grecque et qu'au final c'est un peu tout ça à la fois, sans l'être tout à fait, tout en étant autre chose et quelque chose de plus aussi.
Si vous lisez les critiques des professionnels, vous lirez des mots dythirambiques, et cela est mérité. Mais le plus grand mérite de There Will Be Blood (ce titre me fait frémir) est de ne jamais céder à la falicité, de ne jamais utiliser les ficelles ou les ressorts de la terreur pour vous atteindre. C'est pour cela que le message de la pancarte était déplacé, et pourtant tellement vrai.
L'histoire, vous avez dû en entendre parler, en lire deux lignes ici ou là. Le pétrole, les prospecteurs s'enrichissant sur le dos des humbles, des crédules. L'évocation d'une religiosité hystérique, de l'évangélisme tel qu'il est pratiqué aux Etats-Unis. Là où je ne suis pas d'accord, c'est lorsque je lis que pétrole et religion représentent deux forces qui s'affrontent. Ni connivence, ni affrontement pour moi. Seulement deux hommes âpres au gain.
Le personnage de Daniel Day-Lewis, omniprésent lui aussi, est aussi noir que le pétrole. Impossible de s'attendrir sur lui et pourtant, il est bouleversant. Le sang est le fil conducteur du film. L'histoire interroge incessamment la relation père-fils qui lui donne toute sa puissance.
Un film muet au début, sourd à la fin, sans femme, avec une musique tonitruante qui martèle chaque scène mais que c'est bon quand c'est bien fait, un Daniel Day-Lewis qui donne une bonne leçon d'acteur à la planète des acteurs entière, des images ingrates et somptueuses, ironie et cruauté qui se donnent la main. Courrez voir ce film, vite, avant que l'envie ne vous passe. N'attendez pas de le voir en DVD, ne le téléchargez pas.
En recevant son Oscar, Daniel Day-Lewis a rendu hommage à son grand-père, à son père, et a salué ses trois fils. Je trouve que c'est une belle conclusion au film.Mes Petites Fables

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