Ce week-end, on a «fêté» des victimes, celles de la grande guerre, décimant des générations complètes de pauvres hères, mais aussi celles, plus contemporaines, désignées par le marché, accusées de ne pas se plier aux exigences que réclame la situation actuelle de crise… Parler de fête est un brin exagéré, j’en conviens, même si les rues italiennes déversaient une liesse peu commune. On peut se réjouir de l’écart du «Cavaliere» pour l’ensemble de son œuvre, mais faut-il pour autant se réjouir pour la suite ?
Les problèmes de l’Europe ne se résument pas à la dette, et surtout pas à sa monnaie qui contrairement à ce qui est clamé un peu partout, n’est pas en crise. Le problème de l’Europe vient surtout de son mode de gouvernance : dans un tel espace où la seule chose commune est la monnaie, les disparités économiques, fiscales, sociales, ne peuvent qu’engendrer des crises à répétition. Le fédéralisme, avec la mise en commun des règles, des faiblesses, mais aussi des atouts est la seule solution. On m’opposera bien sûr la perte de souveraineté des Etats en pareil cas. Mais Goldman Sachs, qui défait les gouvernements à son envie, et impose les mesures antisociales que réclame les marchés, ce n’est pas déjà une perte de souveraineté ?
Ni les politiques, et encore moins les financiers ne peuvent envisager une telle uniformisation parce que ce faisant, ils se priveraient, non seulement d’un pouvoir jusque-là absolu, mais aussi de tout un espace de production non contraignante, à bas coût, sans législation sociale ou de protection des ouvriers, celle qui permet une rentabilité record sans passer par la Chine ou le Maghreb… Cet alignement aurait aussi des vertus sur les flux migratoires, devenus inutiles puisque les conditions de vie sont régies par les mêmes réglementations… Mais nos puissants n’en veulent pas. Donc, on va continuer à subir, et les financiers à s’enrichir.
Il n’y a rien de bon à attendre des changements qui s’opèrent dans les arrières boutiques. Même si El Minimo se fait écrabouiller «démocratiquement» en mai 2012, la curée va continuer, sous la férule des marchés et le jugement implacable des cours de bourse. C’est eux qui décident, et en plein jour maintenant. La fête est finie, la boucle quasiment bouclée.
Mais pas tout à fait. C’est bien connu, dans la grisaille, les blogueurs savent dénicher les perles rares, et profiter des moments essentiels. En l’occurrence, à l’occasion de la venue d’EricCitoyen en famille dans la capitale des Gaules, un KDB décentralisé s’est organisé dans un bouchon lyonnais, et a permis de passer une soirée fort agréable avec Bembelly et Madame, Vallemain et sa maman Minijupe, le très classe JeandelaXR en cravate fort seyante, et l’inoxydable Romain, sorti à grand peine de son arrondissement à l’odeur alléché du St-Joseph. Tout ou presque, a été abordé, l’accent alsacien chantant d’Eric, Apple, les blogs, l’écologie, les nœuds de cravate, les blogueurs, leur plume, leurs lieux de perdition… Nos récits d’ancien combattant sur nos souvenir du 1er KDB, cet espèce de dépucelage bloguesque à la Comète, le passage obligé de tout blogueur (de gauche) qui se respecte, a même donné envie à Vallenain et Minijupe de tenter l’expérience. Nicolas, je te les recommande. Mais on me souffle à l’oreille qu’ils sont de droite… Pas grave, ils sont vraiment sympa, et, entre Rhône et Saône, on recommencera, avec Trublyonne, Sasa (qui vient d’y passer, au KDB…), Littelcelt, Lemotdugone, et plein d’autres.
Quant au Pinot gris, il est à l’état d’excellent souvenir…